CARNET
Wellington apparait dans une jolie baie après un très long trajet le long de la côte Ouest de l’île du Nord. Cela fait deux semaines que je suis en Nouvelle-Zélande et il est temps d’aller visiter la capitale du pays. Moins peuplée qu’Auckland, Wellington s’étend dans la baie du même nom d’où partent les ferrys pour l’île du Sud et est entourée de la péninsule de Miramar et de chaînes montagneuses. En langue Maori, Wellington s’appelle Te Whanganui-a-Tara signifiant « Le grand port de Tara ». Wellington est également surnommée « Windy Welly » à cause de très fréquentes rafales de vent s’engouffrant dans le détroit reliant la baie à la mer et faisant de Wellington une des villes les plus venteuses du pays. Bien qu’assez petite pour une capitale (ce qui en fait tout son charme), Wellington possède une vie artistique, nocturne et culturelle importante. Le Te Papa, le musée national le plus grand du pays est situé sur le bord de mer et Weta, le studio de Peter Jackson, se trouve dans la péninsule de Miramar.
Je débarque en fin d’après-midi par un temps gris pour déposer mes affaires à une auberge qui ressemble à un vieil hôtel impersonnel. J’hésite un peu d’autant que j’ai décidé de rester une semaine dans le coin. Le mantra « Don’t worry, be happy », chasse mes pensées négatives et je me résous à me présenter à l’accueil. La nuit tombe et je flâne le long du bord de mer qui baigne dans une ambiance mi-tranquille, mi-animée. Malgré le peu que j’en vois, Wellington me plaît instantanément.
La semaine passe rapidement et profitant du soleil, je me balade dans les quartiers de la ville. Wellington est située dans un environnement absolument magnifique. Entourée de la baie, de montagnes et de la péninsule, la capitale possède un petit centre-ville attachant composé du quartier des affaires et de boutiques de marques et d’un mélange d’immeubles datant du 19ème siècle à aujourd’hui. On y trouve également le parlement néo-zélandais, affectueusement surnommé le « Beehive » à cause de son architecture particulière ainsi que l’Embassy Theatre qui a accueilli toutes les premières séances de la trilogie Seigneur des Anneaux et du Hobbit. Je suis rentrée à l’intérieur pour admirer les affiches des films de Peter Jackson. Petit moment d’émotion !
Le bord de mer de Wellington possède une atmosphère incroyable. Autrefois port maritime, le bord de mer à été entièrement rénové pour offrir aux habitants un espace de détente incroyable. L’ascension du Mont Victoria, 196 mètres de verdure délimitant le quartier du centre-ville et celui d’ Oriental Parade offre une superbe vue sur la baie. Oriental Parade est un quartier composé d’un mélange de magnifiques villas victoriennes établies à flanc de colline et possède la seule plage du centre de Wellington. Il y a même une fontaine dans la mer !
Zealandia, Karori Wildlife Sanctuary, est une immense réserve de 225 hectares à dix minutes en navette gratuite du centre de wellington. Cette zone protégée est une grande vallée comprenant une forêt avec au centre un très grand lac qui était autrefois un réservoir d’eau pour la ville. L’objectif de Zealandia est de redonner à la vallée son apparence antérieure à l’apparition des colons et des animaux nuisibles en Nouvelle-Zélande. L’intégralité de la biodiversité est en cours de restauration de façon naturelle sans modifications humaines. Entièrement protégée par une barrière, on y trouve donc une faune et une flore indigène dont des Tuatara, des Weta, des Takahe, des Kakariki et pleins d’autres animaux et plantes. Je m’y suis rendue avec Julie, une française rencontré à Rotorua, elle aussi de passage à Wellington sous une pluie torrentielle. Une guide très sympathique nous a montré un des couples de Takahe vivant dans le parc (gros oiseau ne pouvant pas voler de couleur bleue avec un gros bec rouge) ainsi que l’étude en cours sur le comportement du Miro des Chatham, tout petit oiseau noir très curieux. Elle déposa plusieurs vers de terre dans un petit creux sculpté dans un bâton et nota combien de vers l’oiseau alla entreposer dans une cachette avant de commencer à se nourrir.
