Depuis Novembre 2022, je vis dans un habitat réversible éco-conçu en forme de A, que j’ai auto-construis durant l’été et l’Automne 2022. Situé sur le Tiers-lieu du Mont Colombis et posé à 1400m d’altitude dans les Hautes-Alpes, j’y expérimente un mode de vie plus frugal, respectueux du vivant, en lien avec l’environnement et centré sur le bien-vivre.
Mots-clés : A-frame, démontable, permaculture, low tech, bois, paille, bioclimatisme, pilotis, respect du vivant, aménagement permacole, bien-être
Ce projet est issu d’une volonté de m’ancrer quelque part, volonté apparue à la suite de la trentaine après 4 ans de vie semi-nomade. La pandémie de covid19 et l’immobilisation du monde durant l’année 2020 ont été les déclencheurs d’un changement de vie intégral tourné vers l’écologie. Le maraichage bio, les plantes médicinales, l’habitat écologique et la sobriété énergétique furent les thématiques dans lesquelles je me suis alors plongée. Après avoir effectué plusieurs wwoofings et chantiers participatifs, je me suis reconvertie en 2021 dans l’éco-construction.
La construction de mon habitat est le fruit de deux ans de réflexion, de l’acquisition de compétences professionnelles en éco-construction et de la rencontre avec des paysans-herboristes implantés dans les Hautes-Alpes.
Après avoir découvert l’éco-construction, la permaculture, le bioclimatisme, les low tech et l’impact dévastateur de notre mode de vie occidental sur la planète, il fut clair pour moi, depuis le début de ma réflexion en 2021, que je souhaitais habiter dans un petite structure éco-conçue avec une empreinte minimale sur le sol et me coutant peu cher du fait de mon budget très limité. Ce qui voulait dire :
Le projet à évolué pendant toute l’année 2021, partant de l’idée d’une Tiny House pour aboutir à la conception d’un habitat réversible de 25m2 en architecture A-frame. Je suis d’abord partie sur l’idée d’une Tiny House, attirée par l’idée de pouvoir déplacer mon habitat. La possibilité de pouvoir rester en partie nomade me séduisait mais les contraintes liées au poids (limité à 3,5 tonnes afin de pouvoir être déplaçable par une voiture) empêchant de fait la mise en place d’une isolation thermique suffisante m’embêtaient. De plus le fait qu’un tiers du budget soit consacré à l’achat de la remorque pour une utilisation très occasionnelle (la majorité des gens en tiny ne se déplacent que très peu) m’a fait changer d’avis. Plutôt que de partir sur un habitat déplaçable, je me suis tournée vers les autres types d’habitats réversibles : biodégradables ou démontables.
Au même moment, je me suis associée au projet de Pauline et Jean-Pascal, paysans herboristes dans les Hautes-Alpes que je connaissais depuis 1 an, de développer un espace d’échanges et de formations sur leurs terres. Nous avons donc mis en place le Tiers-lieu du Mont Colombis et créé l’association Milléfolium au début de l’année 2022. L’idée d’implanter un habitat réversible éco-conçu et lieu d’expérimentations sur leur terrain les a séduit et nous avons alors intégré mon projet d’habitat au projet du tiers-lieu.
Je suis alors partie sur la conception d’une structure démontable sur pilotis en bois et isolée en bottes de paille. En me renseignant sur les différents types d’architecture de montagne, je suis tombée sur les maisons en A ou structure en A-frame. C’est le visionnage du film d’Elizabeth Faure sur l’auto-construction de sa maison en A, associé à la simplicité de la structure, son intégration dans le paysage et l’ancienneté de ce type d’architecture que l’on trouve partout à travers le monde, qui m’a orienté sur ce choix.
Inspirations
De gauche à droite :
A-frame House par Lucas Favre
Cabine en paille par Terra Perma
Tiny House Trailer par Invisible Studio
Nid vu nid connu par Studio 1984
Pour en savoir plus sur la notion de réversabilité dans l’habitat et les différents types d’habitats réversibles, je vous invite à aller voir sur le site d’Hameaux Légers qui travaille sur ces thématiques.
Détails de la construction de la structure, avec le levage de la charpente à la main.
La structure en A est une forme d’architecture qui se base sur le triangle. Les maisons conçues selon ce principe n’ont pas de murs gouttereaux. La toiture descend jusqu’à la base de la structure. L’ossature est donc conçue en triangle, forme géométrique contreventée par nature et résistante aux forces et contraintes qui s’appliquent sur elle. Cela en fait une structure ultra solide mais aussi très facile à construire.
