Mois d’Octobre.
Passage de la vitalité estivale à un rythme plus lent et intérieur. Récoltes abondantes, transformations, festival de couleurs, cycle de la Vie.
Mois d’Octobre.
Passage de la vitalité estivale à un rythme plus lent et intérieur. Récoltes abondantes, transformations, festival de couleurs, cycle de la Vie.
> Claire
> Claire
Je retrouve François vers 9h du matin sur le parking de la boulangerie à Mirabel. On covoiture jusqu’à Saillans pour retrouver Noémie qui nous attend chez elle pour une visite-conseil sur l’aménagement de son jardin. Je suis là en observatrice, je viens pour regarder François travailler. Voir comment lui, il aborde la visite-conseil avec son regard de sylvanier-pépiniériste. Il se balade avec Noémie dans son jardin, fait un test-bêche pour observer le sol, recense les espèces présentes et utilise le Kit Caragana pour designer en direct des guildes autour des arbres déjà plantés. Il utilise les cartes pour associer les strates et les positionner dans l’espace. C’est génial comme façon de travailler, ça rend tout très visuel. Je suis impressionnée par sa connaissance des plantes. Je le savais déjà (François est capable de te sortir le nom latin de presque toutes les plantes qu’on lui demande) mais de le voir dans un autre contexte que la pépinière renforce mon admiration. Je ressors super enrichie de cette visite hyper concrète.
> Claire
Visite-conseil avec Antoine sur le terrain de Chloé à Montoison accompagné de Guillaume, Stephen et moi. Chloé a acheté en Janvier 2025, une parcelle de 5000m2 constituée d’une prairie avec un petit verger. Elle a pour but d’en faire un lieu de transmission et de vulgarisation autour de la permaculture, de l’autonomie alimentaire et du lien au vivant. On se balade sur le lieu afin de s’imprégner de l’atmosphère et de sa sensibilité. Elle nous montre ses plans et réflexions. Le coeur de son projet consiste à construire une grande serre en structure dôme géodésique servant d’espace multi-activités (serre, accueil du public, ateliers, etc). Antoine l’oriente dans ses choix, validant ou invalidant certaines décisions. La discussion est libre mais je sais qu’Antoine suit la trame de la méthodologie de Design et le processus de diagnostic initial afin d’arriver à quelque chose de cohérent. C’est intéressant de le voir travailler sur une session de visite-conseil qui n’a pas forcément pour but de mener à un accompagnement au design global. Juste quelques heures de visite pour donner l’essentiel. Pour finir on discute palette végétale en cohérence avec les essences présentes et prochains petits pas (plantations de l’automne et phasage des terrassements).
> Claire
> Photos par Esmée
> Claire
Depuis lundi c’est la tension dans notre groupe de compagnonnage. Des incompréhensions, des changements non annoncés clairement, de la fatigue, des non-dits, des doutes sont venus bousculer nos relations. Depuis cet été et mon implication dans l’écosystème Alvéoles et notamment la coordination du compagnonnage, ma posture, ma vision et mon rapport à la pépinière ici ont changé. Je ne suis plus simplement compagnonne mais déjà en train de réfléchir à la coordination du compagnonnage de 2026, à réfléchir au modèle économique de la pépinière, à travailler sur la structuration de l’Asso, à bosser à fond, probablement trop à fond. Tout cela m’éloigne un peu de notre petit groupe, ce qui crée des tensions. Et certains des choix que j’ai fait sur l’organisation du planning de Septembre et Octobre ont été fait en privilégiant les besoins de la pépinière et non en co-décision avec le groupe. Encore une fois les besoins urgents, matériels avant le soin du vivre-ensemble. Le groupe me crie son incompréhension, son abandon et je me sens rejetée, exposée nue, en plein doute sur ma capacité à coordonner et profondément déçue de moi-même. Je n’arrive plus à parler, j’ai peur de mes paroles, j’ai peur de prendre trop de place, j’ai peur des autres. Mes petits pompiers intérieurs essayent de colmater la blessure qui se crée en reproduisant de vieux schémas (silence et fuite) que je pensais en partie guéris, mais en fait non. C’est con, il aurait suffit d’une annonce claire début Septembre sur les modifications ayant eu lieu durant l’été et peut-être que tout cela ne serait pas arrivé. J’ai même du mal à parler avec François et Antoine. Mais ce vendredi, Antoine convoque un cercle de soin afin de crever l’abcès. J’écoute le groupe et j’ouvre la bouche enfin. Je pleure tout ce que j’ai sur le coeur. Et nous respirons enfin. C’est bête à quel point les mots ont un pouvoir destructeur ou réparateur. Le groupe est tout fragile, l’émotion est palpable. On parle du besoin de s’offrir soin, de prendre le temps pour cela. De ne pas avoir peur des conflits et d’avoir des espaces pour en parler. Et puis des câlins. Du besoin de contact physique pour guérir et désamorcer les tensions. Corps à corps pour se comprendre, au delà des mots de leur interprétation. Alors on finit par un gros câlin toustes ensemble pour panser une partie de nos plaies.
