Lors de mon séjour dans une ferme du Limousin, j’ai pu profiter de quelques moments de cueillette et transformation pour commencer à découvrir les plantes médicinales et aromatiques et leurs différents usages. Marie et Paul cultivent sur une vingtaine de planches, une cinquantaine de plantes principalement aromatiques. À cela s’ajoute une multitude de plantes sauvages qui viennent enrichir la production.
Aromatiques et médicinales
Les “simples” est le nom donné par les gens depuis l’antiquité aux plantes possédant des vertus médicinales. La pratique de l’herboristerie étant interdite en France, l’exploitation et la vente de plantes médicinales est assez compliquée pour les petits producteurs comme Marie et Paul. Aucunes mentions relatives à la santé ou à l’utilisation de plantes en tant que traitement médicinal ne doit être mentionné sur les produits vendus. Et les plantes ne peuvent pas être vendues comme remèdes. Et ce malgré la demande de plus en plus grande du grand public pour qui se soigner par les plantes pour des infections bénignes semble revenir dans les moeurs.
C’est pour éviter ces problématiques que la ferme a décidé de concentrer sa production sur les plantes aromatiques plutôt que médicinales. Et de concentrer leur vente sur des tisanes, sel aux herbes, pestos, gelées et sirops. Mais nombreuses sont les plantes aromatiques à bénéficier de vertus médicinales et inversement. Propriétés gustatives et médicinales se mélangent donc au sein des produits vendus.
Thym, verveine, basilic, menthe, menthe poivrée, camomille, sauge, calendula, mauve, bourrache, mélisse, guimauve, tilleul, serpolet, sureau, hélichryse, marjolaine, romarin, hysope, achillée millefeuille, ortie, lavande… Un mélange de plantes issues d’environnements aux climats différents se partagent le jardin. En fonction de leur orientation, de leur emplacement et de leur sol, les plantes poussent malgré les conditions météo identiques. Plantes d’un climat méditerranéen ont un sol recouvert de cailloux et avec peu d’eau tandis que les plantes d’un climat plus tempéré bénéficient des écoulements d’eau, de paillage et d’ombre.
En ce début d’Automne, le jardin n’est plus très florissant mais de jolies tâches de couleurs percent encore grâce aux fleurs bleues de bourrache, à celles oranges du calendula et aux superbes fleurs violettes de la mauve.
Dans l’ordre : bourrache, sauge, ortie, hélichryse, un Souci (papillon), mélisse, calendula avec bourrache et capucines
Transformation en tisane
L’une des principales transformations réalisées à la Ferme consiste à préparer des tisanes. La préparation d’une tisane est une activité relativement simple a réaliser. La première étape consiste à récolter les fleurs ou feuilles des plantes prêtes à être cueillies. Toutes les plantes ne fleurissent pas en même temps dans l’année ce qui permet d’étaler les récoltes. Durant mon séjour nous avons principalement cueillis des fleurs de bourrache, calendula, mauve, achillée millefeuille et de la menthe poivrée. La récolte est très simple et consiste à cueillir avec délicatesse la fleur ou la feuille à la main ou au ciseau.
Cueillir les fleurs d’une plante c’est lui retirer les graines nécessaires à sa survie. C’est pourquoi les plantes auxquelles on a coupé les fleurs vont en quelques jours reproduire de nouvelles fleurs afin d’assurer leur descendance. Ce qui fait que la récolte ne se fait généralement pas sur un jour mais peut s’étaler dans le temps en fonction de la floraison.
Les plantes cueillies sont ensuite mises à sécher dans le séchoir, isolé en laine de chanvre et en plaques de liège et ventilé de façon électrique. L’isolation est essentielle dans un séchoir puisqu’il faut que la température reste la plus stable possible avec une humidité minime tout au long de l’année. Les fleurs et / ou feuilles sont étalées à l’envers sur des claies et mises à sécher dans une sorte d’armoire à claies. Le temps de séchage peut varier de un à quatre jours en fonction de la plante.
Une fois les plante sèches elles sont stockées dans de gros sac en papier kraft. L’idéal pour la conservation des plantes séchées est de les conserver dans un bocal en verre hermétique et opaque. Dans ces conditions la conservation peut atteindre jusqu’à deux ans. Mais le stockage en bocaux en verre n’est pas pratique pour l’utilisation qu’en fait Marie, avec beaucoup de manipulations.
On prépare ensuite les tisanes en mélangeant différentes plantes et en versant 25g du mélange dans chaque sachet qui est ensuite fermé et étiqueté. Marie effectue elle-même ses mélanges à l’aide d’expérimentations et d’associations gustatives.
Mon séjour à la ferme m’a permis de découvrir les débuts de la cultivation et transformation des plantes aromatiques et médicinales. Mais l’approche est restée un peu trop superficielle avec assez peu d’échanges sur les spécificités des plantes, leur façon de les cultiver, l’intérêt de la cueillette sauvage, les autres types de transformations possibles ou leurs vertus médicinales propres. Si cultiver des plantes pour les vendre sous forme de production à base de tisanes, gelées et sirops s’avère intéressant, je suis également très attirée par les applications médicinales concrètes de chaque plante et sur ce qu’elles peuvent nous apprendre de notre environnement.
Cueillette en famille des fleurs de calendula (orange) et de mauve (violette).
Le séchoir avec l’amoire à claies, les sacs de stockage et les petites étiquettes avec le logo de la Ferme.
La mise en séchage des fleurs avec un suivi des quantités ramassées. En bas à droite, la tisane « Grododo », une des tisanes vendue par la ferme.
Note :
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