Périple à la découverte de soi-même. Cinq mois de Juillet à Octobre 2019 à travers l’Écosse et l’Islande.

Hornstrandir, la péninsule dans le brouillard

Randonnée de quatre jours à travers la réserve naturelle d’Hornstrandir.
2 octobre 2019
Hornstrandir, Islande © Claire B. - Merci de ne pas utiliser sans autorisation

Dans le bateau, un groupe de passagers chantent des chansons en Islandais. Ils vont à Grunnavik. Sur la grande péninsule à l’Ouest du Dangajökull, le grand glacier des fjords de l’ouest, juste en dessous d’Hornstrandir. Cela fait dix ans, chaque première semaine de Septembre que le groupe se rassemble. Ils sont amis d’enfance. Ils se retrouvent pour passer quatre jours dans une des petites maisons posées au bord de l’eau en bordure des falaises. Quatre jours pour se relaxer en pleine nature avant que l’hiver ne s’installe définitivement. Moi aussi j’ai choisi de passer ces quatre jours en pleine nature. Mais sur la péninsule d’Hornstrandir. La réserve naturelle tout en haut de l’Islande. L’un des endroits le plus au nord. Un lieu rempli de végétation, de brouillard et de renards polaires. Un ancien plateau basaltique où se trouve les plus anciennes roches d’Islande. J’ai laissé Isafjördur où je viens à peine d’arriver pour embarquer dans un petit bateau qui fend les vagues. Il me dépose à Veidileysufjördur, un des petits fjords de la péninsule. Quatre guides de la compagnie Borea Aventures débarquent en même temps. Ils filent à toute vitesse sur le chemin. Ils vont au même endroit que moi, la petite baie d’Hofn, plus au nord, pour démonter un petit refuge d’été temporaire à destination des randonnées organisées. L’été est finie et l’Islande est en train de fermer boutique.

Je monte tranquillement dans la petite vallée marchant au milieu de la végétation. Bruyère, myrtilles, herbes, bouleaux nains, lichens, mousses. Une profusion qui tranche avec le reste de l’Islande. L’absence de moutons y est pour quelque chose. Tout autour, de grandes falaises-montagnes se lancent vers les cieux, le sommet dans les nuages. Le petit fjord Veidileysufjördur s’étire dans l’horizon et je distingue au loin les falaises de la baie d’Isafjördur. De jolis cairns signalent le chemin à suivre. Mais je monte vers le col à 500m, le col Hafnarskard, dans le brouillard. Me voilà de nouveau aveugle et des souvenirs de la randonnée d’Askja, effectuée il y quelques jours, me reviennent en mémoire. Les cairns disparaissent petit à petit et le chemin avec. Je ne sais pas où aller. Je ne sais pas où je suis. D’un seul coup, les lieux si impressionnants se sont transformés en un endroit dangereux. J’hésite un peu mais renoncer maintenant juste en début de randonnée, j’ai du mal à l’accepter. Et puis il me faut rejoindre Hesteyri dans un autre fjord, là où le ferry doit me récupérer dans quatre jours. Je continue de monter, à tâtons, cherchant désespérément dans le brouillard la trace d’un cairn où d’un éventuel chemin. Une grosse masse apparait devant moi et me voilà arrivée au col. Un cairn signale la fin de la montée et le début de la descente de l’autre coté. Le chemin est réapparu. Je soupire de soulagement mais celui-ci est de courte durée. Quelques mètres plus bas dans les cailloux j’ai de nouveau perdu la trace. Très bien. Allons à travers, tout droit. De toute façon il faut redescendre. Avec un peu de chance je vais repasser sous les nuages rapidement. Je me dirige, espérant être dans la bonne direction, évitant névés et petits lacs apparaissant comme des fantômes au dernier moment. Je descends à aveuglette, mais le brouillard est toujours là. L’inquiétude qui occupe une partie de mon cerveau se fait de plus en plus grande et je m’imagine complètement perdue, obligée de monter la tente dans les cailloux en attendant une amélioration. J’ai la tente, j’ai de la nourriture, tout n’est pas catastrophique. Je suis sur le point de sortir la boussole lorsque le brouillard se dissipe doucement et j’aperçois la vallée en dessous. La baie d’Hofn, grande masse noire dans le paysage floue apparait à l’horizon. De nouveau un grand soupir. Pas de cairns, pas de chemin mais au moins j’ai retrouvé la vue. Le brouillard file au dessus de ma tête et je distingue au loin les grandes falaises d’Hornbjarg, le lieu le plus visité d’Hornstrandir. Une rivière aux multiples lits forme un dessin fascinant dans le paysage austère. Avec le mauvais temps, les lieux diffusent une atmosphère sinistre. Je descends à travers, me dirigeant vers la baie. Plateaux après plateaux. La végétation s’enfonce sous mes pas. Cailloux. Mousses. Bruyères. Herbes. Tourbières. Me voilà arrivée dans la plaine, la grande plaine tourbeuse qui recouvre la vallée. Près de la mer, j’ai aperçu une maison et le refuge d’urgence, petite boite rouge visible au loin. Mes chaussures sont mouillées à force de marcher dans l’herbe gorgée d’eau. Mais cela n’a pas d’importance. Le soleil est revenu et les lieux sont baignés d’une lumière rassurante. Le col si effrayant est presque entièrement dégagé maintenant. Les joies du climat Islandais. 