« On a pas besoin d’être exact. On a juste besoin d’être ensemble »
> Jean-Claude Catry
> Tentaculoutre
Des premières contractions ont surgi. Des convulsions aussi.
L’une des tentacules est devenue + proéminente en tant que membre reproducteur au sein de la matrice pouponnière.
Un autre dont l’ADN maturait depuis plus longtemps dans le chaudron s’inscrit un peu plus au sein de la matrice génitale.
Mais surtout la métamorphie de l’organisme animal a muté, migré, vers une forme vivante partiellement rhizomatique.
J’étais curieux de voir comment huit ADN animaux mis en gestation dans une matrice végétale allait s’hybrider.
Comme un scientifique fou qui s’intègre à son Frankenstein.
Pour ne pas uniquement voir. Pour être part de l’expérience. L’exister de tous mes sens.
L’exciter peut-être ?
Les premières échographies laissent envisager un organisme plutôt rhizomatique qui tâtonnent du contact avec des réseaux mycéliens déjà formés, et essaimer par paires de nodules.
> Tentaculoutre
> Photo par Esmée
> Claire
Nettoyage de l’ombrière avec François pour finir les préparatifs de la journée portes ouvertes qui arrivent. Le reste du groupe est en train de s’occuper du jardin-forêt pour une session de soin. Les tensions de la semaine dernière ont disparues et notre petite tribu semble renforcée tout en étant fragile. J’ai l’impression qu’on fait plus attention les un·es aux autres. Je suis contente de la dynamique retrouvée. Session de travail avec Constance pour parler du projet Erasmus+ de 2026 suivi d’une visio avec le groupe Rencontres Permacoles mené par Théo, un des stagiaires de la promo 2 de la formation Conseiller·ères en Design de Permaculture. Je suis super enthousiaste à l’idée de faire partie de ce projet : organiser des rencontres plusieurs fois par an dans différents lieux en Permaculture un peu partout en France. C’est l’occasion d’aller visiter plein de lieux inspirants et de faire du réseau ! J’ai très envie d’intégrer les Rencontres dans le programme du compagnonnage 2026. La journée se finit par une session de danse libre à Aouste-sur-Sye dans une jolie salle en hauteur qui s’appelle « Le paradis ». J’y vais avec Stephen, Antoine, sa fille et sa nièce et on danse tout ce qu’on peut pendant deux heures au rythme de la musique. Ça me fait un bien fou, je sens mon corps qui lâche tout plein de choses accumulées. La dernière fois que j’ai dansé comme ça c’était en Juillet, il y a bien trop longtemps !
> Claire
Ce samedi c’était la journée Portes-Ouvertes à la pépinière. Vente de plants en plots, visites guidées, cookies à grignoter et un temps d’Automne magnifique. François au conseil de plantes, Guillaume aux visites, Alvina et moi à la caisse et Orla à la présentation de l’association. Orla, notre nouvelle co-présidente de l’Asso des Alvéoles, en pleine restructuration. Elle est en formation Conseiller·ères en Design de Permaculture comme moi. Et elle nous a ramené de délicieux cookies et muffins faits-maison. La journée est tranquille, au soleil et dans une ambiance joyeuse. Je sens l’évolution avec la journée portes-ouvertes du mois d’Avril. On est moins stressés, plus rodés et plus compétents. Ça fait plaisir à voir. Entre les afflux de personnes, François me montre un dossier de design de plantation pour une cliente qu’il vient de finir (très intéressant et qui me fait prendre encore plus conscience que j’ai tant à apprendre niveau connaissance des plantes) et on discute stratégie avec Orla et Alvina pour monter un évènement festif l’année prochaine avec vente de plants, buvette, stands, animations et mini concert. Au total une soixantaine de personnes sont passées et on a mangé la moitié des biscuits à nous tout seuls.
