Périple à la découverte de soi-même. Cinq mois de Juillet à Octobre 2019 à travers l’Écosse et l’Islande.

Passages en coup de vent

Derniers jours en Écosse. Une courte visite du Loch Ness en suivant le Great Glen Way et un passage à Inverness. 
3 août 2019
Highlands, Écosse © Claire B. - Merci de ne pas utiliser sans autorisation

Mon voyage en Écosse se termine. Il ne me reste plus que deux jours et j’ai l’impression que c’est déjà fini. J’ai quand même décidé d’aller me balader une journée le long du Loch Ness sur le Great Glen Way et une journée à Inverness. Je quitte donc l’auberge de Ratagan dans la région de Kintail sous un ciel nuageux pour rejoindre en bus Invergarry. J’attends un bon moment avant qu’un couple de Suisses me prennent enfin en stop. Ils me déposent à Fort Augustus, petit village au début du Loch Ness. Dans la ville passe le Caledonial Canal, un grand canal reliant Fort William à Inverness construit au 19ème siècle. Cette région de l’Écosse est assez particulière puisqu’une grande faille géologique courant de la côte Est à la côte Ouest a conduit à la création d’une gigantesque vallée ponctuée de plusieurs lacs dont le Loch Ness. Le canal suit la faille et je distingue de grands voiliers derrière les écluses. 

Le Great Glen Glen Way suit lui aussi la faille. Ouvert en 2002, il fait partie des chemins de grandes randonnées écossais. Continuité du West Highland Way, il court sur 117km, reliant Fort William à Inverness. N’ayant qu’un seul jour disponible, j’ai choisi de suivre la quatrième étape longeant le Loch Ness. Le chemin monte sévèrement au dessus de Fort Augustus dans une jolie forêt où se mélangent sapins, fougères, mousses et myrtilles. Au dessus c’est les collines tourbeuses et j’aperçois enfin le fameux lac. Sa taille est impressionnante et encore je n’en aperçois qu’une extrémité. Le Great Glen Way, très bien tracé, suit le sommet ondulé des collines et je marche pendant plusieurs heures tranquilles en appréciant la vue. Malgré le crachin intermittent et le poids du sac sur les épaules, la balade est agréable. À l’exception d’un groupe d’anglais-français un peu bruyants que j’ai du mal à semer, il n’y a pas trop de monde. J’ai beau plisser les yeux et scanner la surface du lac, pas de Nessie à l’horizon. Le monstre dort ou a depuis longtemps abandonné les lieux, probablement fatigué d’être la proie d’un tourisme assoiffé. Apparu dans les années 1930, la légende fascine toujours et continue d’alimenter les contes et mythes écossais. 

La descente est dure vers Invermoriston, mon genou gauche ayant décidé qu’après quatre semaines de randonnées il en avait assez. Je n’ai fait que 12km mais je me sens fatiguée. Je rejoins en stop une petite auberge, Lochside Hostel, coincée entre la route et le lac. La clientèle fait beaucoup plus « touristique » qu’auparavant avec de nombreux Chinois, Allemands et Espagnols voyageant en bus organisés. Néanmoins la soirée est tranquille et je m’endors en jetant un dernier coup d’oeil sur le lac. 

En longeant le Loch Ness. 

Le lendemain je visite les ruines du chateau d’Urquhart en bordure du lac. Le chateau fut édifié du 13ème au 16ème siècle et changea régulièrement de mains suivant les guerres d’indépendances de l’Écosse et les nombreuses guerres de clans. Il fut partiellement détruit en 1692 pour éviter son utilisation par les forces jacobites. Aujourd’hui le lieu est un véritable cirque touristique. L’entrée est très chère et à l’exception des restes de la tour et de quelques murs il n’y a pas grand chose à voir. Ce n’est pas tout à fait vrai. Il y a pas mal de choses à voir (avec un peu d’imagination) et à apprendre mais la foule de touristes bruyants empêche de se plonger dans l’amposhère du lieu. J’obverse les gens déambuler, marchant sur les pierres, prenant des selfies et échangeant des platitudes et je décide qu’Urquhart sera ma dernière visite « touristique ». À partir de maintenant lors de mes voyages, je laisse tomber tous ces attrapes-touristiques décevants. J’en apprends de toute façon plus lors de mes randonnées sauvages ou traversées à vélo. La découverte d’un pays, la découverte véritable, de son atmosphère, de son histoire, de son environnement passe, je pense, par la marche et le vélo. Il faut s’imprégner de l’atmosphère d’un lieu, il faut le regarder, il faut y passer du temps, il faut le détailler en silence afin de le comprendre. Et ce n’est pas au milieu d’une foule de touristes que je risque de réussir. 

Je rejoins Inverness, « capitale des Highlands » et passe une après-midi bizarre dans une librairie et marchant dans le centre. Il n’y a rien de bien spécial ici. Je ne sais pas trop pourquoi je tenais tant à voir Inverness. À part un chateau non visitable et quelques maisons jolies, la ville ressemble à toutes les autres. Je me sens énervée, fatiguée et sans grande motivation. C’est peut-être parce que c’est la fin du voyage. C’est peut-être le fait de se retrouver en ville. C’est peut-être la déception. Je dîne d’un dernier fish&chips (très bon et le deuxième seulement du voyage d’ailleurs) et m’en retourne à l’auberge. Le lendemain je quitte Inverness très tôt pour rejoindre Edimbourg et prendre l’avion pour Marseille. 

Ces cinq semaines en Écosse furent riches en enseignements. Malgré les déceptions du moment, j’ai grandement apprécié mon séjour au pays des Écossais. C’est le premier pays que je quitte en étant satisfaite de mon voyage d’ailleurs. J’ai d’ailleurs tellement aimé que je compte bien y revenir afin de retourner à certains endroits (Skye, Kintail) et découvrir la partie Nord. J’ai également énormément appris sur ma relation au voyage, sur le type de voyage que je souhaite faire et sur mes limites. Quand j’ai commencé mon premier jour sur le West Highland Way croulant sous le poids du sac, j’ai eu un doute en me demandant si j’étais réellement capable de marcher pendant plus d’un mois. Cinq semaines plus tard, j’ai accompli ce que j’avais prévu et à part quelques douleurs aux hanches, ampoules et genou qui fait des siennes, tout va bien. Bien que je ne m’en sois pas tout le temps rendue compte sur le moment, j’ai énormément apprécié marcher et être à l’extérieur en contact permanent avec la nature. J’ai aussi savouré le retour à une simplicité du mode de vie et au calme qu’y en découle. Je me suis également rendue compte de certaines limites physiques (actuelles) comme la difficulté de porter un sac de 15kg ou de faire plus que 17-18km par jour à pied (en portant un sac chargé). Et que le mélange vélo-randonnée est probablement le moyen de transport qui me convient le mieux. 

De ce séjour en Écosse, mon passage de deux semaines sur les Hébrides Extérieures est, au final, celui qui m’a le plus marqué. Probablement parce que j’y suis restée le plus longtemps. Et aussi à cause du charme particulier des Hébrides. Skye est peut-être plus jolie (quoique Harris est assez grandiose), mais le coté isolé, désolé, peu peuplé, peu touristique, la pratique du Gaelic et le coté un peu « ancien » des Hébrides m’ont beaucoup marqué. Alors voilà, je crois que j’ai enfin trouvé le genre de voyage qui me convient vraiment. Un voyage mélangeant vélo et randonnée, dans des endroits isolés, peu touristiques, au contact de la nature et des locaux. 

Le début du Loch Ness.

À gauche, le chateau d’Urquhart et à droite, Le château d’Inverness. 

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