L’appellation « maison en A » vient de l’ajout, dans la structure, d’un étage ou mezzanine, qui dessine alors la forme d’un A dans les façades pignons.
La plupart des maisons en A sont conçues selon des triangles équilatéraux avec des angles à 60°. Ce qui fait une pente de toit de 173%. Parfait pour l’architecture de montagne, la neige ne s’accumulant pas sur la toiture et permettant une grande résistance au vent.
L’autre avantage des structures A-frame vient de leur intégration au sein de leur environnement. Le triangle rappelle la forme du houppier d’un arbre, avec de larges branches en bas et de plus petites à la cime. Le fait d’avoir deux grands pans de toiture évoque un abri protecteur, connecté en bas au sol et s’élevant vers le ciel.
J’ai conçu ma maison en m’appuyant sur un triangle équilatéral de 60° et en ajoutant une petite mezzanine. Je n’ai pas vécue la contrainte de la pente de toit élevée comme une contrainte mais comme un appel à la créativité et à l’expérimentation dans l’aménagement intérieur. L’intégralité des meubles et aménagements ont été conçus pour s’adapter à la pente de toit et utiliser chaque espace. Bien que petit selon les standards actuels, l’espace intérieur est très agréable à vivre. Le positionnement de la mezzanine sur la moitié de l’espace intérieur laisse, au niveau du salon, un grand vide sous plafond et une belle impression de grandeur.
Une fois le choix de la forme architecturale fait, je me suis penchée sur la conception de la structure. Il était très important pour moi de construire un bâti le plus écologique possible et le plus confortable à vivre. En m’appuyant sur mes volontés listées ci-dessus et en suivant les principes du bioclimatisme, de la permaculture et des low tech, j’ai conçu un habitat réversible bioclimatique démontable, construit à la main sans utilisation de grosses machines, à majorité en matériaux naturels bruts, esthétiquement beau, parfaitement aménagé, autonome en électricité, s’orientant vers un démarche d’autonomie en eau, et avec un aménagement extérieur permacole.
L’habitat fait 25m2 d’emprise au sol intérieur avec une mezzanine de 7m2 et une terrasse en bois de 15m2. La structure est faite de fondations en bois (19 pilotis en pieux bois de robinier) supportant 3 madriers en douglas. La dalle, posée sur les madriers, est fermée en sous-face par des panneaux d’OSB sans formaldéhyde et est composée de 11 solives, dont 7 servent de base aux triangles de la charpente et est isolée en galettes de paille.
La charpente est constituées de 7 triangles boulonnés aux solives de la dalle accueillant l’isolation en botte de paille. La toiture est composée de la charpente en bois, de l’isolation en paille, de dalles d’agepan pour le contreventement, un pare-pluie spécial montagne pour l’étanchéité à l’eau et un revêtement en planches de mélèze posées à l’horizontal afin de faire écho aux bardeaux traditionnels. Les pignons sont revêtus en extérieur d’un bardage vertical paysan en mélèze.
L’intérieur de la maison est agencé avec des structures en sapin des Hautes-Alpes accueillant la mezzanine, l’ossature des murs pignons et délimitant les espaces : le salon, la salle de bain, la cuisine et la chambre. Au sol se trouve un parquet en Pin des Landes et sur l’intérieur des murs / toiture un revêtement un lambris sapin en bas et une toile en chanvre en haut afin d’avoir deux ambiances différentes et d’expérimenter le matériau chanvre.
Le choix des matériaux s’est fait sur 6 critères :
L’intégralité du bois vient de France. Les pieux en robinier viennent de la Drôme, le douglas vient de Bourgogne et le sapin et mélèze viennent des Hautes-Alpes. J’ai tout acheté en scieries locales en sections brutes. La paille est issu d’un gaec en agriculture bio situé à la Bâtie-Neuve, à 25km de chez moi. Les matériaux liés au confort thermique (pare-pluie, frein-vapeur, agepan, OSB) et à la quincaillerie ont été acheté en magasin de matériaux à proximité. Les menuiseries ont été faites par Artscop Bois en double vitrages, en mélèze des Hautes-Alpes.
