Le chantier apparait dans un virage du petit village de L’Argentière La Bessée. Il est 7h45 et le soleil n’a pas encore réussi à passer au dessus des montagnes. C’est le Briançonnais en bordure de la chaine des Écrins. Mes deux coéquipiers issus de précédentes sessions du Gabion se mettent au travail. Nous sommes sur le chantier d’une maison individuelle en ossature bois et je vais passer deux semaines et demies à y travailler.
Paillemen (ou Alpes Maisons Paille) est une Scop de construction écologique dans les Hautes-Alpes comme Éco2Scop où j’ai effectué mon stage en Juin. Elle a une dizaine d’années d’expérience et trois personnes y travaillent actuellement. Le gérant et fondateur, Xavier et mes deux collègues. Le chantier vient de commencer et il va s’étaler tout l’hiver. Nous attaquons le montage des ossatures de l’ensemble des pans de murs et des cloisons. Celles-ci ont été conçues pour accueillir une isolation en bottes de paille par la suite. C’est la première fois que j’en fais à taille réelle et je suis surprise de la facilité de construction. Toutes les pièces ont été découpés la semaine dernière et il ne reste plus qu’à les assembler à l’aide de vis et en suivant les plans. Paillemen ne possède pas d’atelier. Ils font tout en chantier forain, c’est à dire qu’ils se déplacent sur le lieu du chantier et construisent tout sur place. Les ossatures se montent au sol (positionnement des pièces, vissage et équerrage) avant d’être redressées et stockées à l’aide d’une grue.
Le chantier est vraiment une belle expérience. Le lieu est agréable bien que le soleil en hiver se fasse un peu désirer, le cadre avec la montagne tout autour est un plaisir pour les yeux et la cliente et les voisins sont très sympathiques. J’apprécie énormément pouvoir travailler à l’air libre et discuter d’éco-construction, d’éco-lieux et d’habitats réversibles avec mes collègues. J’apprécie également le professionnalisme et la tenue du chantier. Le chantier est propre et rangé (contrairement à d’autres chantiers où je suis passée), l’outillage est de bonne qualité et bien entretenu, la présence de la grue un avantage non négligeable, le travail propre et sans bidouille et l’ambiance générale calme, détendue et respectueuse.
Paillemen comme beaucoup de Scop travaille quatre jours par semaine. Quatre gros jours. C’est vraiment un bon rythme et c’est tellement plus efficace je trouve. Le soir après le chantier nous rentrons tous ensemble dans le petit gîte du camping du village d’à coté. Le gîte a été loué pour toute la durée du chantier afin d’éviter les allés-retours longs et inutiles tous les soirs et matins. Le gîte est petit mais chaleureux. Nous préparons le repas et discutons de tout un tas de sujets, notamment de nos formations respectives au Gabion et de mon examen à venir.
La deuxième semaine nous attaquons le taillage des contrefiches du grand portique central soutenant la faitière ainsi que l’assemblage de la faitière. La pénurie de bois et l’augmentation des prix ont conduit à l’achat de bois en lamellé-collé et en lamibois plutôt qu’en bois brut. C’est moins écologique mais cela à au moins l’avantage d’être très résistant. Je taille plusieurs tenons à l’aide de la scie circulaire et de ciseaux à bois. Nous sommes en avance sur le planning et finissont la semaine par aller aider la cliente (assez âgée) à déménager sa cabane de jardin. Mes deux derniers jours nous attaquons le levage des ossatures, leurs positionnement sur la dalle bois ainsi que la pose des lisses de ceinturage et le solivage de la mezzanine. L’assemblage est très rapide grâce à la grue et le chantier change d’aspect en quelques heures.
Je quitte l’équipe avec regret, enchantée par mon séjour en leur compagnie. Conclure mon année de formation par une belle expérience comme celle-ci me fait vraiment du bien. Je récupère mes affaires au gîte et rentre sur Forcalquier. Les examens du Gabion m’attendent.