Veidileysufjördur.

La baie d’Hornvik.

Un petit cottage vide et les dessins sur le sable noir. 

Je récupère enfin le chemin. Dans le brouillard j’étais partie bien plus à l’Est que ce qu’il fallait. Une petite maison jaune apparait dans la lumière. Il n’y a personne. Une ancienne ferme transformée en résidence d’été ? Suivie de l’aire de bivouac, déjà dans l’ombre, au bord de la mer. De l’autre coté, les falaises d’Hornbjarg sont presque dégagées. Un monsieur Allemand campant lui aussi m’informe que c’est son sixième jour sur Hornstrandir. Il a fait la grande boucle. Demain il suivra le chemin que j’ai suivi (et perdu) aujourd’hui. Une boule de fourrure noire apparait. Un renard polaire ! Il fouine autour du camp, pas sauvage pour deux sous. Il a l’habitude des restes abandonnés par les campeurs. Il semble bien petit. S’agit-il d’un jeune adulte ? Plus tard sur la plage j’en distingue un deuxième filant à toute vitesse, une grosse tâche blanche dans la gueule. Un oiseau ? Un poisson ? Dans la lumière du soir qui tombe sous un ciel plus clément, je réalise que je suis enfin sur Hornstrandir, l’un des endroit où je voulais vraiment me rendre lors de mon séjour en Islande. C’est ma dernière grande randonnée Islandaise.

Le lendemain je laisse ma tente à l’aire de bivouac pour aller me balader sur les falaises d’Hornbjarg. C’est le lieu le plus oriental d’Hornstrandir et le plus septentrional des Fjords de l’Ouest. Fait d’entailles et de pointes s’élevant jusqu’à 534m de hauteur. Le lieu est rempli d’oiseaux et était autrefois un lieu très couru des quelques habitants de la péninsule. Ils y chassaient les oiseaux et ramassaient les oeufs. Mais les falaises d’Hornbjarg sont dangeureuses et de nombreuses personnes y ont perdu la vie. Aujourd’hui, Hornstrandir n’est plus habitée, soumise à des conditions climatiques trop difficiles. Seuls quelques randonneurs et habitants de l’été viennent apprécier les paysages sauvages et observer les oiseaux depuis les hautes falaises.

Les nuages obstruent le ciel mais pas de brouillard pour l’instant. Je traverse la grande plaine le long de la plage de sable noir puis le petit estuaire. C’est marée basse, la rivière est peu profonde. Un petit sentier file en bordure de la plage puis à l’assaut des collines. Personne. Quelques rayons de soleil percent les nuages alors que j’atteins le sommet d’Horn, le bout des falaises le plus au nord d’Hornstrandir. C’est le vide juste devant moi. La grande mer infinie. Les murs verticaux plongent dans la mer et des mouettes et goélands font des acrobaties dans les airs. Ils fendent le vent dans un bruit de fusée qui me surprend par moments. Je longe la falaise, observant sans trop m’aventurer au ras du bord si un macareux moine ne se cacherait pas par là. Je gravis Midfell, une grande falaise au milieu de la pointe. La montée est courte mais sacrément raide. Juste en bordure de l’océan, 400m plus bas, j’ai un peu le vertige. La vue sur la baie d’Hofn s’étend magnifique sous mes yeux. Mais de gros nuages noirs annonciateurs de la pluie à venir sont visibles au loin. J’ai beau regarder attentivement les falaises, pas de macareux. Ils sont probablement déja partis. Mais plein de mouettes et goélands qui piaillent et font des vocalises.

