CARNET
Vendredi 8 Janvier, je quitte Yakushima sur une mer agitée. Le trajet de deux heures sur un vieux cargo-ferry est une véritable épreuve pour mon estomac. Le bateau tangue de tous les cotés, oscillant parfois avec une amplitude de 3-4 mètres. Autant dire que ça bouge fort! À chaque balancement je vois par les hublots l’horizon s’incliner et j’ai l’impression que l’on va finir par plonger dans la mer. J’ai très mal à l’estomac.
Tanegashima est une longue et étroite bande de terre de vingt kilomètres au nord-est de Yakushima. Peu prisée par les touristes mais appréciée des surfeurs, l’île possède l’un des principaux centres spatial du Japon, la JAXA ou Agence d’Exploration Aérospatiale Japonaise. C’est également à Tanegashima que furent introduites pour la première fois en 1543 des armes à feu par les portugais.
J’accueille la terre ferme avec bonheur. Mon auberge se situe à Nishinoomote, petite ville portuaire principale de l’île. Je m’égare un peu dans le bourg le temps de trouver mon hébergement. J’ai à peine le temps d’acheter à manger qu’une pluie violente fait de nouveau son apparition. Décidément le mauvais temps à l’air de me suivre à la trace. La température chute également et avec elle ma motivation. Je me force quand même à aller voir le musée Teppokan situé juste à coté de mon auberge. Dédié à l’histoire de l’armement de Tanegashima, à sa culture et à son histoire naturelle, le musée abrite une impressionnante collection de coquillages magnifiques dont certains gigantesques ainsi que de nombreuses armes à feu (arquebuses, fusils, pistolets…). Certains sont des petites prouesses de design minimaliste. Je suis toute seule dans le musée. Je ressors et file voir l’ancienne maison de samouraï Gessou Tei, dont la visite est couplée au musée. Il fait un froid de canard. L’intérieur est joli, avec une reconstruction de la vie à l’époque Meiji (1868 à 1912), de petites figurines toutes mignonnes, quelques fusils et arcs, des calligraphies et une poupée qui a l’air vivante. Les deux mamies qui s’occupent de la maison m’offrent un thé fait maison accompagné d’une collation avec notamment des patates douces chaudes. Leur peau est de couleur pourpre et leur chair de couleur jaune miel. Le thé est très bon, le meilleur que j’ai bu jusqu’à maintenant et les petites pommes de terre sont un délice. Un monsieur s’occupant également de la maison me montre des photos datant d’octobre dernier d’un groupe d’une quinzaine de français venus visiter la maison et participer à des activités : calligraphie, tir à l’arc, démonstration de danse et musiques traditionnelles… La chance !
Le moral un peu dans les chaussettes, je me réfugie à l’auberge. Il est à peine trois heures. J’en profite pour traiter mes photos et écrire mes articles. Le lendemain, j’ai droit à quelques rayons de soleil. Je fait quelques photos de Nishinoomote. L’ambiance tranquille et décontractée de la ville est renforcée par les nombreux petits dessins et assemblages qui tapissent les murs du bourg. Une gigantesque fresque faite d’assemblage de petits rectangles de bois s’étire le long des murs du port. Représentant une fusée, un coeur, des arbres, des poissons, elle semble avoir été réalisée en 2014 et est intitulée “Mirai no kaze”. Soit “Le vent du futur”.
Destination, le centre spatial de la JAXA à deux heures de bus de Nishinoomote. Situé à la pointe sud-est de Tanegashima, le centre spatial, construit en 1969, comprend des bâtiments administratifs, un ensemble météorologique, des bases de lancement ainsi qu’un musée. Le sud de l’île est d’un calme absolu. Quelques petites baraques en bois, des grands champs de rizières, des petites collines couvertes de forêts et des superbes plages. L’environnement du parc est magnifique. Je fais le tour du musée, admire les modèles réduits et les modèles grandeur nature des fusées, m’extasie devant un véritable satellite et me balade sur la magnifique plage de Takesaki-kaigan. Très peu de monde, un peu de soleil, une ambiance paisible, des piaillements d’oiseaux et un environnement magnifique. Cela suffit à mon bonheur.
À 13h30, je participe au tour guidé du centre spatial qui permet d’accéder à quelques installations inaccessibles autrement. Bien sûr la visite se fait en japonais, mais j’ai droit à une dizaine de pages d’explications en anglais et une des dames faisant le tour parle anglais. Nous allons voir un point d’observation permettant de voir les bases de lancement, le centre de contrôle et un hangar où est stocké une des véritables fusées de type H-II. La grandeur de l’engin est impressionnant ! En discutant avec la guide parlant anglais, j’apprends que le dernier lancement a eut lieu en Octobre 2015 et que le prochain se fera le 12 Février 2016. Pour l’année 2015, cinq fusées ont été envoyés dans l’espace. Le but étant le déploiement de satellites (militaires, météorologiques, sondes spatiales…). Pour l’année 2016, ils pensent monter à une dizaine. De retour au musée, il me reste une heure avant le retour du bus. Je la passe à flâner sur la plage à chercher des coquillages et à apprécier le calme.
Extrait d’une vidéo sur la base de lancement de la JAXA
Extrait de la visite guidée
Le lendemain, dimanche 10 Janvier, je loue un vélo pour la matinée et part me balader dans les environs de Nishinoomote. L’allée est remplie de montées bien fatigantes mais le retour n’est du coup qu’une suite de descentes bien méritées et grisantes. Je quitte Tanegashima en début d’après-midi, pour retourner à Kagoshima sur une mer peu agitée, au grand soulagement de mon estomac. Arrivée sur la terre ferme, je prend un bus en direction de l’aéroport à une heure du centre de Kagoshima. Les bouchons rendront le trajet plus long et j’arrive à mon hôtel situé à coté de l’aéroport vers 7h du soir. Je passe mon lundi 11 Janvier tranquillement dans ma chambre en regardant tomber la pluie et en attendant de m’envoler le lendemain vers ma destination suivante : Okinawa.