Entre traditions et modernité. Voyage au Japon de Novembre 2015 à Avril 2016.

Impressions de Tokyo

Pérégrinations dans les différents arrondissements de la métropole de Tokyo.
15 novembre 2015
Asakusa à Tokyo, Honshu, Japon © Claire Blumenfeld
CARNET

Un visa PVT en poche et quelques bases de japonais apprises ces derniers mois et je m’envole début Novembre 2015 pour un an de voyage dans un pays qui m’attire depuis ma jeunesse. Après onze heures trente de vol me voila enfin arrivée au Japon. Les huit heures de décalage horaire se font ressentir. J’atteris à Tokyo, la mégapole capitale du pays du Soleil-Levant où j’ai prévu de rester une semaine à arpenter les différents quartiers de la ville. À la sortie de l’aéroport, le choc des cultures m’attends. Trains bondés, visages masqués, immeubles gigantesques, réseaux de fils à chaque coin de rue, mélange de vieux et de moderne. J’ai un peu de mal à rejoindre l’hôtel et arrive exténuée sous une pluie fine sous le regard un peu surpris de quelques passants. Malgré le temps maussade, je passe mes cinq jours à explorer Tokyo et ses quartiers historiques et populaires du Nord-Est de la capitale. L’hôtel où je loge est très simple avec de toutes petites chambres faites de tatamis. Il n’y a pas grand monde. Malgré mes heures d’apprentissage, j’ai quelques difficultés à parler japonais. L’ensemble m’a laissé une impression étrange. Entre familiarité, originalité et solitude.

Taitô

Taitô fait partie des vingt-trois arrondissements constituant la mégapole de Tokyo et contient les quartiers de Ueno, Asakusa et Akihabara. Mon hôtel se situe à la limite nord-est de l’arrondissement, dans une zone tranquille en grande partie résidentielle. Les habitations sont réparties en blocs de bâtiments s’organisant autour de grandes artères où se situent les commerces. À l’intérieur des blocs, les rues sont plus petites, tranquilles et il fait bon s’y promener à vélo. J’ai passé une après-midi entière à me balader dans les rues, juste pour découvrir le quartier. Je suis tombée sur plusieurs petits temples, perdus au milieu des habitations. Les rues ne possédant pas d’adresses, je m’orientais un peu au hasard.

Yanaka

Yanaka est un des quartiers les plus anciens de Tokyo. Le quartier a survécu de façon quasi miraculeuse aux multiples catastrophes qui ont frappé Tokyo au cours des siècles (le grand incendie qui a consumé Tokyo (alors Edo) en 1657, le tremblement de terre du Kanto qui a détruit une grande partie de la ville en 1923, les bombardements américains lors de la seconde guerre mondiale). Situé dans la Shitamachi (« ville du bas » signifiant quartier populaire autrefois habité par les ouvriers, marchands et artisans, en opposition à Yamanote, « ville haute », quartier huppé, rassemblant autrefois les résidences de l’élite féodale), Yanaka, avec les quartiers de Nezu et de Sendagi forment la zone Yanesen, remplie de temples et sanctuaires.

La première fois que j’ai visité le quartier, il pleuvait à verse et il commençait à faire nuit. Il faut dire que la nuit tombe à 16h  en ce moment au Japon ! En déambulant parmi les rues, le cimetière et les temples, j’ai ressenti une étrange sensation. Un mélange de calme, d’ancienneté, de mysticisme. Mais également un peu de mélancolie d’une époque révolue que je ne connais qu’à travers les représentations animées ou filmées et dont je contemple aujourd’hui les derniers témoignages.