« Le savoir sensible fait appel aux savoirs sensoriels, expérientiels, mémoriels, culturels. C’est l’idée que chacun·e est spécialiste de ses propres vécus »
> Christine Delory Momberger
> Photos par Esmée
> Claire
> Claire
Dernière ligne droite pour le dossier de Design du projet de l’Aub’ascule que l’on accompagne en groupe depuis le début de la formation Conseiller·ères en Design. Julien, Claire-Marie, Guillaume, Nicolas et moi essayons de finir les rendus attendus : propositions de designs, plans de plantation, coupes, illustrations, plans de terrassement, chiffrage. Chacun·e derrière notre ordi, à des kilomètres de distance. Dur de bosser en visio je trouve. J’ai du mal à garder la vision d’ensemble et la dynamique. Je préfère nettement bosser ensemble sur des sessions de design courtes directement sur le lieu du projet. Être dans un lien corporel avec le lieu et le groupe. Travailler sur l’ordi, ça me plaît de moins en moins. Je fais mes dessins à la main, me rendant compte de tout ce qu’il me manque en terme de connaissances pour me sentir à l’aise dans la posture de conseillère-designeure.
On passe deux heures avec François à faire une visio avec un gars de Mycorhize, logiciel de gestion pour pépinière, pour découvrir le logiciel et lui poser plein de questions. Actuellement on utilise Odoo, logiciel générique de gestion, usine à gaz pas du tout fonctionnel ni ergonomique et on a décidé qu’il était tant de changer. Mycorhize a l’air prometteur. On discute compagnonnage aussi. J’aime travailler avec François, on se comprend facilement. Antoine nous rejoins dans l’après-midi et on discute, dans une ambiance rigolarde, des candidatures pour le compagnonnage 2026. Il n’y en a que 5, il en manque 3 pour faire 8 avec moi. Il reste trois semaines jusqu’à la deadline, espérons que d’autres arrivent.
> Claire
Quatre jours de session Design chez Catherine à Piégon. Drôme limite Vaucluse, on a déjà quitté les alternatives pour se retrouver dans les vignes sous perfusion et l’ambiance rurale de droite. Ça reste quand même joli. Et la petite enclave de Catherine est pleine de charme. 4500m2 avec une vieille bâtisse en pierres rénovée à l’ancienne et un verger diversifié qui pousse librement. Catherine, 78 ans, artiste, qui vit entre Paris et la Drôme veut faire pousser une forêt-jardin comestible sur son lieu. Ramener les gens dans la nature, partager les récoltes, faire des échanges avec l’école Montessori du coin. On est sensé faire un pré-design. François P., Aurélie et moi, tous les trois compagnon·nes aux Alvéoles. On est déjà venu en Juin pour une visite d’une journée afin de cerner le projet. Cette fois on est sensé être là pour recueillir des données, cartographier le terrain, faire un chiffrage pour des dossiers de subventions. Mais Catherine parle de plein de choses. Beaucoup d’idées, beaucoup d’envies. Bien plus que le seul jardin-forêt comestible. On discute en passant de tables en tables entre le salon, la cuisine, l’extérieur. Après deux jours à essayer de détricoter les envies mélangées de Catherine, ce qu’elle a compris de nos rôles et de notre mandat de travail et de passer du temps à expliquer que notre travail mérite rémunération et qu’il faut trouver du financement car le projet n’a pas d’argent, Catherine est tendue et nous fatigués.
