Apprentissages en pays tranquille. Treize mois, de Mai 2016 à Juin 2017 en Australie et Nouvelle-Zélande.

Un mois d’avril mi-figue mi-raisin

De retour sur l’île du Nord, je fais face à quelques difficultés, visite les environs de Wellington et affronte le mauvais temps sur le Taranaki.
10 mai 2017
Castlepoint sur Île du Nord, Nouvelle-Zélande © Claire Blumenfeld
CARNET

De retour à Wellington, je passe quelques jours en compagnie de Niels (et sa femme), que j’ai rencontré lors de mon travail à Te Anau, plusieurs mois plus tôt. Ils habitent à Plimmerton, une banlieue chic de Wellington, à une trentaine de minutes en train du centre. Ils ont gentille ment accepté de m’héberger gratuitement durant mon passage. Le but principal de mon passage à Wellington est de prendre rendez-vous avec un docteur spécialiste du nez afin de régler l’infection des sinus que je traîne avec moi depuis plusieurs mois. J’ai le nez très souvent bouché et la pression me cause de fortes migraines. Cela traine depuis mon arrivée en Nouvelle-Zélande et me cause pas mal de soucis. D’une simple infection, il semble que cela se soit transformé en infection chronique. Il ne me reste plus que trois mois dans le pays avant l’expiration de mon visa et il faut donc je règle ce problème qui pourrait potentiellement m’empêcher de prendre l’avion pour repartir.

Je prends donc rendez-vous avec un médecin privé. Seul moyen en Nouvelle-Zélande de voir un ORL sans attendre des mois et des mois. Mais le seul rendez-vous disponible que me propose la secrétaire est le 18 Avril, trois semaines plus tard ! Je n’avais pas prévu de rester aussi longtemps à Wellington et cela chamboule mes plans pour la suite de mon voyage. En effet je pensais passer une dizaine de jours dans la région de Wellington puis filer rejoindre la région de Bay of Plenty afin de travailler pendant deux mois dans une kiwi packhouse, un entrepôt où les kiwis sont préparés pour la vente. L’idée était d’économiser pour la prochaine destination, à savoir, le tour de l’Asie à vélo. Mes plans tombent à l’eau et je me sens un peu déboussolée. Je passe donc plusieurs jours de plus chez Niels et sa femme à jardiner et nettoyer la maison. C’est l’occasion aussi de se balader dans Wellington et d’écouter Niels chanter et jouer de la guitare. 

J’explore également la région à vélo en partant pendant plusieurs jours faire un tour du coté du Cap Palliser et des Putangirua Pinnacles. C’est là que fut tourné les scènes du “Chemin des morts” dans le troisième film du Seigneur des Anneaux. Je prends le train afin d’éviter la sortie de Wellington à vélo et rejoins la campagne. La route est relativement facile mais arrivée aux environs du grand lac Wairarapa, je ne peux pas continuer. La route et les champs alentours sont recouverts d’eau. La forte pluie des jours précédents a provoqué une petite inondation dans la plaine. Je regarde un gros 4×4 s’enfoncer à presque un mètre dans l’eau et me résous à faire demi-tour. Après plusieurs kilomètres en sens inverse, je récupère la grande route et continue jusqu’à Martinborough où je décide de camper pour la nuit. Un groupe de kiwis très sympathiques s’installent à coté de moi et je fais la connaissance de Marie et Niel. Eux aussi sont amateurs de voyage en vélo. Ils m’offrent des pizzas faites maison et nous partageons une soirée pleine d’anecdotes.

Le lendemain je continue sur une autre petite route, non inondée et rejoins la minuscule bourgade de Lake Ferry en bord de mer. Le cap Palliser est encore à une quarantaine de kilomètres. Le vent a forci et la progression sur la piste est laborieuse. Des Otaries à fourrure prennent le soleil sur le bord de la route. Elles ont l’air si tranquilles. J’arrive en fin d’après-midi au cap, un peu exténuée. Le phare est encore entourée de touristes qui viennent photographier le lieu ou s’adonner à des selfies. Le cap est la pointe la plus au sud de l’île du Nord. Il fait un temps magnifique mais le fort vent refroidi l’atmosphère. Je retourne sur mes pas, pour retourner au petit camping du DOC que j’ai passé à l’aller. Il se trouve à l’entrée du sentier pour aller visiter les Putangirua Pinnacles. J’y arrive en début de soirée ayant à peine le temps d’installer ma tente avant l’arrivée de la nuit.

