Petit potager en palettes

Low tech · Équipement de jardinage

L’alimentation est une problématique majeure aujourd’hui dans un monde gangréné par la malbouffe et les aliments ultra-transformés. Se réapproprier son alimentation fait partie de la démarche vers une transition pour une vie plus saine, plus simple et plus résiliente. J’ai donc décidé en emménageant dans ma location dans le petit village de Mane pour mon année de formation au Gabion de mettre en place un petit potager.

Mettre en place un potager signifie avoir accès à la terre. Dans la location où je suis il y a un escalier de secours en acier avec deux balcons intégrés donnant sur un minuscule jardin ne m’appartenant pas. Je me suis tournée vers la construction de bacs de culture. L’approche low tech et recyclage m’a orienté vers l’utilisation de palettes pour concevoir mes bacs. En fonction de mes besoins, j’ai décidé de concevoir trois bacs de 35xm de large x 120cm de long par 35cm de profondeur en utilisant des planches de palettes démontées. J’ai également conçu un petit bac de 35x45x35cm. Et j’ai utilisée trois palettes posées verticalement pour planter des plants à petites racines.

Construire en palette est une très bonne idée au vu du nombre disponible un peu partout. Il faut cependant faire attention lors du choix. Les palettes non consignées (« perdues » et « cimentières ») sont destinées au transport de marchandises localement. Elles sont très solides, avec des joints en gros blocs de bois et souvent sans inscriptions. Elles ne sont pas traitées. Les palettes consignées, destinées au transport à l’étranger possèdent des joints en blocs de fibres de bois. Elles sont notées d’un logo. Il ne faut prendre que les palettes inscrites du logo EUR EPAL (palettes européennes) avec le sigle HT (heat treatment). Cela signifie que le bois a subit un traitement thermique non polluant pour le renforcer. 

Pour planter directement dans les palettes, je les ai simplement mises à la verticale. La profondeur d’un « creux » de palette fait à peine 10cm et j’ai donc décidé de rajouter pour chaque étage une bande de bois pour permettre des bacs d’une profondeur d’environ 15cm-20cm. Pour concevoir les bacs, il m’a fallu démonter les palettes. Cela s’est avéré relativement compliqué car les palettes que j’avais récupéré (à majorité des palettes non consignée très solides) étaient très difficiles à défaire. Pied de biche, marteau et beaucoup de temps furent nécessaires pour enlever les gros joints en blocs de bois et les clous. À l’aide de ma scie japonaise, j’ai scié les planches à la longueur désirée. J’ai également appris à concevoir des bacs en utilisant la structure intégrale de la palette plutôt qu’en la démontant. Une fois les structures des bacs prêtes, je les ai assemblé à l’aide d’une visseuse et de vis. 

J’ai ensuite tapissé le fond de mes bacs et palettes d’un film géotextile permettant de retenir la terre et de laisser s’écouler l’eau. Une couche de billes d’argile et de balles de riz a été mise dans les fonds pour faciliter le drainage. J’ai ensuite été récupérer de la terre végétale, des feuilles mortes, du sable, de l’herbe coupée et des orties en forêt et acheté du terreau pour constituer la terre pour mes plantes. Les plants ont été acheté à Bioflore Provence, la pépinière bio de Forcalquier, juste à coté de Mane. Pour les semis j’ai acheté à majorité des graines bio à la pépinière, à Gamm Vert et à Botanic. Je regrette un peu de ne pas voir acheté des semis d’un producteur local mais j’ai été prise par le temps. Une fois plants et semis plantés, j’ai tout recouvert d’un paillage en chanvre afin de conserver l’humidité.

Dans les quatre bacs, permettant une profondeur un peu plus importante de terre, j’ai planté des fleurs (bourrache, souci, capucine), aromates et médicinales (menthe, verveine citronnée, persil) et légumes (concombres, tomates, pois, haricots, carottes, navets, betteraves). Dans les palettes j’ai planté des fraises, des radis et du mesclun (cresson, roquette, pourpier, tétragone).

Entre la construction des bacs et palettes, la récupération des différentes couches (terre, terreau, feuilles, etc), l’achat des plants et semis et la plantation, il m’a fallu presque trois semaines. Cela m’a pris beaucoup plus de temps que je pensais. Sur la fin, un peu pressée par le temps (déja début mai lors de la plantation), j’ai renoncé à certaines envies, ce que je regrette un peu. La conception des bacs et palettes a été faite un peu à la va-vite, la solution du géotextile (matériau synthétique) m’interroge et le choix d’acheter plutôt que de récupérer et recycler (paillage, plants, semis, terreau) à fait flamber mon portefeuille.

Je suis cependant très contente d’avoir installé ce potager. J’aurais aimé le faire d’une façon encore plus écologique et low tech. C’est une première étape vers la mise en place d’une alimentation plus saine. J’envisage de le faire évoluer dans le futur vers quelque chose d’encore meilleur. À court terme, la prochaine étape, sera l’installation d’oyas-maison (pots en terre cuite remplis d’eau, plantés au milieu des plants et permettant une diffusion optimale de l’eau) puis d’hôtels à insectes (coccinelles, abeilles solitaires) pour accueillir la biodiversité.

 

Temps de travail : Cinq jours pour les bacs
Coût : 150€, mélange de récup et d’achats
Matériaux : Palettes en bois, géotextile
Taille : L. 120 x l. 35 x h.35 cm pour les bacs

Les pistes d’amélioration :

  • Améliorer tout le système constructif
  • Trouver une alternative au geotextile
  • Concevoir avec plus de matériaux de récup