Axel vit au milieu des champs. Dans une petite bicoque toute de bois vêtue. Construite sur une remorque. Il vit dans une Tiny House.
Le mouvement des Tiny House ou micro maisons en français, est un concept de vie et d’architecture prônant le minimalisme et la sobriété volontaire. Le mouvement a émergé aux États Unis dans les années 2000 et n’a cessé de s’étendre jusqu’à véritablement exploser en France ces cinq dernières années.
Co-habiter la terre
Une Tiny House est un petite maison généralement d’environ 13m2 de superficie au sol construite sur une remorque avec une ossature bois et des matériaux écologiques. L’idée principale derrière le concept est de repenser intégralement notre façon vivre et d’habiter le monde en éliminant les besoins superflus et en ne gardant que le strict essentiel. Depuis la création du mouvement, les Tiny sont principalement des habitats auto-construits avec une très forte volonté de recherche d’autonomie énergétique et de moindre impact sur le sol. L’aspect écologique et la recherche de bien-être sont les moteurs de la conception de la micro maison et la construction sur remorque répond à plusieurs problématiques très actuelles : la volonté d’un habitat déplaçable, le faible coût de construction (comparé à l’investissement colossal demandé aujourd’hui pour l’immobilier conventionnel) et le très faible impact sur le sol lors de la construction (puisque la Tiny applique les mêmes principes qu’une maison sur pilotis, n’impactant de ce fait pas le sol en dessous ou très peu).
Aujourd’hui le mouvement ayant pris de l’ampleur, de plus en plus de petites entreprises se mettent à créer et vendre des Tiny House. Si l’expansion du concept permet aux idées véhiculées de toucher de plus en plus de monde, il faut faire attention aux effets pervers que cela pourrait entraîner. Une perte des idéaux de départ (minimalisme, écologie, autonomie, déplacement possible mais limité, etc) pourrait se produire. Ce qui est déja le cas avec Ikea qui développe depuis quelques mois maintenant des Tiny House. On est loin des principes de départ à la recherche de frugalité et de simplicité.
L’autre problème concerne la législation française. Les Tiny House ne rentrent aujourd’hui dans aucune case des lois sur l’habitation, l’immobilier et le foncier français et cela peut générer des frictions. Où vivre ? Sur quel terrain ? Avec ou sans taxes ? Les idées véhiculées par cette façon de vivre sont nouvelles dans les esprits du plus grand monde et en opposition complète avec l’habitat d’aujourd’hui et la construction conventionnelle. Le grossissement du nombre de Tiny sur le territoire français depuis à peine deux ans provoque des turbulences auprès des élus et les lois sont en train d’évoluer. Et pas forcément dans le bon sens. Cette nouvelle façon d’habiter la terre fait peur aux systèmes en place et la peur génère souvent un durcissement des mesures.
Dans le brouillard alsacien, la Tiny House d’Axel apparaît au milieu des champs.
Changer l'acte de construire
Habiter une Tiny House en suivant des convictions écologiques et sociales et non un effet de mode est clairement un acte politique. Un acte militant. C’est décider aujourd’hui d’agir sans attendre le changement d’un gouvernement qui ne viendra probablement jamais ou trop tard. C’est repenser notre rapport au monde, notre rapport à l’habitat, notre rapport au vivant. C’est comprendre qu’il est plus que nécessaire de ré-apprendre à co-habiter entre nous humains, les autres êtres vivants et la planète terre de façon respectueuse. L’industrie du bâtiment est l’un des secteurs les plus polluants du monde. Son impact sur le réchauffement climatique, la pollution, la fragmentation/destruction des habitats naturel, la surexploitation des ressources est affolant. Il est plus que nécessaire de faire quelque chose.
J’observe la Tiny House d’Axel qui rosit dans la lumière du soleil couchant. Cela fait deux ans qu’il vit là, dans les champs de la ferme en maraîchage bio où je suis volontaire en Alsace actuellement. Il me l’a fait visiter de l’intérieur. C’était très simple, d’un confort absolu et très beau. Et en accord total avec ses idées de décroissance et de transition douce. Il ne l’a pas construite lui-même mais l’a fait construire par un des principaux constructeurs français de Tiny House. La facture était élevée (trop élevée je pense, autour de 60000€) mais la construction est parfaite et les matériaux de très bonne qualité. À l’époque il était sur le point d’acheter un appartement. Mais le concept des Tiny l’a séduit, plus en accord avec ses idées de vie en pleine nature et de sobriété. Axel n’a pas de voiture, il n’utilise que le vélo et les transports en communs pour se déplacer. Il n’a pas internet dans sa Tiny ni sur son téléphone et son frigo ne fonctionne pas. Petit à petit il essaye de repenser sa façon de vivre et de changer ses habitudes.
L’idée de vivre en Tiny House est en train de grandir dans mon esprit. Moi qui suis quasiment nomade depuis cinq ans et en transition écologique forte, je me sens appelée par ces habitats légers. Que ce soit en Tiny, en yourtes, en kerterre ou en cabane, tous répondent aux problématiques actuelles urgentes et proposent une façon beaucoup plus respectueuse de co-habiter le monde.
En regardant la Tiny d’Axel, je sens la décision que j’ai prise il y a quelques jours se fortifier dans mon esprit. J’ai décidé de m’engager professionnellement dans le domaine de l’éco-construction. Construire et rénover l’habitat de façon écologique et respectueuse. Participer à la métamorphose de l’acte de construire. Militer pour changer notre façon d’habiter. Être le changement que je veux voir dans le monde. L’habitat en matériaux naturel, l’habitat durable, l’habitat léger, l’habitat re-pensé doit être notre avenir.
Je vais me battre pour.
Différentes vues de la Tiny en fin de journée.
Note :
Afin de respecter le droit à la vie privée et à l’anonymat sur le net, les noms des personnes ont été modifiés.