Depuis le haut de Muli, la troisième falaise au milieu d’Hornbjarg, je redescends dans la vallée en dessous. J’ai encore perdu le chemin. La trace est peu marquée et les cairns inexistants. Et les chemins indiqués sur ma carte ne semblent pas exister. Mais la mer n’est pas loin et la côte à suivre pour rentrer à l’aire de bivouac facile à suivre. C’est marée haute cette fois-ci et les vagues claquent juste à coté de moi. Le squelette d’un phoque gît entre deux gros cailloux. Il ne reste que les nageoires arrières, peut-être trop dures pour être dévorées. Je contourne l’estuaire rempli d’eau bien trop profonde pour que je traverse comme à l’allée. Le guet se trouve plus loin dans l’intérieur de la vallée. Le brouillard est en train d’avaler le sommet des montagnes. Des groupes de mouettes s’envolent par centaine à mon approche. Je traverse, dans le sable noir qui s’enfonce sous mes pieds nus. Des empreintes d’oiseaux et de renards se mêlent à des empreintes de pas. Un drôle de sentiment à pris possession de mon esprit. Je me sens un peu lasse et légèrement déçue. Sans trop savoir exactement pourquoi. Peut-être est-ce le mauvais temps qui arrive. Peut-être est-ce la randonnée d’aujourd’hui, belle mais pas autant que ce que je m’imaginais. Peut-être est-ce les lieux si beaux mais si austères qui me filent le bourdon. Toujours est-il que le sentiment que j’ai déja ressenti quatre jours auparavant est de retour. J’ai envie de rentrer. De retrouver les paysages Européens plus hospitaliers. Après presque six semaines en Islande, j’ai le mal du pays.

Un jeune renard polaire.

La falaise d’Horn à gauche et la baie d’Hornvik à droite.

Les guides de la compagnie Borea Aventure ont presque fini de démanteler la grande tente qui servait de refuge d’été. Ils sont en train de ranger les dernières affaires qui trainent. Cinq silhouettes apparaissent. Une guide et des touristes en tour organisé à la journée. Ils repartent avec le petit bateau qui vient les chercher vers 18h. Les guides emportent avec eux leurs dernières affaires. Ils traversent la baie en zodiac pour atteindre de l’autre coté une maison en bord de l’eau devant laquelle je suis passée plus tôt dans la journée. Ils vont dormir là bas, probablement. Moi, j’en profite pour remballer mon sac et ma tente et élire domicile dans la petite boite rouge, le refuge d’urgence. Il doit pleuvoir beaucoup cette nuit et demain matin et je préfère être à l’abri. Et puis avec les guides partis, je me retrouve toute seule dans la grande baie sauvage en train de se couvrir de brouillard. Je me sens un peu effrayée et l’inquiétude de la journée prochaine, probablement difficile à cause du mauvais temps, occupe mes pensées. Dans la pénombre du soir qui arrive, j’aperçois depuis mon refuge, deux petits renards qui s’amusent sur la plage. Pelage noir sur sable noir. Presque invisibles. Ils se chamaillent, courent et se sautent dessus. Ils ont l’air si insouciants.

Le vent fait vibrer les câbles qui maintiennent en place le refuge d’urgence. La tempête est arrivée et la pluie s’abat sans interruptions depuis minuit. J’ai du mal à dormir. Heureusement que je suis dans l’abri. La lumière apparait doucement au rythme lent des heures qui passent. La baie est dans le brouillard et les lieux remplis d’eau. Je me suis emmitouflée dans des couvertures bienvenues laissées dans le refuge. J’ai mal à crâne, inquiète sur ce qui va suivre. La pluie va t’elle s’arrêter comme prévu à la mi-journée ? Vais-je réussir à faire la dizaine de kilomètres pour rejoindre le prochain refuge sur un chemin gorgé d’eau ? Un passage difficile m’attend à peine deux kilomètres plus loin du refuge où je suis. Un passage en bordure des falaises, très exposé et impressionnant. Va t’il être passable cette après-midi ? Et puis si je suis obligée de rester ici aujourd’hui, vais-je réussir à faire les 25-30 km restants, demain, en une journée pour rejoindre Hesteyri, là où le ferry doit me récupérer dimanche soir ? Et si je n’y arrive pas, comment vais-je contacter le bateau pour demander de l’aide ? Tant de questions dans ma tête. J’ai envie de rentrer. De quitter ce monde menaçant. Il n’y a rien à faire ici, il n’y a pas de réception. Et puis la batterie de ma tablette est presque vide. Je ne peux pas continuer à écrire. Je n’ai rien à faire à part attendre et écouter la pluie qui tombe et le bruit des vagues qui vont et viennent. Et penser. Penser à la suite, à l’après Islande, au futur. Mon esprit lui aussi est dans le brouillard.