Julie et moi avons ensuite avalé à toute vitesse notre casse-croûte sous le seul abri du parc avant de reprendre notre balade à travers la forêt. Marcher au milieu de l’écosystème de Zealandia, c’est avoir l’impression de se retrouver au temps de la préhistoire. Je m’attendais presque à voir débarquer un Moa (oiseau géant ne pouvant pas voler et resemblant à une autruche, aujourd’hui éteint) ou bien un Tyrannosaure. Nous avons vu pas mal de Hihi (petit oiseau avec une touche de jaune sur l’avant), de Saddleback (superbe oiseau avec des touches de rouges toujours en mouvement dont l’espèce est presque disparue), de Kaka (gros perroquet très curieux), de Kereru (superbe pigeon néo-zélandais), de Tui (magnifique oiseau avec deux petites boules blanches au niveau de la gorge et produisant un chant extraordinaire), de Bellbird (petit oiseau jaune/vert au chant de clochette), de Fantail (minuscule oiseau au comportement très intéressant).
Nous nous sommes également aventurées dans une ancienne mine pour aller voir des Cave Weta (des sortes de scarabées). La frayeur que j’ai eu quand j’ai éclairé le plafond de la mine à quelques centimètres au dessus de ma tête et que j’ai vu qu’il était couvert de Weta (qui dans l’obscurité ressemblent à de grosses araignées). Nous sommes ressorties du parc en fin d’après-midi un peu transies de froid. Un passage par le magasin de gaufres le plus connu de Wellington The Little Waffle Shop semblait l’arrêt parfait. La minuscule échoppe sur Courtenay Place propose une dizaine de gaufres aux assortiments tous plus délicieux les uns des autres ! Ce sera Caramel Cookie Crumble pour Julie et Cheeky Chocolate with Peaches pour moi. Un délice bien trop vite avalé !
Sur le bord de mer de Wellington se trouve le très fameux musée national, le Te Papa Tongarewa dont le nom signifie en maori « le lieu des trésors de cette terre ». Gigantesque bâtiment sur plusieurs étages, il possède de nombreuses collections permanentes sur la culture maori et néo-zélandaise, la faune et la flore, des galeries d’arts et un un jardin extérieur. Il possède aussi une très belle et intéressante reproduction du Traité de Waitangi (document représentant la fondation de la Nouvelle-Zélande en tant que nation et l’accord entre les Maoris et Colons signé en 1840) et abrite le plus grand calamar colossal en exposition (un peu décrépit à l’heure actuelle dans son bassin de formol mais toujours très impressionnant). Il faut plusieurs jours pour venir à bout de toutes les merveilles du musée. Lorsque je suis allée visiter le musée, il y avait de nombreuses célébrations en l’honneur du Nouvel An Maori, le Matariki ! En effet un groupe d’étoiles connues sous le nom de Pleiades ou Matariki en maori apparaissent dans le ciel néo-zélandais de fin mai à début Juin. C’est le signal pour la nouvelle année maori et une période de souvenir des morts et de célébration de la nouvelle vie. De nombreux événement avaient lieu dans le musée dont de très jolis chants et danses maoris.
Une des visites à ne surtout pas rater à Wellington est la visite de l’exposition, Gallipoli, The Scale of Our War qui retrace la campagne de Gallipoli (également connue en France sous le nom de Campagne des Dardanelles) durant la première guerre mondiale en Turquie du 25 avril 1915 au 9 Janvier 1916. Alliées de l’Angleterre, la Nouvelle-Zélande et l’Australie débarquèrent le 25 avril 1915 sur la rive nord des Dardanelles dans l’actuelle Turquie, pour tenter de s’emparer du détroit et ouvrir la voie vers Constantinople afin de faire capituler l’empire Ottoman. L’opération fut une boucherie et le deux pays subirent de nombreuse pertes. Pour la Nouvelle-Zélande, Gallipoli aura un impact sans précédent dans son histoire du fait de l’horreur et du nombre extrêmement important de morts (en proportion à la taille du pays) que la bataille engendra. Près d’un homme sur cinq perdu la vie.
