Mon séjour dans une ferme du Limousin, m’a permis, en plus de découvrir la culture des plantes médicinales et aromatiques et la récolte des châtaignes, de m’intéresser à la gestion du bois, à l’entretien d’une forêt et aux diverses aménagements qu’il est possible de faire avec le matériau bois.
Revenir à des constructions simples
Dans le principe de la permaculture, l’aménagement d’un territoire se fait en respectant certaines règles de design dont l’aménagement sous forme de zones. Les zones les plus proches de la maison sont dédiées à la production alimentaire (potagers, vergers) qui doit être accessible le plus facilement et rapidement possible. Ensuite viennent les zones éventuellement dédiées à l’élevage et à la jardin-forêt puis les zones plus sauvages, plus lointaines dont l’impact humain doit être minimal. Généralement ce sont des zones de prairies sauvages ou de bois / forêts laissées à la biodiversité. Plusieurs sous-zones peuvent être définies, entre des zones où l’exploitation des ressources sera présentes mais maitrisées et des zones complètement sauvages. Dans la plupart des endroits suivant ces principes, le terrain est divisé de façon plus ou moins évidente selon ces zones et le fond de la propriété est souvent occupée par un petit bois.
Avoir une petite forêt ou un bois sur son terrain apporte plusieurs avantages non négligeables : la présence d’un écosystème sauvage résilient et durable faisant office de puit de carbone, de refuge pour les animaux et végétaux et de lieu de ressourcement. Le lieu sert à la génération des sols et offre la possibilité de récolter des fruits sauvages (châtaignes, baies, champignons). La présence d’arbres a également un impact très important sur la régulation du climat et la circulation des nuages et des pluies. Et puis la présence d’un bois offre également la possibilité d’utiliser un matériau renouvelable via une exploitation durable des ressources. Le principe de la sylviculture douce offre une approche de l’écosystème forestier bien différente de l’exploitation intensive qui est actuellement la norme. Dans cette pratique, qui commence doucement à revenir sur les devants de la scène, la compréhension de l’écosystème et des sols est essentielle afin d’être capable de choisir les arbres à prélever, de les abattre de façon respectueuse et d’utiliser la traction animale pour limiter l’impact sur le sol et l’utilisation des énergies fossiles.
Prélever du bois dans un écosystème forestier à un impact non négligeable puisque chaque arbre fait partie d’un grande communauté vivant en association et que chaque arbre mort ou vivant est le support, refuge à la vie d’un nombre innombrables d’insectes, animaux, plantes et bactéries. Dans un petit bois privé comme celui de la ferme, l’exploitation du bois ne doit pas se limiter soit à simplement la récupération du bois tombé ou mort (essentiels au renouvellement des sols et à l’entretien de la forêt), soit à l’abattage de vieux arbres (essentiels au bon fonctionnement de la communauté). La compréhension de l’écosystème, des différents type d’essence, des symbioses est une nécessité même pour un petit bois personnel afin de pouvoir utiliser le matériau bois sans contribuer au déséquilibre forestier.
Aménager ses espaces intérieurs et extérieurs grâce au bois offre la possibilité de créer des meubles et outils très résistants et durables. Mais ce qui m’a attiré dans les petites constructions visibles à la Ferme c’est leur aspect brut, simple et organique. Ici, la simplicité prime et le matériau est utilisé tel quel. Que ce soit pour construire un tabouret, un porte-savon, des échelles ou des portails, le bois est principalement utilisé sous sa forme brute sans en enlever l’écorce ou chercher à éliminer les défauts. Les imperfections sont visibles, les formes fluctuantes et chaque création est unique. Cette simplicité dans la construction rappelle à nous des expériences ancestrales, des pratiques de vie ancrées dans la terre ou le superflu était proscrit et l’efficacité la règle. Et puis, l’utilisation du matériau brut fait entrer dans chaque recoin de l’habitation ou du jardin des formes organiques qui rappellent notre contact avec la terre et notre rapport au vivant. Au lieu de dépecer le morceau de bois de sa forme originelle pour le tailler en lames, la construction brute garde la forme du bois offrant ainsi un rappel bienvenu sur la nature vivante du matériau.
Si construire des maisons intégralement en bois ne me semble pas être la technique à privilégier (à moins de développer massivement la sylviculture douce dans le domaine de l’exploitation forestière), l’aménagement du mobilier intérieur ou extérieur à échelle individuelle et dans le respect du bois offre une infinité de possibilités qui permettent de remettre la créativité et la simplicité au coeur de nos lieux de vie. C’est un domaine qui m’intéresse beaucoup et sur lequel je compte approfondir mes connaissances durant mon voyage.
Différents types d’aménagement en bois visibles à la ferme : un tabouret, un porte-savon, un portail, une échelle rudimentaire, une plateforme et une échelle.