Rénovation d’une ruine

Éco-construction · Chantier participatif

Deuxième chantier participatif. Un mois dans les Hautes-Alpes sur la rénovation d’une vieille ruine. La ruine est une vieille bicoque en pierres à flanc de montagne posée là depuis bien longtemps. Elle fut un temps une maison forestière, puis un repère de chasseurs. Son toit s’est effondré il y a une cinquantaine d’années et les intempéries ont grignoté les murs. Un rez-de-chaussée et deux étages se dessinent. Après une douzaine d’années à travailler sur des chantiers et à apprendre par lui-même, Gilles, l’artisan a décidé de promouvoir l’éco-construction, la rénovation écologique et l’utilisation de matériaux naturels à plus grande échelle et s’est lancé dans un projet de création d’un centre de formation. L’obtention de subventions européennes lui a permis de lancer le projet et d’acheter la masure en désuétude à la commune du petit village de Rabou. L’idée est d’utiliser plusieurs techniques de rénovation et construction écologiques pour reconstruire la maison et de faire appel principalement à la force des bras plutôt qu’aux engins industriels. Le chantier va durer un an pour ramener à la vie et embellir la ruine tombée dans l’oubli.

La première semaine nous travaillons principalement sur la finition des pignons. Deux œils de boeuf ont été percés dans le mur. En partant du haut du mur, les pierres ont été enlevées une à une et le mortier balayé. C’est impressionnant de voir la vitesse à laquelle le mur se déconstruit. Traditionnellement un mur seul n’est pas très solide. Il peut s’effriter très rapidement. C’est la cohésion entre les murs, les enduits, la charpente, les planchers qui crée la solidité. Une fois le coffrage de l’oeil de boeuf intégré dans le mur, celui-ci est remonté. Pierres et mortier (chaux-sable) s’assemblent à la main pour reconstruire le mur.

Une fois le bois livré (du Douglas issu de forêts françaises gérées de façon durable), nous attaquons la charpente. L’Automne est fini et l’Hiver est arrivé et avec lui la neige. D’un jour à l’autre les lieux se couvrent d’une bonne pellicule de blanc mais cela n’arrête pas les travaux. Jules veut monter le toit avant le gros de l’hiver. Charpente, isolation et pare-pluie sont les impératifs à mettre en place. Monter la panne faîtière tout en haut du toit à la main est une sacrée épreuve. S’ensuit la mise en place du plancher du deuxième étage afin de pouvoir marcher dessus et mettre en place la charpente. Les solives viennent se fixer à des poutres porteuses (elles fixées aux murs) grâce à des étriers métalliques. Des entretoises sont ajoutées entre les solives pour assurer le maintien d’un écart fixe et voila, la base du plancher est montée. Des planches d’OSB sont rapidement fixées dessus et nous reprenons le montage de la charpente à l’abri du vide.

La charpente conçue par Gilles est une charpente particulière. Elle ne comporte pas de pannes intermédiaires qui aident généralement à supporter les chevrons ni de fermes sur les cotés. L’idée de Gilles, due aux contraintes de la rénovation est de n’avoir que la panne faîtière au sommet, de gros chevrons prenant appui dessus et fixés en bas sur la panne sablière, un poinçon (poutre verticale venant en support) au milieu et deux grosses poutres croisées collées aux murs de cotés et venant en support. Les chevrons sont taillés et fixés un à un. L’emplacement des velux délimités et les supports mis en place. Pour finir, de fausses dépassées de toit sont fixées sur les bords de la charpente.

La quatrième semaine nous attaquons l’isolation en paille du toit. Un bardage en Douglas déclassé est fixé coté intérieur et nous insérons entre les chevrons des bottes de paille. Les bottes rentrent à coup de masse dans leur emplacement et le moindre petit espace est rempli de paille. Un pare-pluie vient recouvrir tout ça.

En février 2021, nous reprenons l’isolation en paille du deuxième pan de la toiture, la pose du pare-pluie et le liteaunage. Nous attaquons ensuite la pose des tuiles mécaniques en terre cuite qui nous prend une semaine. Des erreurs dues au pureau compliquent un peu les choses nous forçant à défaire et refaire certaines parties des tuiles. Pour finir mon séjour je nettoie de vieilles tuiles faites à la main issues du précédent toit qui sont ensuite utilisées au niveau du faitage.

Entreprise : Matières Vivantes
Lieu : Rabou, Hautes-Alpes
Date : Novembre 2020 et février 2021
Matériaux : Bois, tuiles, pierres, bottes de paille

Tâches effectuées :

  • Maçonnage
  • Découpe de bois
  • Solivage du plancher de l’étage
  • Charpente
  • Isolation en botte de paille
  • Couverture en tuiles mécaniques