CARNET
Taupo, une jolie bourgade sur les bords du gigantesque lac du même nom, m’accueille après un long trajet en bus. C’est le centre de l’île du Nord et c’est une région volcanique. Le lac est en en fat une gigantesque caldeira remplie d’eau. Le Parc National de Tongariro où j’ai prévu d’aller randonner les prochains jours se trouve à quelque kilomètres de la ville. Marie et Niel, les cycliste néo-zélandais que j’ai rencontré trois semaines plus tôt, m’accueillent avec bonheur. Ils possèdent une jolie maison peinte en bleu dans les quartiers excentrés de la ville. Ils ont gentillement accepté de garder mes affaires et mon vélo le temps de ma randonnée.
Je rejoins le parc en stop. Ce qui n’est pas une mince affaire. L’hiver est proche et la grande majorité des touristes sont partis. Pas grand monde sur les petites routes qui contournent le massif volcanique. Un couple de backpackers français, un kiwi et des chinois m’emmènent finalement au centre d’information où commence la randonnée. Le parc abrite une chaîne de volcans plus ou moins actifs, plusieurs randonnées et une station de ski. Je me lance sur le Northern Circuit, une balade de quatre jours faisant le tour des volcans Tongariro et Ruapehu. Elle fait partie des Great Walks du pays. Les plus belles longues randonnées néo-zélandaise. La première partie traverse la longue plaine désertique s’étendant autour des massif. Les coulées de lave ont été depuis longtemps recolonisées par la végétation. Il n’y a personne et j’apprécie les doux rayons de chaleur du soleil sur ma peau. Mangatepopo Hut apparait avec le coucher de soleil et j’installe ma tente non loin du refuge profitant des changement de couleurs sur les volcans à l’arrière-plan.
Le lendemain j’attaque très tôt pour essayer d’éviter le flux de touristes faisant le Tongariro Crossing. Le crossing est une randonnée à la journée traversant les plus belles parties du massif. C’est aussi la partie la plus fréquentée. Le Northern Circuit suit le même itinéraire lors du deuxième jour. Peine perdue, même de bonne heure, c’est la queue leu leu sur le sentier. Le temps s’est un peu couvert et le vent a forci emmenant avec lui des nappes de brouillard. J’attaque la montée de plusieurs cratères me battant contre les rafales. De l’autre coté, les superbes Emerald Lakes illuminent le paysage. Les eaux émeraudes et turquoises attirent tous les regards. Un cratère rouge me fascine également. Un étrange trou semble avoir percé le volcan. C’est un vieux tuyau d’alimentation de magma. Plus dur que les cendres et les scories qui l’entourent, l’érosion l’a laissé exposé du côté du cratère.
Je passe un long moment observant l’évolution des couleurs en fonction des nuages qui passent. De la fumée s’échappe en fin voile blanc de plusieurs endroits dans le sol. Une léger odeur de souffre flotte dans les airs. Le sentier quitte enfin le Tongariro Crossing et je laisse les touristes pour m’enfoncer dans la vallée Oturere. Des colonnes de basaltes sortent de terre. Par delà le massif s’étale le Rangipo désert. C’est la grande plaine désertique qui entoure le massif et que j’ai traversé en bus. Le sol y est trop pauvre et les vents trop forts pour la végétation n’y pousse. Le brouillard revient et je marche un peu à l’aveugle le long d’un plateau lunaire. Seules quelques pousses de tussock y poussent. Oturere Hut apparait et je passe une nuit froide agitée par les rafales de vent.
Le troisième jour traverse une alternance de vallées désertiques et petits oasis de forêts de petits hêtres. Les coulées de basalte se mélange au sol rendant la progression un peu longue. Il fait tout gris et je traverse la journée sans m’en rendre compte. Au refuge Waihohonu Hut, un groupe de scolaires a pris d’assaut l’espace pour bivouaquer. je passe voir Ohinepango Springs mais la source n’a rien d’exceptionnelle. Avec le brouhaha des enfants j’ai bien du mal à profiter de la soirée. Je repars tôt le matin pour profiter du calme. La dernière journée est tranquille entre soleil et pluie. Les sommets des volcans apparaissent par intermittence. Je suis la longue vallée Waihohonu et passe voir l’ancienne hutte Waihohonu, une jolie baraque toute de rouge vêtue. Construite en 1903, c’est la plus ancienne hutte construite dans le parc. En haut du col Tama, je déjeune dans le vent et passe rapidement voir le lac Tama et la cascade Taranaki. Je redescends dans la vallée de l’autre coté et rejoins Whakapapa village et le centre d’information. Malgré le temps un peu moyen, mon tour du parc national de Tongariro fut une très belle découverte. J’en repars satisfaite d’avoir tenté l’aventure.
De retour à Taupo, je récupère mes affaires et Marie et Niel m’offrent très gentiment de me conduire jusqu’à Rotorua ! Je passe une nuit dans un DOC campsite en bordure du lac Okareka, un petit lac volcanique situé dans les collines juste derrière Rotorua. Puis je rejoins la maison de Margaret et Neill, deux autres Kiwis que j’ai rencontré lors de mon parcours à vélo le long de la côte ouest de l’île du Sud plusieurs mois auparavant. (Apparement tous les néo-zélandais mâles que je rencontre ont le même prénom !). Neill me montre les environs et Rotorua que je connais déjà puisque j’ai déjà visité la ville lors de mon premier mois de voyage en Nouvelle-Zélande. Mais il semble prendre tellement de plaisir à me servir de guide que je l’accompagne avec joie.
Neill m’offre, lui aussi, de me conduire jusqu’à Bay of Plenty m’épargnant le voyage à vélo. J’ai prévu d’aller demander aux différentes packhouses de la région si elles cherchent encore du personnel saisonnier. La saison du kiwi packing (mettre les fruits en boîte) ayant commencé depuis un bon mois, j’ai quelques inquiétudes. Nous commençons par aller voir Trevelyan’s, une packhouse qui m’attire beaucoup puisque c’est là qu’ont travaillé Alejandro et Flor, les deux argentins que j’ai rencontré lors de mon wwoofing à Dunedin. Neill me dépose devant l’accueil et je me rends au bureau de recrutement. Je remplie une feuille avec mes détails et c’est tout bon ! Il reste des places, la saison ne commençant en fait que réellement maintenant ! Il me suffit de revenir lundi matin et ont m’attribuera un poste ! Je ressors tout sourire dire la bonne nouvelle à Neill. Il est vendredi, il faut que je trouve un hébergement. La packhouse possède un camping juste à coté des entrepôts et il reste des places disponibles au sein d’une maison partagée par les employés. Neill me dépose avec toutes mes affaires, et je m’installe donc pour mes dernières semaines en Nouvelle-Zélande.