Entre traditions et modernité. Voyage au Japon de Novembre 2015 à Avril 2016.

Le temps d’un weekend à Nagoya

Visites touristiques à Nagoya entre univers Ghibli, château et musée Toyota.
12 mars 2016
Nagoya, Honshu, Japon © Claire Blumenfeld
CARNET

Nagoya se situant à une petite heure de train de Tajimi, je profite d’un weekend pour aller la visiter. Première étape : le parc d’Aichi dans la commune de Nagakute située dans les collines orientales de Nagoya. Le parc fut le lieu de l’Exposition Internationale spécialisée de 2005. (Les expositions internationales sont des expositions publiques se tenant à travers le monde depuis le 19ème siècle. Plus d’infos sur wikipédia). L’exposition d’Aichi avait pour thème “La sagesse de la nature”. De nombreux pavillons furent construits dans le parc dont une réplique de la résidence de la famille Kusakabe que l’on voit dans le film “Mon Voisin Totoro” de Hayao Miyazaki ! Le film se déroulant dans les années 50, la bâtisse fut construite en utilisant d’anciennes techniques de construction datant des débuts de l’ère Showa (1926-1989). Vous connaissez mon amour pour les films du studio Ghibli, je n’allais pas rater ça ! Surtout que la maison de Satsuki et Mei (les deux petits héroïnes) est de toute beauté dans le film. Pour ceux qui n’aurait pas vu “Mon Voisin Totoro”, je vous invite à le visionner au plus vite ! 

Je traverse donc le parc pour accéder au lieu où se trouve la maison. Première déception, la visite se fait en groupe avec un guide. Impossible de la visiter seule. (Moi et les visites guidées, c’est pas le grand amour. Je trouve que cela tue l’immersion. Et une visite guidée en japonais n’a pas grand intérêt pour moi). Me voila donc à suivre la petite troupe d’une quinzaine de personnes. Arrivée devant la bâtisse, deuxième déception:  l’environnement n’est pas du tout le même ! Dans le film, la maison est construite dans une petite prairie entourée d’une forêt. La reconstruction est elle, construite sur un sol de terre blanche sur les berges d’un petit lac. Rien à voir ! Bon, oui je sais je râle un peu. Mais le groupe, plus la guide avec son mégaphone, plus l’environnement différent me sortent complètement de la vision du film. Je vois bien le décor mais j’ai du mal à ressentir l’atmosphère du film. Malgré ces quelques petites déception, la maison est quand même très belle et si on met de coté l’environnement, elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle du film. L’intérieur (photos interdites, hélas) est rempli de petits détails que l’on retrouve dans le film. Et on peut toucher à tout ! Ouvrir les placards et meubles, fouiller parmi les fournitures, feuilleter les cahiers à dessins de Mei, actionner la pompe à eau… Le bureau du papa de Satsuki et Mei est plein de livres, cartes, notes, en équilibre précaire comme dans le film. C’est l’endroit où je retrouve le plus l’atmosphère du film. Pour voir l’intérieur de la maison, je vous invite à aller jeter un oeil à cet article et celui-ci. La visite ne durant que trente minutes, c’est un peu la course. Je repars un peu déçue mais néanmoins contente d’avoir pu visiter dans la réalité un des décors des films du studio Ghibli.

J’arrive à Nagoya vers 15h de l’après-midi. Le temps s’est assombri. Nagoya est une des plus grandes villes du Japon. Elle fut grandement bombardée pendant la Seconde Guerre Mondiale et la plupart des bâtiments ont été reconstruits récemment et ne sont pas très beaux. Béton et barres d’immeubles quand tu nous tiens. Au delà de cette déception architecturale dont je commence à être habituée, Nagoya est la patrie de naissance d’un nombre impressionnant de personnalités japonaises dont trois “héros” du Japon dont je vous ai déja parlé : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu, les trois unificateurs du pays pendant la période Sengoku (période de turbulences en de violences s’étendant du milieu du 15ème jusqu’à la fin du 16ème siècle). C’est également à Nagoya que se trouve le siège social et plusieurs usines de Toyota, premier constructeur automobile japonais.

Je passe faire un tour au Noritake Garden. Noritake est un des plus célèbres fabricants de porcelaine du Japon dont la création remonte à plus de 100 ans. Les jardins aménagés en 1904 se tiennent sur les terrains de l’ancienne usine de l’entreprise et possèdent de jolis bâtiments de briques rouges et d’impressionnantes cheminées. Les jardins abritent aussi le Centre Artisanal. N’ayant au début pas prévu d’aller le visiter, je change d’avis, étant intéressée par en apprendre plus sur les porcelaines Noritake. C’est probablement la meilleure décision de la journée et également une des meilleures visites que j’ai faite depuis que je suis au Japon. Les deux premiers étages du centre sont consacrés au déroulement de la production. Une véritable petite usine. Je déambule au milieu des ouvriers, les observant en train de travailler. Modelage de l’agile, création des moules, assemblage, finitions au rez-de-chaussée puis peinture à la main, décalquage, revêtement de dorures, contrôle qualité au premier étage. Extrêmement intéressant. Les créations (vaisselle, vases, sculptures) sont toutes plus belles les unes que les autres. Voir les artistes peindre en direct avec une précision et une agilité minutieuse m’éblouit les yeux. Les photos sont interdites, cela est compréhensible. Déjà qu’il y a des gens qui déambulent toute la journée dans l’atelier pour les observer, je comprends que les artistes ne veuillent pas se faire prendre en photo. Je vous mets une photo de la brochure plus bas. Le musée au 2ème et 3ème étage est dédié aux collections de vaisselles qui ont fait la renommée de Noritake. L’ensemble est un vrai bijou. Les porcelaines sont toutes très belles et certaines possèdent des designs absolument fabuleux.

