Apprentissages en pays tranquille. Treize mois, de Mai 2016 à Juin 2017 en Australie et Nouvelle-Zélande.

Randonner au pied de Mont Cook

Découverte du superbe Parc National Aoraki / Mont Cook et ascension à 1800m pour atteindre Mueller Hut.
5 mars 2017
Aoraki / Mont Cook National Park sur l'Île du Sud, Nouvelle-Zélande © Claire Blumenfeld
CARNET

Je passe quatre jours au pied de Mont Cook à me reposer et visiter le parc national. Les lieux sont magnifiques. Une grande vallée plate s’enfonce dans la chaine de montagne. Plusieurs grands glaciers entourent les massifs et de gros blocs de glace dérivent sur des petits lacs aux eaux laiteuses. Je fais plusieurs courtes randonnées et prépare une plus longue mais la chance me fait défaut. Je pensais aller passer la nuit au sein du refuge Mueller Hut à 1800 mètres d’altitude mais le refuge est plein. Le coin est très touristique. Le bivouac semble être la seule option mais les conditions météorologiques ne sont pas avantageuses la nuit choisie et mon plan tombe à l’eau. Grandement déçue, mais ne souhaitant pas mettre de coté l’une des plus balades du parc, je me résous à faire la randonnée sur la journée. L’ascension jusqu’à la hutte ne prenant que trois heures environ, il est parfaitement possible de faire la montée et descente sur une journée.

Je quitte donc le camping de Glentanner en faisant du stop pour rejoindre Mont Cook village. Une dame d’origine Allemande me prend dans son campervan. Elle aussi a décidé de faire la randonnée pour atteindre Mueller Hut. Elle me dépose au parking et m’invite à commencer avant elle. Il faut qu’elle s’équipe. J’attaque la montée et fait un petit détour pour aller voir Kea Point. Le point d’observation permet une jolie vue sur le mur de moraines du glacier Mueller. Le mur est impressionnant. L’impact du réchauffement climatique est évident. Le glacier a énormément rétréci au fil des ans. Dans le fond j’aperçois le glacier et le lac Hooker. Lui aussi a pas mal rétréci. L’eau des lacs est d’un bleu/blanc laiteux impressionnant. Le chemin continue via le Sealy Track, une ascension de 2200 marches pour atteindre le Sealy Tarn, un petit lac à environ 600m d’altitude. Les escaliers montent abruptement en suivant l’arrête de la montagne. Dieu que c’est dur ! Monter des marches irrégulières qui n’en finissent pas sous un soleil de plomb, c’est douloureux. Surtout pour mes genoux un peu abimés par mes derniers jours en vélo. Par contre, le paysage est splendide. Les différentes vallées se dévoilent peu à peu et je prends conscience de la beauté de l’endroit.

J’arrive au Sealy Tarn, un tout petit point d’eau où je fais une petite pause avant de continuer sur le Mueller Track. Le sentier se fait moins marqué et grimpe à travers la montagne. Le sol passe de touffe d’herbes à de gros cailloux et éboulis. Le paysage est presque lunaire. En face, le glacier Murchison laisse entendre des craquements à qui veut bien tendre l’oreille. La neige craque sous l’effet de la chaleur. Plusieurs boums se font entendre régulièrement. De petites avalanches se produisent. J’en repèrent plusieurs. De loin, leur taille parait toute petite mais le bruit associé à l’écho est impressionnant. À chaque fois que la montagne tonne, je réalise sa puissance et de sa dangerosité. Une fois sur la crête, le sentier longe celle-ci jusqu’à un petit cirque surplombé du Mont Olliver où la hutte apparait toute de rouge vêtue. Le refuge me plaît instantanément. Son architecture combinée à sa couleur rendent la construction très esthétique et s’intègre parfaitement avec le paysage autour. La Mueller Hut que je contemple est la cinquième construction à porter ce nom. Les quatre précédentes ont été détruites par les intempéries ou des terrains instables. Le sol des montagnes dans la région est principalement fait de rochers constitués de sables, boue et limons soudés entre eux par la pression et la chaleur puis pliés et fracturés par l’activité géologique intense qui agite la région. De ce fait, trouver un emplacement durable pour un refuge est assez difficile. La dernière version de la hutte date de 2003.

Le coin est vraiment beau. Je fais le tour du cirque et aperçois plusieurs emplacements pour des tentes. Des gens ont enlevé les grosses pierres du sol afin de le rendre plat et ont construit des petites murailles autour des emplacements pour se protéger du vent ! Quelle déception, j’aurais très bien pu camper au final. Mais c’est trop tard, je n’ai pas pris ma tente avec moi. Un peu déçue, j’essaye néanmoins d’apprécier mon temps ici tant que j’y suis. Je passe trois bonne heures à me reposer et apprécier le paysage. Puis vers 16h je redescends. La descente jusqu’au Sealy Tarn est assez lente, la pente étant raide. Le soleil descend doucement dans le ciel, rendant la luminosité plus chaleureuse. Je redescends les 2200 escaliers sans me presser appréciant la magnificence du paysage. De retour au parking, je fais de nouveau du stop pour rentrer au camping. Un couple d’Anglais me prennent avec eux dans leur gigantesque camping-car. Ma déception de ne pas avoir pu camper sur les sommets est toujours présente. Les anglais me déposent au camping et je passe une soirée tranquille à regarder les étoiles. Le lendemain, je me réveille sous des rafales de vent particulièrement fortes. Les prévisions météorologiques avaient raison. Cela me console un peu de mon bivouac avorté. À presque 2000 mètres dans les cailloux j’aurais probablement eu très froid.

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