Entre traditions et modernité. Voyage au Japon de Novembre 2015 à Avril 2016.

Sur les traces des volcans de Kyûshû – partie 1

Fin de l’année 2015 je reprends la route en partant à la découverte de l’activité volcanique de la région.
6 janvier 2016
Mont Aso, Kyûshû, Japon © Claire Blumenfeld
CARNET

La fin de mon woofing s’est déroulé très tranquillement puisque l’auberge était fermée le 23 et 24 Décembre. Le 23 au soir nous sommes allés voir comme prévu le Festival de Noël à Beppu. Hélas il pleuvait, ce qui a rendu la soirée morose. Je m’attendais à un vrai « matsuri » (festival japonais avec des parades et gens en costumes traditionnels ) mais non pas vraiment. C’était exactement la même chose qu’en France. Dans un grand centre commercial, se trouvait une scène où différents groupes défilaient en dansant et chantant. Le plus intéressant fut un groupe  interprétant des chants de Noël en utilisant des cloches de différentes tailles. Et sur le front de mer se trouvait une succession de stands vendant de la nourriture (appelés « yatai » : stand ambulant de restauration en plein air). Irasshaimase ! de tous les cotés. (Irasshaimase signifie « bienvenue » en japonais. On l’entend partout et tout le temps : à l’entrée dans un magasin, un restaurant, un hôtel, un bus, un temple… Les serveurs dans la rue faisant de la promotion pour leur restaurant ou bar ou les vendeurs de stands ambulants ou gargottes le crient en permanence pour attirer le client…)

Le feu d’artifice (tiré depuis la mer) fut sympathique mais la musique l’accompagnant gâchait un peu le spectacle. Mélange de chansons japonaises et américaines à la mode et notamment trois chansons issues de La Reine des Neiges ! J’ai trouvé qu’il y avait assez peu de monde comparé à la taille de la ville. Du monde sur le bord de mer, oui mais personne dans le reste de la ville. Les gens étaient-ils restés chez eux ?

Aventure sur le Yufudake

Le lendemain, veille de Noël, j’ai fait l’ascension du Yufudake juste derrière Yufuin, volcan culminant à 1584 mètres d’altitude. La seule éruption du Yufudake remonte à 200 av J.C. Le cratère est bordé de deux pics : le Higashi-mine à l’Est, culminant à 1 583 mètres d’altitude et le Nishi-mine à l’Ouest, à 1 584 mètres d’altitude. La montée était très belle avec une superbe vue sur la vallée. Feuillus et sapins dans la première moitié puis de grandes herbes jaunes dans la deuxième moitié. Il faisait chaud mais en arrivant au sommet le vent s’est levé. Le cratère était enveloppé dans la brume. L’ascension des pics entourant le cratère était assez risquée. Le chemin pour rejoindre le Nishi-mine était à pic, constitué de chaines et de cordes. Presque de l’escalade. J’ai pris le chemin « facile » menant au Higashi-mine où je me suis arrêtée pour déjeuner. Un monsieur mangeant à coté de moi regardait la carte de la région (je cherche des cartes de randonnées depuis que je suis arrivée au Japon), du coup j’ai entamé la conversion. Très sympathique, il m’a donné pas mal d’explications sur où acheter les fameuses cartes. Il était en vacances, seul et faisait l’ascension des différents volcans de la région.

Je suis redescendue par un autre chemin qui s’est avéré beaucoup plus difficile et long que celui de l’aller ! La première partie fut une descente assez à pic avec des zones d’escalade à l’aide de chaînes et cordes ! La deuxième partie fut un long trajet dans la forêt de feuillus. Assez peu de gens passent par là, le chemin était très peu marqué. Je l’ai d’ailleurs perdu à un moment et il m’a fallu pas mal de temps pour le retrouver.

Sur le toit du monde au Mont Aso

Vendredi 25 Décembre, j’ai laissé Yufuin et le Country Road Hostel derrière moi pour repartir sur les routes. Direction Mont Aso. Culminant à 1592 mètres au-dessus du niveau de la mer, le complexe volcanique du Mont Aso abrite le plus grand volcan du Japon et l’un des plus actifs.

“Ce complexe volcanique regroupe en fait une quinzaine de cônes volcaniques au sein d’une caldeira de 25 km sur 18 km. Cette dernière contient entre autres la ville d’Aso (…). Parmi tous les cônes volcaniques, les plus grands sont le Naka-dake (1 506 mètres, le plus actif dans les temps historiques), le Taka-dake (le plus élevé, qui culmine à 1 592 mètres), le Neko-dake (1 408 mètres, estimé le plus ancien), le Kishima-dake (1 270 mètres), le Narao-dake (1 331 mètres) et le Eboshi-dake (1 337 mètres).” – Wikipédia

En montant dans le bus à Yufuin, j’ai retrouvé le monsieur avec qui j’avais discuté hier ! Il allait faire l’ascension du Mont Kuju, un volcan culminant à 1787 m, dont la dernière éruption remonte à 1995 et situé entre le Yufudake et le Mont Aso. Le trajet en bus pour rejoindre la ville d’Aso fut magnifique. Passage à travers les montagnes, sur de superbes plateaux couverts d’herbes jaunes. L’arrivée à Aso fut très impressionnante. La caldera est vraiment gigantesque. (Une caldera est une vaste dépression généralement circulaire causé par une éruption volcanique de très forte ampleur).  J’ai déposé rapidement mon sac à mon auberge et ai pris un bus pour monter voir les pics et le cratère du Naka-dake en activité. L’année dernière à eu lieu une éruption assez importante et depuis l’accès au bord du cratère en téléphérique est fermé. J’étais un peu déçue. Mais j’ai quand même pu aller jusqu’à la base du téléphérique, voir la fumée sortir du cratère et mettre les pieds dans la cendre. Un petit sanctuaire à coté de la station était recouvert de cendres.