J’ai choisi le bois, la paille et le chanvre car tous ces matériaux bio-sourcés sont des matériaux naturels, durables, résistants, très isolants et perspirants (capables de réguler l’hygrométrie de la maison). Ils offrent (avec le matériau terre) un confort thermique incomparable et un ressenti très agréable et chaleureux. J’ai également choisi de faire la charpente en bois brut par volonté de travailler avec des matériaux non transformés et par économie de budget.
J’ai orienté mon habitat plein sud afin de pouvoir bénéficier des rayons du soleil pour assurer un chauffage naturel par le pignon sud fortement vitré et être capable d’orienter la toiture parallèlement aux vents dominants. Le pignon nord possède 3 petites fenêtres et 46cm d’isolation en bottes de paille pour permettre une ventilation naturelle dans l’habitat via les fenêtres tout en minimisant les déperditions thermiques. Beaucoup de mes choix de conception ont été dirigés par la zone géographique où j’ai implanté ma maison : en altitude, en montagne, avec le climat des Hautes-Alpes (très sec et avec de très fortes variations de températures entre le jour et la nuit).
Ma conception a également été orientée par la volonté de créer une structure capable d’être construite et déconstruite en quelques mois seulement sans gros équipements et majoritairement à la main. L’intégralité des assemblages ont été vissés ou boulonnés permettant d’assurer la réversabilité de la structure et la possibilité de réemploi des matériaux dans le futur.
L’adaptabilité et la réversibilité sont au coeur de ma démarche ainsi que la minimisation de l’impact sur le sol et la cohabitation avec le reste du vivant. Plutôt qu’une notion de durabilité associée à une construction « solide, en dur, immuable », qui me semble aller à l’encontre d’une évolution plus écologique du bâti et du respect de notre environnement, je cherche à associer durabilité et résilience. Pour moi la véritable durabilité d’un bâtiment passe par sa capacité d’adaptation, d’évolution, de transformation dans le temps. La vie est faite de mouvements, de changements et de recyclage et nos bâtis doivent intégrer ces principes. Je pense également que la notion « d’habitats réversibles » doit sortir de ses préjugés (habitats fragiles, en matériaux de mauvaises qualités, pour les gens du voyage) pour se déployer à l’ensemble des principes constructifs et infuser le monde du bâtiment. Seule une vision plus respectueuse, adaptative, résiliente et permaculturelle de nos habitats vis à vis de l’environnement et des vivants de toutes espèces permettra au domaine de la construction d’évoluer réellement.
L’architecture bioclimatique est une discipline de l’architecture dont l’objectif est de tirer parti des conditions d’un site et de son environnement. Cette architecture s’adapte aux caractéristiques et aux particularités propres au lieu d’implantation : son climat, sa géographie et sa géomorphologie.
La permaculture est à la fois une science et un art de concevoir des écosystèmes régénératifs en s’inspirant du fonctionnement du vivant. Elle rassemble à la fois une éthique, un ensemble de principes, ainsi que des outils méthodologiques permettant de concevoir tous types de systèmes, du petit potager familial à l’aménagement de bassins versants, en passant par des lieux de vie et des systèmes agronomiques.
La low-tech désigne tout type de produits, de services, de procédés ou autres systèmes permettant, via une transformation technique, organisationnelle et culturelle, le développement de nouveaux modèles de société intégrant, dans leurs principes fondamentaux, les exigences de durabilité forte, d’accessibilité par tous et de résilience collective.
Détails de la construction de la structure, avec la pose du lambris en intérieur.
J’ai commencé la construction de mon habitat le 19 Juin 2022. Le chantier de construction du gros oeuvre a pris 10 semaines étalées jusqu’à fin Septembre. Le chantier de l’aménagement intérieur et des finitions a pris environ 10 semaines étalées de Octobre 2022 à Septembre 2023. J’ai réalisé la moitié de la construction en chantier participatif avec l’aide de ma famille, d’amis et de connaissances de passage. En général nous étions toujours autour de 3-4 personnes.
J’ai décidé de réaliser le gros oeuvre en chantier participatif pour plusieurs raisons :
Toutes les personnes qui sont intervenues sur mon chantier ont été d’une aide très précieuse et de très bons conseils.
Durant le mois de Mai et Juin, j’ai récupéré et acheminé les matériaux jusqu’au lieu du chantier et tout déchargé à la main. Cela n’a pas été une mince affaire étant donné l’accès difficile et la toute petite route.