Ueno

Ueno est un quartier principalement composé d’un grand parc comprenant le zoo de Tokyo, plusieurs temples et sanctuaires et de nombreux musées dont le fameux Musée national de Tokyo. Plus au sud se trouve le quartier commerçant d’Ameyayokochô. Le parc d’Ueno m’a paru bien plus petit que ce que je m’imaginais. Et un peu tristounet malgré l’animation. Il faut dire qu’il faisait gris et que le parc est réputé pour ses cerisiers en fleurs (en Mars, Avril), pas vraiment la saison en ce moment. Une partie de l’étang Shinobazu est couvert de nénuphars géants un peu fanés.  À la tombée de la nuit, j’ai déambulé dans l’allée commerçante d’Ameyayokochô. Située sous une voie ferrée, le lieu est un assemblage hétéroclite de petites échoppes vendant de tout. Un esprit que l’on retrouve dans l’étymologie du nom puisque « ameyayokockô » pourrait venir du fait qu’il s’agissait autrefois d’un espace dédié à la vente de sucreries (ameya signifie « magasin de sucreries ») ou bien de ame de « America », le lieu ayant été converti suite à la seconde guerre mondiale en marché noir de produits américains. Les enseignes lumineuses et l’effervescence conféraient au lieu une ambiance colorée qui contrastait avec celle du parc.

En fin de semaine le temps s’améliore un petit peu. Je rencontre également Michiko, une japonaise vivant à Chiba, une ville située à environ deux heures de Tokyo. Cela faisait quelques semaines que je correspondais avec Michiko via internet. Merci à Laurent de m’avoir mis en contact avec elle ! On s’est rencontré Jeudi matin pour une journée de découverte shopping, culture et temples. Michiko parle français depuis plusieurs années. Elle est très gentille et m’a beaucoup aidé, notamment pour répondre à mes questions d’ordre pratique : trouver une carte prépayée pour mon téléphone, acheter une carte Suica pour le métro (carte rechargeable qui permet d’éviter de prendre un ticket de métro à chaque fois), répondre aux interrogations sur ma Resident Card japonaise, aider à traduire mes emails en japonais…

Harajuku

Premier quartier visité avec Michiko, jeudi matin, Harajuku fait partie de l’arrondissement de Shibuya et est situé dans la partie Est de Tokyo. C’est le temple de la mode et du luxe pour la jeunesse tokyoïte. On peux y voir des jeunes en cosplay. Il est principalement connu pour sa rue piétonne Takeshita-dori (“avenue sous les bambous”), dans laquelle on trouve pleins de petits magasins de créateurs et des stands de nourriture. Très connu également, la fameuse allée Omotesando, surnommée “les Champs-Élysées de Tokyo”, sur laquelle on y trouve les plus grands magasins de marques : Louis Vuitton, Christian Dior, Prada… Harajuku possède également le parc Yoyogi au sein duquel se situe le très connu sanctuaire Meiji.

Avec Michiko, nous avons visité Takeshita-dori et Omotesando. Apparemment les rues grouillent de monde le week-end. Ce qui n’était pas le cas lorsque nous y sommes passées. Le repas de midi s’est fait au Kawaii Monster Cafe, un café sur le thème des monstres kawaii (“mignon” en japonais), comme son nom l’indique et qui a ouvert en Août dernier. Explosion de couleurs garantie ! Nous avons mangé des pâtes multicolores accompagnées de cinq sauces différentes (ketchup, crème, fromage, pesto, et une sauce bleue impossible à déterminer). Pas vraiment naturel tout cela…

Le lendemain je retrouve de nouveau Michiko et nous allons aller visiter le sanctuaire Meiji et le parc Yoyogi.

Asakusa

Situé non loin d’Ueno, Asakusa est un quartier populaire très vivant et touristique puisqu’il abrite le temple bouddhiste Sensô-ji dédié à la déesse bodhisattva Kannon. C’est l’un des plus vieux temple de Tokyo. L’entrée se fait par la porte Kaminarimon (“porte du tonnerre”) entourée du dieu du vent Fujin à droite et du dieu du tonnerre Raijin à gauche. Une énorme lanterne rouge pend au centre. Forcément tout le monde se prend en photo devant la porte et sous la lanterne. Passé la porte on se retrouve sur Nakamise-dori, une allée commerçante qui mène au temple et composée d’échoppes datant pour la plupart de l’ère d’Edo (1600-1868). On y vend des souvenirs, des spécialités locales, du véritable artisanat japonais… Michiko me fait gouter mes premiers Dango. Ce sont des boulettes faites à base de mochi (pâte de riz gluant et d’eau) que l’on mange généralement en brochette de trois/quatre dango. Il existe plusieurs types de dango. Michiko me fait gouter les mitarashi dango, recouverts d’un sirop fait avec du shoyu (sauce soja), du sucre et de l’amidon. Je dois dire que la première bouchée est étrange. Drôle de texture, sans beaucoup de goût et qui colle aux dents. Mais je persévère et il s’avère que cela n’est pas mauvais après tout ! 

