Cinq ans déja. Cinq ans de voyage autour du monde à la recherche de quelque chose. À la recherche de quoi d’ailleurs ? Je ne saurais pas exactement le décrire. À la recherche de moi-même, de réponse, d’une autre vie, de découverte, d’aventure, de simplicité. À la recherche d’une vérité. Quand je suis partie en Novembre 2015 pour un voyage que je ne pensais qu’être que d’un an au Japon, je fuyais l’avenir et les problèmes personnels. Cinq ans et sept pays plus tard, l’inquiétude quand à l’avenir et les habitudes et comportements qui m’obscurcissaient la vue sont toujours là. Mais je ne les vois plus de la même façon. Le voyage par son imprédictibilité, par sa difficulté, par son enchaînement logique m’a enseigné à prendre les choses comme elles viennent et à privilégier la simplicité. Ou en tout cas je l’espère. Très souvent mes petits démons m’entourent encore de leur étreinte asphyxiante mais je m’essaye de plus en plus à les repousser gentillement.
Après le Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la France, en 2019, j’ai eu trente ans. La trentaine. L’année fatidique. Le passage vers le monde adulte. Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire être adulte mais j’ai senti sans le vouloir qu’il était temps de faire face aux conséquences. Mais il me fallait un esprit clarifié. S’éloigner de ce bruit de fond permanent qui variait en intensité en fonction de mes expériences mais dont la présence permanente drainait mon énergie. Alors je suis partie pour une confrontation. Pour un voyage physique. Pour un retour aux sources. J’ai marché cinq semaines à travers l’Écosse et j’ai traversé l’Islande à pied et à vélo. La grande majorité du voyage, je l’ai faite la tête dans les nuages, obscurcit par les doutes et les angoisses. Cela a été beaucoup plus dur que ce que je le pensais. Mon corps a souffert, mon esprit s’est emballé et je me suis maudite quotidiennement de m’être lancée dans cette épreuve. Mais en dessous de tout ce bruit de fond, il y avait une certitude. La certitude d’avoir fait le bon choix. La certitude d’approcher de la vérité. Certains moments, certains instants fugaces m’apparaissaient comme des lumières dans la nuit. En contemplant cette infinité de paysages incroyables, en poussant mon corps à sa limite, en acceptant la gifle de la pluie et du vent, en accueillant la solitude, je me sentais libérée, pacifiée. Et la voie à suivre m’apparaissait claire, simple, évidente.
Il est difficile de changer. Changer de comportement, d’habitude, de façon de voir la vie. Malgré ces instants d’évidence et de vérité qui semblaient me dire que je me trouvais sur la voie du changement, je ne peux m’empêcher de retomber dans mes travers très rapidement. Un pas en avant, deux pas en arrière. Mais la clarté, l’assurance que j’ai ressenti lors de ces moments fugaces avait une telle puissance que je cherche de plus en plus à l’acquérir de façon permanente. La route est longue et remplie d’embûches, comme dirait l’autre, mais c’est la seule à suivre.
Ces derniers mois me sont apparus comme une conclusion. Un accomplissement. La fin de cinq années de semi-nomadisme. Une conclusion à un tour du monde imprévu. Je ne suis pas prête à abandonner le voyage, loin de là. Mais en écoutant ma vérité intérieure lors de ces instants de calme, je me suis rendue compte que j’avais envie de m’arrêter. D’arrêter de fuir et faire face à l’avenir. Plonger dans le futur. C’est peut-être cela devenir adulte. Savoir quand s’arrêter et l’accepter. Aujourd’hui j’ai envie de poser mes valises quelque part. Pour un temps. Et d’accepter de se lancer dans un projet de vie concret. Accepter les leçons de mon voyage, accepter les connexions évidentes et suivre les signes. Mettre en commun mes passions, compétences, qualités afin de me créer l’avenir que je désire. Et me lancer dans un nouveau chapitre.
Chevaux islandais, rustiques et adaptés au climat rude de l’île.