Nous avons ensuite commencé par faire l’implantation afin de creuser les trous pour implanter le pieux en robinier. J’ai fait appel à un terrassier et sa mini-pelle pour creuser les 19 trous ainsi que la tranchée pour la canalisation d’eau me reliant au forage. Creuser le sol a été extrêmement dur et long même à la mini-pelle car le terrain est très sableux, sec et rocailleux. Nous avons ensuite posé les pieux dans les trous dont la profondeur varie de 60 à 80cm de profondeur. J’aurais aimé atteindre 90cm de profondeur hors-gel mais la difficulté de creuser le terrain lié à mon budget serré ne m’ont pas permis de le faire. Le terrain étant en pente, chaque pieux possède une hauteur différente. Le plus petit se situe à 10cm du sol. Le plus haut à 1m60. À l’aide d’un niveau laser et d’une tronçonneuse nous avons coupé les pieux de niveau et positionné les 3 madriers sur les pieux. Il y a 3 rangées de 5 pieux servant de fondations à la maison et 4 pieux ajoutés devant pour soutenir la terrasse. Nous avons ensuite construit la dalle sur les madriers sans poser l’isolation en paille entre les solives. J’ai posé de mini solives (60x80mm) entre les madriers afin de poser l’OSB, sur lequel est venu se poser les 11 solives de la dalle (60x180mm). Ces étapes ont pris environ 1 semaine.
La semaine suivante a été consacré à la construction de la charpente en triangle. Afin d’accueillir les bottes de paille mesurant 36cm de profondeur, il m’a fallu assembler deux sections de 60x180mm (avec des vis de 24 cm en quinconce et des platines métalliques) afin de créer une section de 60x360mm. Nous avons ensuite levé à l’aide de ficelles et un tire-fort les triangles un à un, chaque triangle venant buter sur des entretoises fixées sur le triangle précédent. Je n’ai mis que 7 triangles et non pas un à chaque solive de la dalle (7 étant largement suffisants structurellement et les bottes de paille étant positionnées à l’horizontal cela permet une économie de bois).
Les 3 semaines suivantes ont été consacrées à la pose de l’isolant et l’étanchéité. Première étape la pose du frein-vapeur en intérieur ainsi que lambris en partie basse et les lames de palettes en partie haute. Comme les bottes de paille allaient être insérées dans la toiture par l’extérieur il était nécessaire d’avoir déjà les couches intérieures afin de maintenir les bottes. Ayant décidé d’avoir la toile de chanvre en intérieur en partie haute et celle-ci étant trop flexible pour retenir les bottes, j’ai fixé des lattes de palettes. L’insertion des bottes de paille dans la structure s’est fait relativement facilement mais cela a été une étape très physique car il a fallu monter les bottes à la main et il faisait très chaud. L’isolation du plancher en galettes de paille (n’ayant que 18cm de hauteur de solive) a été nettement plus facile. La pose de l’agepan et du pare-pluie a été l’étape la plus fastidieuse pour moi car travaillant sans échafaudages (par contrainte de terrain) cela a été long et difficile à cause de la pente de toit très prononcée. En même temps j’ai intégré le conduit de cheminée dans la toiture en réalisant un coffrage rempli de plâtre-vermiculite (matériaux ignifuges) afin de noyer le conduit dedans et d’éviter les possibilités d’incendie.
Les 5 semaines suivantes ont été consacrées au montage de la terrasse, la mise en place des baies vitrées, la pose du lattis pour le bardage, la pose de la première couche du bardage en pignons ainsi que l’aménagement des meubles à l’intérieur. J’ai réalisé tous les meubles en palettes et chutes de chantier. J’ai également récupéré un gros tonneau de 600l que j’ai coupé en deux pour en faire un bac de douche.
J’ai ensuite attaqué le second oeuvre et les finitions, cette fois-ci seule ou avec l’aide de mon compagnon ou de quelques amis. Entre l’Automne et l’Hiver nous avons construit le débord de toit de 60cm en pignon sud et 20cm en pignon nord et posé le revêtement de toiture en lames de mélèze posées à l’horizontale avec un recouvrement de 4cm. Cette étape a été longue (3 bonne semaines) du fait de la pente de toit importante et des finitions autour du conduit du cheminée et au niveau des jonctions des lames. J’ai réalisé 180 « écailles » (petites pièces de bois taillées en forme spécifique) pour recouvrir les jonctions sur toute la hauteur du toit.