Début du troisième jour, il y a de l’orage dans l’air. Au propre comme au figuré. Le ciel est tout gris, il va pleuvoir. Du coup, pause, on repart de la base. Catherine s’y connaît bien en plantes et a lu de nombreux livres sur la forêt-jardin. Ce qui nous a induit en erreur, en pensant qu’elle savait ce qu’était la Permaculture et les bases du design. On a été trop vite, on a pas pris le temps, avant, de vérifier que c’était bien le cas. Et ça n’est pas le cas. Catherine se sent perdue, elle a besoin de comprendre. Du coup on passe du temps à expliquer l’éthique de la Permaculture, la notion de Design en Permaculture et nos postures en tant que conseiller·ères-designeur·es-sylvanier·ères. Pendant que la pluie se déverse à l’extérieur on passe en revue, on va chercher au plus profond, les besoins de Catherine. On s’appuie tout les trois sur les forces de chacun·e pour comprendre le projet réel. Catherine veut un design sur l’hydrologie, de l’aide sur l’ajout de strates dans son verger et implanter une nouvelle haie, des conseils sur comment régénérer son sol, qui contacter pour des subventions et comment monter un projet d’habitat partagé dans sa maison. Et un design sur les interactions à mettre en place entre l’habitat partagé et le verger transformé en jardin-forêt comestible. Le projet est bien plus gros que les discussions au départ. C’est à la fois un design végétal, un design humain et un design social. Complexe, multi-factoriel mais plus global. Au quatrième jour le soleil est revenu. Éclatant. Alors on va se balader sur la petite colline au dessus, on parle politique, on rigole. On synthétise les discussions, on planifie et on estime notre temps de travail. Au final on aura fait complètement autre chose que ce que l’on avait prévu. On a fait quatre jours de clarification de la vision. Quatre jours de facilitation humaine. Quatre jours de pédagogie. Quatre jours de création de liens. Intense, riche en enseignements et fatiguant. Catherine nous remercie des échanges et de tout ce que cela a fait bouger en elle. On ressort toustes grandis de l’expérience. Plein de choses sont à améliorer sur notre processus de travail en groupe et sur la structuration de nos journées pour avancer efficacement, mais j’ai l’impression d’avoir toucher du doigt un début de réalité de ce qu’est le travail de conseillère-designeure.
> Claire
> Photos par Claire et Ilyès
> Claire
Le chant de la Lavande
Depuis le haut de la crête je regarde le ciel en train d’exploser en un feu d’artifice de couleurs. Les nuages passent en sens contraire. Une immense nappe nuageuse très haut en altitude défile tout doucement vers le sud. Alors que des petits nuages allant du noir sombre au gris clair traversent le ciel à tout allure en remontant vers le nord. C’est exactement ce que je ressens à l’intérieur de mon corps. Une tension contraire, un mélange de calme et d’excitation, des envies qui bouillonnent, une sensation d’immensité. Les couleurs jouent dans le ciel. C’est Samhain, ce soir. La jonction entre l’été et l’hiver, le moment où les mondes se mélangent. Je regarde les visages d’Elsie, Aurélie et Ilyès. Ils sont baignés de douceur rose, de la lumière du soleil qui s’éteint. Nous sommes sur les hauteurs de Beaurières, dans le haut-Diois. Quatre jours de rencontre sensible. Quatre jours à quatre pour continuer d’expérimenter notre rapport au Vivant, développer notre connexion sensible, honorer ce moment si particulier.
Suite au Voyage au Coeur du Vivant avec Antoine en Juin, j’ai eu envie de continuer de pratiquer. J’ai lancé un appel à organiser une Rencontre à l’Automne et Ilyès, Aurélie et Elsie ont répondu présents. Nous voilà donc au Phare Enchanteur à 900m d’altitude, pour co-construire une proposition d’immersion, un temps suspendu. Entre balades autour de notre refuge, pratiques les yeux fermés, méditations, qi-gong, célébrations au Vivant, écoute du chant des plantes et cuisine ensemble, le temps s’allonge. Je me sens fatiguée. Le changement de rythme (de la frénésie au presque immobilisme) me casse en deux. Finalement à ce moment précis, encore plus que chercher la connexion avec le Vivant autour, je cherche la connexion avec l’intérieur de moi-même. Je me sens en train de me rouler en boule, en train de me recroqueviller en recherche d’un cocon intérieur. Les discussions autour du feu me nourrissent, les sourires sur les visages des autres m’apaisent, les moments de balade à travers la Montagne me régénèrent. Les jours défilent, semblables et différents. Le temps de l’introspection. Le temps de l’Automne et des couleurs flamboyantes. Le dernier jour, chacun·e partage son ressenti, avec une envie commune de vouloir poursuivre l’aventure ! On évoque différentes façons de se retrouver, au Printemps et à l’Automne. Au moment des changements de cycles, pour ressentir ensemble l’explosion de la vie et la descente de sève. Un rendez-vous régulier.
La traversée des Mondes
> Tentaculoutre
Je ne suis pas émable,
l’air me va mieux que l’aime,
Je vole au vent
comme une hélice.
> Tentaculoutre
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