Le trajet se termine par le passage sous la porte Hôzômon (“porte de la salle aux trésors”). La pagode aux cinq étages construite à l’origine en 942 et le temple Sensô-ji se dressent alors devant nous. L’architecture est très belle et le rouge est omniprésent. La taille des bâtiments rend l’ensemble très imposant. Michiko m’initie à l’Omikuji, l’art divinatoire japonais. En échange d’une donation de 100 Yen (moins d’un euro), on brasse une boîte hexagonale remplie de bâtonnets de bambou, jusqu’à ce qu’une baguette tombe par un petit trou et sur laquelle est marqué un numéro qui correspond à un oracle. On cherche alors dans le tiroir correspondant, la prédiction. Je suis tombée sur le numéro 29, qui m’annoncé la bonne fortune. Pour résumé, tous mes problèmes vont bientôt disparaitre, je n’aurai pas de maladies et mes espoirs et désirs vont se réaliser. La chance ! Si la divination est mauvaise, il faut nouer le papier à la branche d’un arbre ou sur un étalage conçu exprès, près d’un lieu saint. Cela permettra aux esprits divins de l’exorciser. Un bruleur à encens trône devant l’entrée du temple. Il est pour coutume de venir “s’asperger” de fumée (faire venir la fumée vers soi avec ses mains), afin de se purifier.

Le temple Sensô-ji abrite une statue en or de la déesse Kannon, mais celle-ci est camouflée dans une partie inconnue du temple et donc inaccessible au public. L’intérieur du temple est bien protégé, avec des revêtements dorés et une foule de pèlerins venus faire leur prière. Le plafond abrite plusieurs peintures massives dont une représentation d’un dragon. Aux alentours du temple Sensô-ji, se trouve le sanctuaire shinto d’Asakusa. Construit en 1649, il est représentatif de l’ère d’Edo. Moins impressionnant que le Sensô-ji, il reste néanmoins très agréable. Surtout qu’en allant fureter à l’arrière du temple, on peux y voir de superbes peintures et revêtements dorés ainsi qu’un tout petit temple dédié à la déesse Inari, à forme de renard. De l’autre coté du temple Sensô-ji, se trouve un petit jardin avec un ensemble de petits pavillons et l’Hanayashiki Amusement Park. Il s’agit du plus ancien parc d’attractions au Japon, en plein Tokyo. Les montagnes russes datent de 1953 ! Très peu pour moi ! Le contraste entre les attractions et le temple à deux pas est particulièrement représentatif de l’esprit de Tokyo, je trouve. Un mélange de vieux et de moderne, de bric et de broc et d’ultra technologique. 

Je m’éloigne du temple pour aller faire un tour dans les petites allées commerçantes environnantes. L’ensemble possède une atmosphère de bric et de broc attachante. Je finis ma visite par l’allée commerçante Kappabashi Dogugai qui a pour mascotte le Kappa : monstre du folklore japonais relativement inoffensif à l’apparence de tortue anthropomorphe avec le sommet du crâne creux et rempli d’eau. On y vend des ustensiles de cuisine et de la vaisselle de cuisine japonaise. C’est là que l’on vient acheter les fameux plats en plastiques qui sont exposés dans les vitrines des restaurants japonais.

Pour finir notre balade avec Michiko, nous allons voir la Tokyo Sky Tree. Construite de 2008 à 2011, il s’agit d’une tour de radiodiffusion située dans le quartier Sumida, tout proche d’Asakusa et mesurant 634 mètres de haut. C’est la deuxième plus haute structure du monde. On dirait un vaisseau alien posé au milieu de la ville. Il est possible de monter dedans pour avoir une vue panoranique sur Tokyo, mais l’entrée est payante (chère) et c’est bourré de touristes. À la place Michiko et moi allons faire un tour dans le gigantesque centre commercial construit à ses pieds et nous assistons à l’ouverture des illuminations de Noël.

Copyright content.