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Extension en paille porteuse

Troisième séjour chez Jules pour participer à la construction d’une extension en paille porteuse avec toiture végétalisée.
5 avril 2021

Pour mon premier stage au sein de la formation en éco-construction du Gabion, je retourne pour la troisième fois chez Jules afin de continuer de l’aider sur son chantier. Depuis mon dernier séjour en Février 2021, le toit a été finalisé. Les tuiles de rive et de faitage ont été maçonnées et le terrain à l’arrière de la maison en ruine a été terrassé. La prochaine étape du chantier consiste à construire une petite extension d’environ 30m2 en paille porteuse. Le toit sera plat afin d’accueillir une toiture végétalisée. L’extension servira d’agrandissement au séjour et accueillera une petite cuisine. L’intérieur sera enduit à la terre ou au plâtre et l’extérieur sera fait en bardage. Une deuxième extension en paille porteuse est prévue sur un autre coté et sera, elle, enduite à la chaux en extérieur. Ces deux extensions servent à illustrer les différentes techniques d’éco-construction et à promouvoir la paille porteuse.

Je retrouve Jules et son équipe avec plaisir. Le temps est meilleur qu’au mois de Février mais il fait toujours frais. Le terrassement est fini, ils sont en train de poser les fondations. Sous le sol de l’extension se trouve un hérisson avec drain. Tout à été fait à la main et à la pioche, la mini-pelle achetée d’occasion par Jules un mois plus tôt ayant refusée de marcher.

Nous mettons en place des bandes de goudron sur les fondations toutes neuves afin d’éviter les remontées d’eau. Au dessus vient se fixer la lisse basse avec caissons remplis de paille en vrac. C’est sur cette lisse basse que vont venir se poser les bottes de paille. Nous nous servons de la lisse basse comme gabarit pour préparer la lisse haute qui viendra elle ceinturer le haut du mur en paille. Des bandes de feuillard textile et des sangles sont insérées sous la lisse basse. Elles vont servir à venir compresser le mur en bottes de paille. 

  1. Les fondations en train d’être maçonnées.
  2. Pose de la rupture capillaire (en noir), une bande de goudron, pour éviter les remontées d’eau dans les mur et mise en place de la lisse basse.  
  3. Une couche de chaux est insérée dans le caisson de la lisse basse pour éviter l’infiltration de rongeurs et d’humidité.
  4. Les caisson sont remplis de paille en vrac puis fermés. 

Une fois les fondations finies, nous attaquons le montage des pré-cadres, qui servent à délimiter les fenêtres et baies vitrées. Puis c’est le montage des murs. La paille est livrée le lundi matin. Les bottes sont très denses, plus denses que celles utilisées pour l’isolation du toit. Cinq volontaires Twiza sont venus filer un coup de main. Le montage du mur en paille se fait très rapidement, en une journée.

Monter un mur en paille porteuse signifie que la paille est structurelle. C’est elle qui porte la charpente. Il n’y a pas d’ossature bois. Les seuls morceaux de bois présents servent aux pré-cadres afin que la paille ne viennent pas pousser contre les menuiseries. Le mur se monte en assemblant les bottes les unes au dessus des autres en quinconce et en les insérant sur des pieux (en l’occurence des manches à balai en bois taillés). Il faut bien boucher tous les trous et faire le plus compact possible. Il est souvent nécessaire de redimensionner les bottes et il faut alors « tricoter » une nouvelle botte à la taille désirée à partir d’une botte pleine. 

Une fois le mur monté, la lisse haute est fixée par dessus. Afin que le mur soit propre les bottes de paille sont « nettoyées » à l’aide d’une grosse scie. Puis les sangles et feuillard textile sont fixés par dessus la lisse haute pour venir compresser le mur. La compression se fait en plusieurs fois afin de laisser le temps à la paille de se positionner comme il faut et d’atteindre son point de compression maximal. Compresser au maximum est très important afin d’éviter le tassement dans le temps des bottes et le frottement des menuiseries contre la lisse haute. Une fois la compression maximale obtenue les sangles seront enlevées tandis que les feuillards resteront dans le mur.

