Entre traditions et modernité. Voyage au Japon de Novembre 2015 à Avril 2016.

Dans les méandres de la mégapole

Deuxième semaine à Tokyo où je continue de découvrir la capitale et fait quelques rencontres.
18 novembre 2015
Marunouchi à Tokyo, Honshu, Japon © Claire Blumenfeld
CARNET

Après une semaine à l’hôtel, j’emménage au sein d’une famille japonaise habitant dans le quartier Arakawa et je continue mes balades dans Tokyo m’habituant à la culture et au mode de vie japonais.

Marunouchi

Le quartier de Marunouchi situé dans l’arrondissement de Chiyoda abrite le Palais Impérial et ses jardins, la gare de Tokyo et fait office de centre financier et administratif du Japon. On y trouve les sièges des plus grosses banques et entreprises japonaises. Marunouchi signifie “à l’intérieur du cercle”, faisant référence à la zone du Palais Impérial formant un cercle et entourée de douves.

Le Palais Impérial ou Kôkyo (“Résidence de l’Empereur”) est situé à l’emplacement de l’ancien château d’Edo, alors résidence des shoguns Tokugawa qui fut détruite en 1873 lors d’un incendie. Il ne reste aujourd’hui que la demeure de l’empereur (inaccessible au public), quelques fortifications et les portes et douves qui entourent l’enceinte. J’ai longé l’enceinte du Palais Impérial, à pied et de nuit et il faut bien deux heures pour en faire le tour. Les jardins Est du Palais Impérial sont très beaux. On peux y voir les fortifications de près. Les blocs de pierre utilisés pour construire l’enceinte sont d’une taille gigantesque ! J’ai également aperçu de loin, la demeure de l’empereur actuel. L’ensemble ressemble à un gigantesque îlot de tranquillité et de verdure au milieu des immeubles immenses du quartier administratif. J’ai particulièrement apprécié l’atmosphère qui se dégage du lieu, surtout à la nuit tombante. Je me sentais apaisée.

Déambuler dans le quartier des affaires de Marunouchi, c’est passer la moitié de son temps la tête en l’air. Les buildings sont gigantesques ! Mais je ne trouve pas que cela soit oppressant. Il y a de nombreux magasins et je suis allée faire un tour au Forum International de Tokyo, immense complexe culturel. Au milieu de tout ça, se trouve la gare de Tokyo, bâtiment de brique rouge de style renaissance construit en 1914. L’architecture est très belle mais l’espace devant la gare était occupé par des travaux alors les photos sont passées à l’as. 

Akihabara

Akihabara est le temple des boutiques d’électroniques, d’animation et des mangas. Les habitués l’appellent Akiba ou Akihabara Electric Town (“Akihabara denki-gai”). L’origine de ce quartier remonte à 1870 lorsque suite à un terrible incendie qui ravagea une partie de Tokyo, les autorités décidèrent de défricher une zone au nord-est du Palais Impérial pour le protéger. Sur la zone poussa alors de nombreux arbres qui en perdant leurs feuilles donnèrent son nom au quartier : Akiba-no-hara (que l’on peut aussi lire Akihabara) : “champ de feuilles d’automne”. Suite à la seconde guerre mondiale, le quartier se transforma en gigantesque marché électronique rempli de petites échoppes. Aujourd’hui on y trouve de plus en plus de magasins dédiés à l’animation, aux mangas, aux figurines… transformant le quartier en temple de la culture geek. En tant que fan d’animés (séries d’animation japonaises) et de mangas, c’est le paradis ici ! Je me suis aventurée dans plusieurs magasins, le yeux écarquillés, pour en ressortir sans tarder, sous peine de dévaliser les rayons. Étant à peine au début de mon voyage, les achats devront attendre ! L’animation dans les rues et les gigantesques enseignes lumineuses correspondent bien à l’idée que l’on se fait de Akihabara mais je n’ai pas trouvé que l’endroit était surpeuplé. Juste animé.

Akihabara possède aussi un très joli sanctuaire : Le Kanda Myojin. Sanctuaire shinto construit en 730, il est censé favoriser les bonnes affaires, le mariage, l’entente familiale, la protection contre le mauvais sort et la chance dans les compétitions. Je l’ai visité le soir de nuit, le lieu avait vraiment quelque chose d’apaisant et de mystique. Beaucoup de Japonais venaient effectuer des prières d’ailleurs. Comme il y avait un peu de vent, les clochettes à vent ou “Furin” que l’on trouve un peu partout au Japon faisaient entendre leur joli carillonnement.

Minato et Shiodome

Visite éclair de l’arrondissement de Minato. On y trouve quarante-neuf ambassades dont celle qui m’intéresse l’ambassade de France. Je m’y rends pour des questions d’ordre pratique. En arrivant devant l’ambassade j’aperçois des gerbes de fleurs, témoignages de soutien aux victimes des attaques terroristes ayant eu lieu à Paris vendredi dernier. Cela me fait une drôle d’impression. J’ai du mal à me dire que les attaques ont réellement eut lieu et que la France est en état d’alerte maximale. Je me sens un peu coupable de me dire que j’ai mieux fait d’être au Japon qu’en France actuellement. En revenant de l’ambassade, je passe devant le temple Tengenji, un joli petit temple bouddhiste et je fais un tour au parc mémorial d’Arisugawanomiya. Il fait particulièrement chaud aujourd’hui. C’est probablement le jour le plus chaud depuis que je suis arrivée à Tokyo. L’ascension du parc construit sur une colline me fatigue presque.