Par la suite, principalement les weekends, j’ai continué tranquillement tout l’aménagement intérieur, posé la plomberie et les 2 panneaux solaires, finalisé le bardage avec la pose des couvre-joints, mis en place la pédoépuration afin de filtrer les eaux grises, aménagé l’espace sous la terrasse afin de pouvoir stocker des choses et réalisé milles petits détails pour vivre dans un espace le plus confortable possible.
J’ai pensé l’intérieur de ma maison en fonction de mes besoins et du mode de vie frugal que je souhaitais mettre en place. Etant limitée, par choix, en espace disponible j’ai pensé tout l’aménagement en appliquant trois principes : fonctionnalité, minimalisme, débrouillardise. L’influence de l’architecture japonaise que j’aime beaucoup (minimalisme, adaptabilité des espaces en fonction des besoins, contact avec le sol et limitation d’espace) a été une très grosse inspiration.
J’ai également cherché à limiter au maximum tous les appareils électroménagers et à utiliser un des principes phare de la permaculture : chaque élément assure plusieurs fonctions, et a donc plusieurs utilisations.
Cela s’est traduit chez moi par :
Par volonté de simplification et d’évitement des rayonnements électromagnétiques j’ai limité les réseaux au sein de l’habitat. Les câbles (eau et électricité) sont également visibles et non encastrés au sein des murs afin de pouvoir effectuer facilement des réparations ou adaptations. Le réseau d’eau est constitué d’un évier, d’une douche et d’un chauffe-eau électrique de 15L. Il n’y a pas d’évier dans la salle de bain et les toilettes sont des toilettes sèches.
Le réseau électrique est celui d’un système nomade avec une batterie-générateur reliée à deux panneaux électriques. J’ai choisi ce système nomade afin de pouvoir l’utiliser à la fois dans la maison et également lors de potentiels voyages ou déplacements. La capacité électrique produite par ce système est largement suffisante pour mes besoins (mini-frigo, mini-chauffe-eau, recharge d’ordinateurs, téléphones, batterie de vélo électrique, lampes, utilisation ponctuelle d’outils électroportatifs). Les Hautes-Alpes étant fortement ensoleillées toute l’année j’ai dimensionnée mon système en conséquence. Il n’y a pas de réseau électrique sur la mezzanine, afin de ne pas avoir de perturbations dans la chambre. Je fonctionne avec un système de lampe solaire rechargeable. J’envisage également d’expérimenter la construction d’une petite éolienne domestique Piggott afin d’avoir un second système de production d’énergie.
Tous les déchets ont été pensé en terme de ressources (les déchets alimentaires et les excréments humains créent du compost), les restes d’eau sont utilisés pour le potager, les cartons et papiers usés servent pour l’allumage du feu.
Dans les détails d’aménagements il y a : une table base, un lit futon, un support de rideaux de douche en cerclage de tonneau, des habillages muraux en cordes en chanvre, un escalier rabattable, des rideaux en lin, plein de petites étagères, des grands tiroirs sur roulettes et un mini-poêle nomade que je range les mois d’été.
Depuis l’emménagement dans la maison début November 2022, c’est un émerveillement permanent. J’aime énormément le contact très présent avec l’environnement extérieur, le fait d’être en phase avec les cycles du jour et de la nuit, l’attention permanente aux consommations et production d’énergies, cuisiner avec le soleil, le confort thermique (en plein mois de Janvier 2022, le record du thermomètre affichait 25°C seulement grâce aux rayonnements solaire à travers la baie vitrée du pignon sud) ainsi que la simplicité et le bien-être qui émane de ce mode de vie.
Détails de l’intérieur de la Cas’A : le salon, la cuisine, la mezzanine avec la chambre, la vue depuis le lit, le tonneau-douche et les toilettes sèches.
L’habitat s’insère au sein d’un lieu dont l’agencement suit un design permaculturel afin d’aggrader le territoire, respecter l’environnement et implanter une petite production potagère. Le lieu a été pensé pour s’intégrer au sein du terrain de Pauline et Jean-Pascal de la façon la plus esthétique et la plus fonctionnelle possible. En respectant mes besoins, les besoins de mes amis et les besoins du tiers-lieu, nous avons décidé d’un emplacement sur les hauteurs d’une des parcelles de plantes médicinales et aromatiques située en terrain agricole constructible. Cet espace est accessible seulement à pied, la piste étant située 100m en contrebas. Il est à la lisière de la forêt, des cultures et d’une prairie. Il est orienté plein sud et dégagé offrant une vue magnifique sur le tiers-lieu et la vallée en contrebas.