  1. Tricotage d’une nouvelle botte.
  2. Fondations, sangles, lisse basse et bottes de paille.
  3. Bottes de paille empalées sur des pieux.
  4. Fixation des bottes d’angles.
  5. Découpage d’une partie gênante du pré-cadre de la baie vitrée.
  6. Vue sur la maison et l’extension en cours de montage.
  7. Positionnement de la lisse haute.
  8. Nettoyage des murs en paille.
  9. Compression des murs. 

Comme pour la lisse basse, les caissons de la lisse haute sont remplis de botte de paille en vrac puis fermés. Vient ensuite se fixer, par dessus, la charpente du toit plat. C’est le même système que pour les planchers de la maison. Du coté ruine, une poutre porteuse (muraillère) est fixée contre le mur de la maison. Elle est un peu plus haute que la lisse haute afin de respecter l’angle d’inclinaison préconisé pour les toitures végétalisées et permettre l’écoulement de l’eau. Des étriers métalliques sont fixés dessus afin de venir accueillir les solives. De l’autre coté, les solives sont simplement fixées sur la lisse haute. Des entretoises sont fixées au milieu pour éviter la déformation des solives. Et des plaques de placoplatre viennent fermer le toit de l’extension par l’intérieur. 

Entre les solives nous ajoutons de l’isolant. Jules avait prévu de tout faire en chènevotte (chanvre en vrac, très bon isolant, résistant aux insectes et à l’humidité) mais des problèmes d’approvisionnement et de stocks nous obligent à nous rabattre sur de la ouate de cellulose pour finir le toit. C’est beaucoup moins agréable à travailler car cela fait énormément de poussière. Depuis plusieurs mois le secteur du bâtiment fait face à des ruptures de stocks de plus en plus importantes. Le prix du bois à triplé et les délais se font de plus en plus longs. Les retombés de la crise du covid, du ralentissement de l’économie et de l’appropriation des ressources par les américains et les chinois commencent à se faire sentir. Cela n’inaugure rien de bon. 

  1. Fixation des étriers.
  2. Fixation des solives sur la lisse haute. 
  3. Fermeture de la charpente par l’intérieur avec du placoplatre.
  4. Isolation de la charpente avec de la ouate de cellulose et de la chènevotte. 

Nous profitons du dernier jour de la semaine pour finaliser le toit. Un pare-pluie est posé par dessus l’isolant afin d’éviter les infiltrations d’eau. Des liteaux sont mis en place pour permettre une lame d’air ventilée fermée par des plaques d’OSB. Et des planches de bois faisant office d’acrotère sont fixées sur les cotés du toit. L’acrotère (généralement un petit muret servant de bordure au toit) permet de fixer l’étanchéité du toit végétal et l’évacuation des eaux de pluie. 

Pour finir nous fixons à l’aide d’une colle une bâche EPDM (Ethylène-Propylène-Diène Monomère, du caoutchouc) sur le toit afin de protéger toute la toiture des infiltrations d’eau et d’accueillir par la suite la terre pour les plantes.

Je quitte le chantier, encore une fois très contente d’avoir appris autant de choses en à peine une dizaine de jours. Jules va finir l’extension puis attaquer dans les semaines qui arrivent, la deuxième. De mon coté je m’en retourne à Mane pour reprendre ma formation. J’espère pouvoir revenir régulièrement au cours de l’année sur le chantier pour suivre sa progression et continuer de travailler avec Jules et son équipe. 

  1. Pose du pare-pluie.
  2. Liteaunage sur le pare-pluie pour accueillir les plaques d’OSB.
  3. Fixation de la bâche EPDM pour faire l’étanchéité du toit. 

Note :
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