Après le Traité de Waitangi qui consacra la Nouvelle-Zélande en tant que nation, ce fut Gallipoli qui forgea véritablement l’identité du pays. L’exposition réalisée avec l’aide du studio de Peter Jackson, Weta Workshop retrace dans une des scénographie les plus réussie que j’ai jamais vu les détails de la campagne en mettant l’accent sur l’histoire de huit soldats néo-zélandais qui se sont retrouvé dans des situations extraordinaires. Chacun des soldats est montré dans un moment de leur vie à une échelle monumentale (2,4x taille humaine) dans une statue de cire criante de réalisme. Une pièce entière est dédiée à chacune des statue avec à chaque fois un montage sonore décrivant l’enfer de la campagne. Grandiose et parfois un peu éprouvant. Un des montages sonores mélange des sons de la bataille, la voix du soldat décrivant son histoire, des coeurs aux influences arabiques et les sons du haka maori. Très impressionnant à écouter.
Le reste de l’exposition est un pur plaisir pour les yeux et une merveille d’interactivité. Pour moi qui est suivi des études centrées sur le design d’interfaces, l’exposition et le graphisme, c’est Noël ! Des peintures, des mises en scènes, des jeux de lumière, des vidéos, pleins d’éléments interactifs, une utilisation de la typographie absolument merveilleuse, une bande sonore superbe, un contenu ludique et intéressant… Je ressors de l’exposition à reculons.
Sounds of Wellington – Te Papa – Matariki
Sounds of Wellington – Te Papa – Gallipoli
Sounds of Wellington – Te Papa – Matariki
Sounds of Wellington – Te Papa – Gallipoli
Plus tard dans la semaine, je retrouve Julie pour aller faire le tour de la Péninsule à pied afin d’aller jeter un coup d’oeil au village de Miramar « pretty as a picture » si j’en crois la brochure. Et aller en pèlerinage sur le lieu obligé de tout fan du Seigneur des Anneaux : les studios de Peter Jackson, Weta et son magasin de souvenir, la Weta Cave.
La route longe la péninsule en bordure de l’eau est nous offre un paysage magnifique mais sacrément venteux. Wellington mérite bien son surnom de « Windy Welly ». Il nous faut presque cinq heures depuis le Te Papa pour longer Oriental Parade puis la Péninsule afin d’arriver de l’autre coté aux premières maisons de Miramar. Affamées, nous prenons notre casse-croûte sur une jolie plage en observant un groupe de plongeurs rentrer de leur séance. Des petits cormorans se font sécher les plumes sur les rochers. Mais le temps se gâte et des nuages se profilent à l’horizon.
Les trois trolls du Hobbit nous attendent fidèlement à l’entrée du magasin Weta Cave. Ils sont impressionnants de réalisme. L’intérieur de la boutique est remplie de statues, figurines, livres ou reproduction d’armes ou de vêtements mais rien de bien exceptionnel. Je ressors un peu déçue. Julie qui a fait la visite des studios il y a deux semaines me déconseille de la faire (très cher pour ce qu’il y a à voir). Déçue je me contente de quelques photos. Nous rentrons à Wellington en bus, toutes les deux bien fatiguées par notre journée de balade.
Après cette grosse semaine à Wellington qui est pour l’instant ma ville préférée du pays, je quitte l’île du Nord le mercredi 29 Juin pour me rendre à Dunedin sur l’île du Sud. Étant particulièrement heureuse d’être en Nouvelle-Zélande, m’y sentant bien dans ce pays entourée de paysages magnifiques et faisant pleins de rencontres très sympathiques, j’ai décidé de rester pour un an. Le gouvernement néo-zélandais permettant de transformer un visa touristique (de trois mois) en un visa d’un an, je fais donc la demande pour obtenir un permis vacances-travail. En attendant la réponse quand à l’obtention du visa ou non, je mets le cap pour la seconde île d’Aotearoa afin de continuer à explorer le pays et commencer à chercher du travail. Au lieu du ferry, je prends l’avion, le seul moyen facile et peu cher de se rendre directement à Dunedin. À l’aéroport m’attendent de très belles et gigantesque statues de Gandalf sur un aigle et de Smaug. Quelle classe ! Dans une heure de vol je serais arrivée sur l’île du Sud.