Ce dernier vendredi du mois de Novembre, on pars randonner ensemble sur les crêtes du Saint Pancrace. Marcher ensemble une dernière fois à travers un paysage connu désormais. Tous ensemble avec Antoine et François G. On a célébré plusieurs fois au cours de la semaine. On s’est remis nos diplômes de compagnonnages fait-maison. On a commandé des cadeaux (louchets, sécateurs, greffoirs, etc, on est resté dans la thématique de l’année). On a mangé plein de bons petits plats. On s’est réchauffé au coin du feu. On a aussi traversé des moments de fatigue, de galères à la pépinière. La pluie et la neige ont fortement impacté notre travail, ralentissant le déracinage des plants pour la vente des racines nues. Mais malgré les tensions, les moments de doute, les questionnements sur la suite, les liens se renforcent. On fait le tour du petit synclinal du Saint Pancrace par les crêtes. 360°C de paysage. La beauté des montagnes enneigées au loin, le synclinal de Saou, les plateaux du Vercors, les vallées de la Sye et de la Gervanne. Nos regards ont changé depuis le début de l’année. On regarde les lieux avec une vision, un ressenti, un affect différent. Ce lieu, ces lieux on les connaît. C’est notre « chez-nous ». C’est là où nous avons vécu. C’est là que nous nous sommes attachés. Ce sentiment affectif associé à une compréhension de la lecture des écosystèmes, c’est peut-être un des plus beaux enseignements de l’année. Comment réapprendre à se relier à son milieu de vie. Ne plus être un·e consommateur·ice ou un·e étranger·ère. Mais un·e être vivant·e au sein d’un espace vivant avec lequel on tisse des relations. Et dont on se sent concerné. 

On redescend par le Dodécadôme, au dessus des Alvéoles pour aller danser et faire notre cercle de clôture. Un voyage dansé mené par Antoine, qui nous ramène aux tout premiers jours de Février. Les corps se laissent aller. Nous déposons des offrandes envers les quatre points cardinaux symbolisant nos changements, nos volontés. A l’intérieur de moi, une part de moi est triste de voir la Tribu s’en aller. Et une part de moi est si heureuse de continuer aux Alvéoles, avec François G., Antoine et Guillaume. Nous redescendons tranquillement à la pépinière, légers, en joie, à fleur de peau. Nos corps se câlinent pour un dernier au-revoir et notre petit groupe s’envole à travers l’espace pour polliniser l’avenir.