L’aménagement extérieur est actuellement en train d’être réalisé. La conception de l’espace a été pensé pour associer habitat, production potagère et biodiversité. Cellier semi-enterré, serre bioclimatique, spirale aromatique, petite mare, composts, cultures sur buttes, nichoirs à oiseaux, plantes mellifères, citerne d’eau en pierres, cultures de plantes locales et rustiques vont être mises en place et associées pour créer un éco-système fonctionnant de façon circulaire, en autonomie et favorisant la biodiversité.
Dans la suite des aménagements à venir sur la maison, mon compagnon et moi allons mettre en place des gouttières en bois taillées à la main afin de récupérer l’eau de pluie et construire un petit talus en pierres sèches et un drain à l’arrière de la maison afin de protéger les pieux en face nord de l’humidité.
Ma pratique de la construction s’orientant de plus en plus sur une construction entièrement en matériaux naturels bruts, avec beaucoup de récup et une volonté de réacquérir et transmettre les savoirs anciens et les pratiques à la main, j’aimerais revoir certains aspects de la construction de ma maison pour en proposer une alternative plus écologique. Tous les compromis que j’ai fait lors de la conception/construction de ma maison sont des compromis liés au budget réduit, à l’augmentation très forte des prix des matériaux lors de l’année 2022 et au temps assez court que j’avais de disponible pour construire ma maison.
Pour les fondations, afin de renforcer la résistance des pieux bois sur un temps long, plutôt que d’utiliser le goudron ou une bande bitumineuse, utiliser la technique japonais du Shou Sugi Ban de façon traditionnelle au feu de bois, afin de bruler en surface les pieux et les rendre très très durables. Supprimer le pare-pluie, le frein-vapeur et le compriband produits issus de l’industrie du plastique et du pétrole et proposer une étanchéité à base d’enduits et de résine naturels. Intégrer le matériau terre, (enduit sur paille notamment), afin d’apporter encore plus d’inertie à l’habitat. Expérimenter des fondations à la japonaise, où l’habitat est simplement posé sur des pierres, en alternative aux pilotis bois pour économiser la ressource en bois. Construire tout en matériaux naturels locaux, en bois rond et en assemblages traditionnels et faire appel exclusivement aux scieurs, menuisiers ou forgerons de la région et ne plus se fournir en magasins de matériaux, peu attentifs à la provenance de leurs produits.
Sous la neige, en Janvier 2022
Conception : Claire Blumenfeld
Année de construction : 2022
Budget : 35000€ total – 25000€ pour le gros oeuvre
Lieux : Hautes-Alpes
Surface intérieure au sol : 25m2
Durée de construction du gros oeuvre : 10 semaines
Durée de construction du second oeuvre et finitions : 10 semaines
Gros oeuvre réalisé : en chantier participatif de 3-4 personnes par semaine
Si vous avez des questions concernant le projet, des interrogations techniques, si vous souhaitez visiter, discutez, vous faire accompagner sur un projet similaire, n’hésitez pas à me contacter ! contact@peregrinusmundi.com
MISE A JOUR JUILLET 2024 :
Je reçois actuellement plusieurs demandes par semaine de personnes souhaitant venir ma maison et me poser des questions, que ce soit pour auto-construire ou faire construire.
Je travaille professionnellement dans la construction depuis 2022 (je suis artisane en éco-construction et je m’oriente vers l’accompagnement de projets), je fais également du webdesign et je suis fortement impliquée bénévolement au sein de l’association Milléfolium. Je travaille beaucoup pour essayer de m’en sortir financièrement et mes semaines sont très chargées. Donner des conseils en construction demande beaucoup de temps et d’implication et je ne suis pas en capacité actuellement de répondre à toutes les demandes de façon bénévole.
Cependant afin que tout le monde puisse s’y retrouver, que ce soit les personnes souhaitant venir voir ma maison et échanger sur leur projet et moi d’un point de vue disponibilité et financier, je teste cet été des journées de rencontre payantes organisée via l’association Milléfolium dont je fais partie. Il y en a 3 d’organisées : le samedi 20 juillet, le dimanche 4 Août et le dimanche 1 Septembre.
Toutes les informations ici :
https://www.helloasso.com/associations/millefolium/boutiques/ateliers-ete-2024-eco-construction
Merci de votre compréhension.