Je mets ensuite le cap sur le quartier Shiodome situé au bord de la baie de Tokyo. Tout de buildings vêtu, Shiodome dont le nom signifie “qui retient la marée”, est un quartier particulièrement moderne mais abritant une oasis de verdure : le Jardin Hama-Rikyu. Jardin japonais (dont la composition suit les trois grands principes : reproduction de la nature en miniature, symbolisme et capture de paysages), existant depuis le 17ème siècle, il faisait à ses débuts partie d’une villa de la famille du shogunat Tokugawa. Il se découpe en deux grandes parties : au Sud, la partie datant de l’époque d’Edo où se trouve une lagune se remplissant d’eau de mer à marée haute et au Nord, un jardin aménagé plus récent datant de l’époque Meiji (1868-1912). Le jardin contient notamment de nombreuses maisons de thé dont la Nakajima-no-ochaya “maison de thé de l’île centrale”, toujours en activité. Construite en 1707 avec vue sur la mer, c’était à l’époque un véritable lieu de villégiature pour la noblesse d’Edo. Elle fut détruite en 1724 puis 1944 et intégralement restaurée en 1983.

Le jardin est superbe. Et encore on est en automne. Il doit être magnifique au printemps, puisqu’il abrite un grand nombre de fleurs. C’est le lieu que j’ai le plus apprécié jusqu’à maintenant. En déambulant parmi les pins et les grands feuillus qui couvrent le parc sous un ciel d’orage et accompagnée de cris de corbeaux, j’avais vraiment l’impression de me retrouver à l’époque des samurais et des daimyôs. De retrouver dans la réalité cette vision tant imaginée d’un Japon d’autrefois.

La visite de la Nakajima-no-ochaya fut un véritable petit moment de bonheur. Ça y est ! Je suis enfin rentrée dans une véritable maison traditionelle japonaise : déchaussement à l’entrée, structure en bois, tatamis au sol, cloisons en papier translucide. Grosse bouffée d’émotion ! J’ai également croisé pas mal d’animaux. Une superbe Manthe religieuse (c’est la deuxième que je vois) d’au moins dix centimètres, un joli petit héron gris et un chat tout tacheté perché fièrement sur une branche de pin. Sur le coté Est du jardin, on peut voir la baie de Tokyo. L’air marin, le signal sonore des péniches touristiques rentrant ou quittant la baie, le croassement des corbeaux, l’atmosphère était vraiment unique.

Harajuku

Deuxième rencontre avec Michiko. De nouveau dans le quartier Harajuku pour aller voir le sanctuaire Meiji-jingû. Il est dédié aux âmes de l’Empereur Meiji (décédé en 1912) et de sa femme l’Impératrice Shôken (décédé en 1914). Le sanctuaire a été ouvert au public en 1920 et se trouve au milieu du jardin composé de 100000 arbres venant de tout le Japon. Le lieu est magnifique. Les arbres sont vraiment très grands et majestueux. Sur le chemin menant au sanctuaire, nous passons sous plusieurs Torii (portail traditionnel japonais) très imposants. Nous voyons beaucoup de petites japonaises vêtus de magnifiques kimonos. Elles célèbrent la fête Shichi-go-san (“sept-cinq-trois”), rite de passage pour les enfants de trois, cinq et sept ans. La fête se célèbre durant le mois de Novembre. Le Meiji-jingû est magnifique. Dans un style très simple, contrastant avec le temple Sensô-ji du quartier Asakusa. Au milieu des arbres gigantesques, le lieu a quelque chose d’unique. De tous les temples et sanctuaires que j’ai vu jusqu’à maintenant c’est celui que je préfère. Nous allons ensuite faire un tour dans le jardin aménagé à coté. Il contient un petit lac où se prélassent un nombre impressionnant de Carpes Koï. Toute une partie du jardin est dédié à une plantation d’Iris. Mais comme c’est l’hiver, nous ne voyons que les tiges. Le lieu doit être magnifique quand les fleurs ont éclos. L’ensemble reste quand même très joli, surtout que les feuilles des arbres commencent à tourner à l’orange, rouge.

Shinjuku

Nous nous dirigeons ensuite vers le quartier de Shinjuku. C’est un quartier très animé, abritant le siège de nombreuses grandes sociétés. La gare de Shinjuku est fréquentée en moyenne par quatre millions de passagers par jour, ce qui en fait une des gares la plus fréquentée au monde. La Mairie de Tokyo se trouve également à Shinjuku. Elle est formée de deux tours jumelles de quarante-huit étages possédant un observatoire permettant d’avoir une vue de l’ensemble de Tokyo. Avant d’aller visiter la Mairie, Michiko et moi allons déjeuner dans un restaurant situé dans un des gros buildings se trouvant à coté de la Mairie. Le restaurant, très chic est au 45ème étage. La vue est déjà impressionnante. La vue de l’observatoire de la Mairie est très belle. Tokyo s’étend à perte de vue. Mais les reflets sur les vitrines sont particulièrement visibles et empêchent un peu de prendre des bonnes photos. Comme il faisait un peu gris, je n’ai pas réussi à voir le Mont Fuji.