Je ressors du Noritake Garden des étoiles plein les yeux. Cap sur le temple Osu Kannon dans le centre de Nagoya. Le temps que j’y arrive, il fait nuit et la pluie s’est mise à tomber. Le temple fait partie des trente-trois Kannon d’Owari, succession de temples bouddhistes se trouvant à l’ouest de la préfecture d’Aichi, tous consacrés à la déesse de la compassion, Kannon. Le temple Osu Kannon abrite environ 15000 classiques japonais et chinois dont la plus ancienne copie écrite à la main du Kojiki, décrivant l’ancienne histoire mythologique du Japon. L’intérieur du temple est rempli de statues et d’or. Dans la nuit tombante et le mauvais temps, le lieu dégage un fort sentiment de paix.

Dernière étape pour ma première journée à Nagoya, le sanctuaire Atsuta Jingû. Existant depuis plus de 1900 ans, le lieu abrite une réplique du kusanagi-no-tsurugi, sabre coupeur d’herbe sacré qui selon la légende aurait été offert à la famille impériale par la déesse du soleil Amaterasu. Le sanctuaire se trouve au milieu d’un petit parc de vieux cyprès. Dans la nuit noire, éclairé seulement par quelques lanternes, le lieu baigne dans une ambiance mystique. Marcher sous les cyprès dans la nuit me laissera une forte impression. Par contre le temple en lui-même pas tellement puisque n’étant que très peu éclairé, je n’ai pas vu grand chose. En ressortant du parc, je suis éblouie par les lumières de la ville et des affichages publicitaires qui dessinent des contrastes dans la nuit. Après l’ambiance mystique du sanctuaire, le retour à la réalité est un peu brutale.

Le lendemain, je me rends au Château de Nagoya. Dans les jardins, des pruniers sont en fleurs ! Touches de rose et de blanc que je prends au début pour des cerisiers. Mais non il s’agit bien de pruniers, ceux-ci fleurissant à la fin de l’hiver. Le château originel fut construit entre 1610 et 1614 par Tokugawa Ieyasu mais fut détruit pendant la seconde guerre mondiale. La structure actuelle date de 1959. Au sein du château se trouve de jolies collections où les photos sont autorisées pour une fois ! Originellement construit en 1615, le palais Honmaru situé à coté du château fut lui aussi entièrement détruit pendant la guerre. La reconstruction du palais a débuté en 2009 et devrait normalement se finir en 2018. Actuellement un tiers est visitable. Entièrement reconstruit en bois, le palais abrite différentes salles où étaient reçus les visiteurs et où se tenaient les audiences. Mais le plus impressionnant reste les peintures dans un style traditionnelles sur feuilles d’or recouvrant l’ensemble des paravents et portes coulissantes. Je marche à travers les salles, éblouie par tant de couleurs et de beauté. Tigres, faisans, pins et cerisiers en fleurs s’étalent devant moi. C’est probablement l’une des plus belles choses que j’ai vu.

En ressortant du palais je vais voir une représentation costumée se tenant dans les jardins et mettant en scène les trois héros : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu. Les acteurs jouent dans un style très (très) théâtral plein d’emphase et de postures étudiées. C’est assez drôle. La fin du spectacle se conclut sur une chorégraphie dansante ! Les jardins du château sont également le lieu de rassemblement de tous les cosplayers du coin. Les cosplayeurs sont des gens qui jouent le rôles de personnages de films, animes, jeux vidéos et imitant leurs costumes, maquillage… Certains costumes sont magnifiques. Poses étudiées et prises de photographies en masse par tous les touristes en visite. Une convention doit probablement être organisée dans la journée puisqu’en sortant de l’enceinte du château je croise un nombre impressionnant de jeunes se dirigeant vers les jardins.

Dernière étape de mon weekend à Nagoya, le Musée Toyota de l’Industrie et de la Technologie. Avant de devenir le plus grand constructeur mondial d’automobiles, Toyota a débuté ses activités par le tissage. C’est à la fin du 19ème siècle que Sakichi Toyoda (oui, avec un “d”) se lança dans la construction de métiers à tisser. Ces inventions ingénieuses lui permirent de développer son entreprise. C’est son fils, Kiichiro Toyoda, qui impressionné par un voyage en Europe, décida de se lancer malgré les critiques, dans la construction d’automobiles. Persévérant malgré les difficultés et dépensant beaucoup d’argent dans les recherches en études de mécaniques et matériaux, il ne tarda pas à rencontrer le succès.  C’est en commençant à s’implanter à l’étranger que Toyoda changea son nom en Toyota, trouvant que cela sonnait mieux aux oreilles des non-japonais.

Le musée est séparé en deux pavillons. Celui dédié au tissage présente tout un tas de machines à tisser des plus anciennes au plus récentes avec du personnel faisant des démonstrations. Le pavillon sur l’automobile décortique en détail la construction de voitures : les machines utilisées, les types de matériaux, les différents types de moteurs, la constructions d’un prototype… Point d’orgue de la visite, un gigantesque hall présente une collection des voitures emblématiques ainsi que des machines de chaînes d’assemblage pouvant être activées à loisir afin de voir la construction de A à Z d’une automobile. L’ensemble est très intéressant mais le contenu est tellement énorme que je n’ai pas le temps de tout voir.

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