Je suis ensuite allée me balader à travers le plateau. Malgré le vent fort et froid, le lieu était magnifique, entièrement recouvert des grandes herbes jaunes comme sur le Yufudake. Ce sont en fait de grandes herbes vertes en été qui jaunissent en hiver. Pour garder ces grands espaces seulement couverts d’herbes et pour éviter que la forêt ne repousse, tous les étés, les habitants brûlent les herbes afin qu’elles se renouvellent. J’avoue que je trouve cela un peu barbare de bruler la nature pour la façonner à notre image mais c’est vrai que ces grandes étendues d’herbes sont magnifiques. J’ai fait l’ascension du Kishima-dake (1270 mètres d’altitude). Un sentier fait le tour de la crête du cratère avec une vue complètement fantastique sur d’un coté la caldera en dessous et le Mont Komezuka (petit cône volcanique culminant à 900 mètres dont la forme ronde est géométriquement parfaite) et de l’autre coté le plateau avec les différents pics et le cratère fumant. Je me sentais au sommet du monde.

Le lendemain j’ai repris le bus pour retourner sur le plateau. Je voulais faire l’ascension de l’Eboshi-dake (1337 mètres) avant de quitter Aso. Mais contrairement à hier, il faisait tout gris et le plateau était couvert de brume et de givre. La balade fut moins belle. Par contre, en attendant le bus qui montait au plateau, j’ai rencontré Céline, jeune française en working holiday comme moi et au Japon depuis huit mois ! Nous avons rapidement sympathisé et avons fait la balade ensemble. Ce fut l’occasion d’échanger de nombreux détails et anecdotes. Elle a fait pas mal de woofings elle aussi et à travaillé pas mal de temps à Kyoto. Ce fut une très belle rencontre. C’est avec regrets que j’ai quitté Aso. Le lieu regorge de randonnées superbes que j’aurais bien faites avec plaisir.

Passage en ville à Kumamoto

Samedi 26 Décembre, arrivée en soirée à Kumamoto, situé sur la côte Ouest de Kyûshû. Mon auberge Hostel and Dyeing Nakashimaya était très sympathique. Pleins de vieux objets, armures et grandes malles traditionnelles et le dortoir était en fait une  chambre recouverte de tatamis, où les lits n’étaient séparés que par de petites cloisons en bois. J’y ai rencontré trois coréens très sympathiques : Shobi, une jeune fille de 27 ans qui fait de jolis dessins, Kimnuri, jeune fille de 21 fashion designer et Sangkyu, jeune homme de 23 ans qui étudie le français depuis deux ans ! Passionné de vélo, il a notamment fait Paris – Marseille en vélo il y a quelques années. Ils était tous en vacances pendant une dizaine de jours au Japon (ils ne se connaissaient pas avant que l’on commence à discuter). La soirée fut très sympathique et intéressante.

J’ai passé mon dimanche et mon lundi matin à me balader dans Kumamoto. Visite du château édifié aux alentours de 1605 par le daimyo Kiyomasa Katô et ayant servi de refuge aux rebelles au nouvel ordre impérial lors de la révolte de Satsuma en 1877. 

La rébellion de Satsuma (西南戦争, Seinan Sensō, la guerre du Sud-Ouest) est une révolte du clan des samouraï Satsuma contre l’armée impériale japonaise, qui éclate en l’an 9 de l’ère Meiji, en 1877. Les samouraïs de Satsuma se montraient de plus en plus critiques des initiatives du gouvernement. La modernisation du pays avait pour conséquence la disparition de la féodalité, annihilant ainsi la structure sociale traditionnelle. Pour les samouraïs, cela représentait la perte de leur statut social, de leurs privilèges et de leur position de pouvoir, mettant en danger de surcroit leur situation financière et les valeurs qu’ils défendaient. – Wikipédia

Visite également du Kyu-Hosokawa Gyobutei (résidence militaire du seigneur du clan Hosokawa-Gyobu construite au 17ème siècle) et du jardin Suisenji Jojuen représentant les 53 étapes du Tôkaidô (ancienne route reliant Tokyo à Kyoto à l’époque d’Edo). Le jardin était très beau mais je n’ai pas vraiment réussi à voir les différentes étapes à part le Mont Fuji miniature, à la forme parfaitement reconnaissable.

Dans l’après-midi, j’ai pris le ferry pour rejoindre la péninsule de Shimabara à l’ouest de Kumamoto. Les mouettes nous ont accompagnées tout le long. Les gens leur donnaient à manger et elles se précipitaient en faisant des cabrioles dans les airs pour attraper leur pitance. C’était très impressionnant !

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