Un reniflement étrange venant de la mer me surprend alors que je mets les pieds dehors pour évaluer le temps. Une tête à moustache émerge de l’eau à quelques mètres du rivage. Un phoque tacheté se prélasse là devant moi. Il a le nez tendu vers le ciel. La pluie a enfin cessé. Et les rafales de vent si violentes sont en train de diminuer doucement. Quelques rayons de soleil font même leur apparition. Il fait plus chaud à l’extérieur qu’à l’intérieur de ma boite. Je déjeune rapidement prête à partir. Mais la pluie reprend de nouveau. Alors j’attends encore regardant filer les heures. Vers 15h, il pleut toujours mais je n’en peux plus d’attendre, je veux partir. Savoir enfin si le chemin va être passable ou non. Alors je m’en vais sous les gouttelettes de moins en moins fortes, bien décidé à atteindre le prochain refuge même si je dois y arriver de nuit. Une trentaine de minutes plus tard, me voilà arrivée au niveau d’un rocher en bord de mer à grimper à l’aide de cordes. Un petit renard pointe son nez alors que j’entame la montée et me dépasse tranquillement sans me prêter attention. Je franchis le rocher facilement et continue le long du petit chemin suivant à flanc. Me voilà déja arrivée à Rekavik, la petite vallée suivante. C’était ça le passage difficile ? Les 300m exposés en bord de mer ? Mais où étaient-ils ? Les informations données par le monsieur Allemand me semblent un peu erronées. Je me suis fait un sang d’encre à cause de cela. Je me traite d’idiote. Et me dis que mon père a décidément bien raison : de nos jours on pêche souvent par un excès de prudence.

Une masse blanche brumeuse apparait avalant le col alors que j’y suis presque arrivée. Le brouillard lui aussi traverse les montagnes via les cols. Heureusement il s’effiloche et disparait s’évaporant dans l’air. De l’autre coté, je traverse la jolie vallée pierreuse d’Ardalur. La brume va et vient au rythme des bourrasques. Je suis de gros cairns bien visibles. Des cygnes sauvages et oies cendrées s’envolent par dizaine à mon approche. J’observe leur vol en file indienne ou en triangle. Comme je voudrais être un oiseau. Et puis soudain le soleil apparait de nouveau, cette fois pour un long moment. Comme d’habitude les lieux semblent instantanément différents, moins dangereux. Du haut du col Skalarkambur j’aperçois la baie d’Hloduvik en bas. Une ferme et une petite boite rouge dans le lointain. En haut de ce col si impressionnant, en regardant les grandes falaises qui m’entourent, je me dis que je suis probablement une des dernières personnes à marcher pendant plusieurs jours sur Hornstrandir. Après mon passage, les lieux vont bientôt s’emmitoufler de neige et retrouver le calme complet.

La vallée d’Ardalur.

Un refuge d’urgence à Hloduvik.

La magnifique baie d’Hloduvik dans la brume.