Ginza

Ginza est un de quartiers les plus chics de Tokyo. Non loin se trouve le Marché aux poissons de Tsukiji. Il s’agit du plus gros marché au monde pour les poissons et fruits de mer. Je suis allée le visiter vers 15h de l’après-midi et le marché était presque complètement vide ! Toute l’animation à lieu entre 5h et 11h du matin. Au moins, j’ai pu déambuler tranquillement dans les petites allées. C’est un véritable dédale de bric et de broc très impressionnant.

Ginza abrite également le fameux théâtre Kabuki-za, qui comme son nom l’indique est dédié au Kabuki. Le Kabuki est une forme de théâtre japonais centrée sur un jeu d’acteur spectaculaire et codifié. Les acteurs sont généralement très maquillés et les pièces comportent de nombreux dispositifs scéniques. Le bâtiment est magnifique et très impressionnant ! Je suis d’ailleurs allé voir une pièce de Kabuki ! C’est très intéressant. Les costumes et décors sont magnifiques. Les comédiens accentuent énormément les intonations.  Des traducteurs en anglais sont proposés aux étrangers, ce qui permet de comprendre les dialogues. Par contre la séance dure cinq heures ! Elle commence à 11h du matin et se finit vers 16h. Trois pièces différentes sont jouées, généralement des classiques. C’est quand même un peu long ! Je dois dire que sur la fin j’en avais marre. Apparemment on peux acheter des billets pour n’assister qu’à une seule pièce. Bon à savoir. Par contre, impossible de prendre des photos.

En me baladant dans la quartier de Ginza, je suis aussi tombée sur le temple bouddhiste Tsukiji Hongan-ji. Une pure merveille ! On se croirait en Inde. L’intérieur est couvert d’or, avec une statue de bouddha, plein de décorations et un joli orgue. J’ai assisté à une prière, c’était très beau.

Ikebukuro

Visite éclair du quartier Ikebukuro, dédié au divertissement. Avec notamment un immense complexe Sunshine City, contenant un aquarium, des tonnes de magasins et restaurant, un Pokemon Center, un parc d’attraction et j’en passe. Le temple de la consommation. Ce qui ne m’intéresse pas vraiment. 

Shinjuku et Roppongi

Deuxième visite à Shinjuku pour aller voir le Jardin Impérial de Shinjuku. La visite est un petit peu décevante, le parc n’a rien d’exceptionnel. Malgré le temps gris, pas mal de monde est venu faire le tour du parc. Au détour d’une allée, je tombe sur Géraldine, une française qui logeait dans le même hôtel que moi la semaine dernière ! La probabilité de se retrouver dans Tokyo est vraiment improbable ! Elle est accompagnée d’un couple de japonais Eiko et Yoshiaki, parlant français et très gentils qui me proposent d’aller voir les illuminations de Noël à Roppongi avec eux. J’accepte volontiers ! Roppongi est un quartier particulièrement connu pour sa vie nocturne. De nombreuses enseignes lumineuses illuminent les rues. La soirée est très agréable. Ça me fait du bien d’avoir du monde avec qui parler. Nous allons visiter un centre commercial où se situe une “chasse au tampons” représentant des petits dessins de Noël à tamponner sur une carte postale. En déambulant dans un magasin dédié à l’artisanat japonais, un monsieur nous propose d’assister à une démonstration d’aiguisage de couteaux à la façon japonaise. Il nous propose ensuite d’essayer, ce que j’accepte volontiers. Apparemment je m’en sors pas trop mal !

Arakawa

Le couple de japonais chez qui j’ai vécu lors de ma deuxième semaine à Tokyo vit dans le quartier populaire, très sympathique d’Arakawa. Le coin est rempli de petites ruelles et de petits magasins remplis de bazar. Yuriko et Jin m’ont accueilli de façon très chaleureuse et la semaine fut très agréable. Ils accueillent tout le temps des gens de passage dans leur maison et aiment beaucoup ça. La nourriture était très bonne ! J’ai d’ailleurs gouté un petit déjeuner typiquement japonais : thé vert, soupe miso, onigiri (boulette de riz entourée d’une feuille d’algue et généralement fourrée au saumon). Je dois dire que de bon matin, ce fut un peu rude ! Je me suis également initiée à la télévision japonaise. La réalisation des émissions de télé est complètement différente de la notre, c’est très intéressant ! Par contre, Yuriko et Jin parlaient très peu anglais et la communication fut un peu limitée. C’est mon principal regret. Il va vraiment falloir que je perfectionne mon japonais pour la suite du voyage. 

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