La ferme peinte en jaune est faite de plusieurs petites maisons. Je regarde par les fenêtres découvrant l’intérieur en bois d’une maison d’aujourd’hui. Encore un cottage d’été. Je continue le long de la plage pour atteindre le refuge d’urgence mais une grande rivière me bloque le passage. L’eau est profonde et je remonte le cours d’eau jusqu’à trouver un passage praticable. Presque 19h et me voilà enfin arrivée. Le refuge est beaucoup mieux que le précédent. Même boîte mais en meilleur état et sans fourbi à l’intérieur. Larubud, de son joli nom. J’ai atteins ma destination sans encombres et le temps est en train de s’améliorer. La baie d’Hloduvik me semble bien moins austère que celle d’Hofn. Des troncs blancs délavés gisent sur la plage. Je suis heureuse. Heureuse d’être là, seule sur Hornstrandir, au milieu de ces paysages si impressionnants. Partout les falaises sont découpées de grands creux. C’est tout ce qu’il reste des gigantesques glaciers qui recouvraient Hornstrandir il y a des années. J’écoute le bruit des vagues et contemple l’horizon devant moi, me perdant dans la contemplation d’un coucher de soleil à moitié visible à travers la brume qui enveloppe doucement les lieux dans la nuit qui tombe. Je me sens un peu coupable, étrangement, de trouver les lieux si beaux, si idylliques alors que j’ai passé une longue nuit et matinée à vouloir partir d’ici au plus vite, effrayée par un paysage menaçant. Mon petit refuge d’urgence, ma boite rouge, ressemble à une soucoupe volante. Ou une station d’astronomes. Là, posée dans la baie contemplant ce paysage si différent j’ai un peu l’impression de me retrouver sur un autre monde.

La dernière journée passe comme dans un rêve. Je marche tranquillement suivant le chemin qui monte jusqu’au col Kjaransvlkurskard. Le fjord Hesteyrarfjördur apparait de l’autre coté. Une longue langue bleue qui s’enfonce entre les falaises. À l’exception du cri des groupes de cygnes et canards, c’est le calme complet. La paix absolue. Je marche le long du long plateau rocailleux surplombant le fjord. Des kilomètres de moraines recouvrent le sol. De gros cairns s’étirent en file indienne dans le paysage. Petites tourelles de pierres. Certains sont de véritables oeuvres d’arts. Quel âge ont-ils ? Le soleil apparait et disparait entre les gros nuages noirs. Je marche avalant les kilomètres sans m’en rendre compte. Et déja Hesteyri apparait dans le paysage. Les restes d’un ancien village. Le seul village d’Hornstrandir. Aujourd’hui la quelque dizaine de maisonnées restantes ne sont utilisées que comme cottages d’été. J’atteins le village en milieu d’après-midi. Des draps pendent à coté d’une maison. Je croyais les lieux déserts. Je passe devant la baraque et sursaute presque à la vue d’une visage qui me fait signe à travers la fenêtre. Quelques mètres plus loin, un homme remonte de la plage en caleçon de bain. Mais que font-ils là ? S’agit-il de visiteurs ou de locaux ? Sont-ils Islandais ? Je rejoins la petite jetée où le bateau qui m’a déposé à l’allée doit me récupérer à 18h. Trois heures à attendre. Il pleut légèrement. Un petit cabanon ouvert où sont entreposé un petit bateau et des cannes à pêche sera mon refuge en attendant. Les heures passent lentement. Une petite boule de plumes titille au dessus de moi explorant les lieux. Mes habits et chaussures sentent le chien mouillé. Je suis contente de rentrer, de retrouver Isafjördur. Cette dernière randonnée Islandaise fut une belle expérience, plus dure et plus sauvage que ce que je ne m’imaginais. Avec un mélange d’émotions et des paysages magnifiques. Le bateau arrive enfin dans le lointain mais semble se diriger vers le prochain fjord. Que se passe t’il ? Va t’il me laisser là ? Heureusement les personnes de la maison qui s’avère en fait être un petit café encore ouvert, contactent le capitaine par radio. Une confusion sur la liste des personnes à récupérer m’a presque fait passer une autre nuit imprévue sur Hornstrandir. Le bateau récupère d’autres randonneurs et touristes avec guides. Le retour est un peu long, ballotté par les vagues. Mais au milieu du détroit d’Isafjardardjup une surprise m’attend. Deux baleines se prélassent à la surface de l’eau ! Deux baleines à bosse dont je ne distingue que la nageoire supérieure et la grande queue qui sort plusieurs fois de l’eau. Nous sommes tout proche d’elles et elles se laissent observer pendant quelques minutes avant de plonger vers les profondeurs et le calme de l’océan. Un instant si furtif, si éphémère, si parfait. Un magnifique cadeau pour conclure ma découverte de l’Islande à pied. 

Hesteyrarfjördur.

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