Le lendemain, je laisse mes affaires au bivouac et suit le petit sentier qui zigzague dans une petite vallée caillouteuse. Un lit de rivière à sec coule au milieu. Les pinnacles apparaissent au milieu de la végétation. Je suis le chemin menant à un point d’observation. Les formations rocheuses sont dues à un phénomène d’érosion constant depuis des millénaires conduisant à la formation d’étranges piliers de terre. L’atmosphère est assez étrange au milieu des roches mais j’ai un peu de mal à me retrouver au sein du « Chemin des morts ». Une grande randonnée permet de faire le tour des formations en marchant notamment dans le lit de la rivière coulant au pied des piliers mais je n’ai pas le temps de la faire. Il faut que je rentre à Wellington et le chemin du retour promet d’être long. Je quitte les lieux un peu déçue de ne pouvoir y séjourner plus longtemps. 

Plusieurs jours plus tard, je visite, cette fois-ci en faisant du stop, Castlepoint, une magnifique petite “station balnéaire” abritant un phare et une falaise impressionnante du nom de Castle Rock. Le coin est superbe mais très petit. J’y débarque en milieu de matinée et y passe l’après-midi à randonner sur le bord de mer. Sans voiture mes moyens sont limités et je suis obligée de rentrer en début de soirée. 

Profitant de ma dernière semaine libre avant mon rendez-vous médical, je me rends en bus à Taranaki, le volcan isolé situé juste à coté de New Plymouth, où j’ai déjà passé quelques jours, neuf mois auparavant. Lors de mon précédent séjour j’avais à peine aperçu la montagne, perdue dans les nuages. Cette fois-ci, j’espère pouvoir réussir à la contempler. Je me lance pour une randonnée de trois jours autour du volcan mais une véritable tempête s’abat sur la Nouvelle-Zélande pile au même moment ! Des litres d’eau se déversent sur le pays. Impossible de marcher dans ces conditions. Je passe donc trois jours dans un refuge-auberge situé à coté du centre d’information à 900 mètres d’altitude, à l’entrée du parc national, regardant la pluie s’abattre par rafales torrentielles. Une petite éclaircie semble être annoncée pour le quatrième jour et je me lance dans la randonnée. C’est probablement ma seule chance.

Je passe la journée dans la forêt sous les gouttes un peu plus éparses et atteins les alpages en milieu d’après-midi. Le temps s’est couvert de nouveau et les lieux sont remplis de brouillard. je ne vois rien à deux mètres de moi. Un passage un peu abrupte à la merci du vent fort me fait paniquer. Il pleut de nouveau très fortement et mon sac est en train de prendre l’eau. Je continue néanmoins, de mauvais souvenirs de ma randonnée difficile autour du lac Monowai, trois mois plus tôt, me revenant à l’esprit. Heureusement le refuge, Pouakai Hut, apparait soudainement dans la brume. J’y suis déjà venu lors de ma précédente visite et les conditions étaient aussi mauvaise. Décidément, je n’ai pas de chance. J’ai à peine le temps de poser mon sac qu’un jeune home aussi mouillé que moi débarque au refuge. Janis est un jeune homme d’une trentaine d’années venant de Lettonie. Lui aussi a eu l’idée folle de venir se balader sur le Taranaki par un temps atroce. Il est très sympathique et nous sympathisons rapidement. Sa présence me distrait un peu du froid mordant et de l’odeur de chien mouillé imprégnant la baraque. Il fait du thé et du feu et la chaleur m’apaise. Le lendemain, le brouillard est toujours là mais la pluie s’est un peu calmée. Alors, Janis et moi décidons de continuer la randonnée ensemble. Nous mettons le cap sur le second refuge, Holly Hut et passons la journée dans la flotte, la boue et sans rien voir du paysage. Janis est un bon randonneur et sportif et partage mes idées sur le monde et le voyage. Heureusement qu’il est là. Sans lui, ma balade aurait été bien morne.

Le refuge est presque plein ce soir et l’ambiance est un peu bruyante. Janis cuisine un plat quatre étoiles sur son minuscule réchaud de voyage et m’apprend plein d’astuces concernant la cuisine en randonnée. Le lendemain, nous continuons dans les plaines détrempées à flanc du volcan sans jamais voir son sommet. Janis continue le long du sentier faisant le tour complet du volcan. Encore deux jours de randonnée pour lui. Nous nous quittons sur une bonne poignée de main. Je m’en retourne au centre d’information me demandant si je n’aurais pas mieux fait de continuer moi aussi. J’aurais aimé passer un peu plus de temps en sa compagnie mais c’est comme cela. Je n’ai pas prévu de nourriture pour cinq jours de randonnée. Les voyages sont faits de rencontres éphémères. Lorsque je quitte le Taranaki le lendemain, le beau temps est revenu ! J’aperçois le sommet du volcan couvert de neige, avec des airs de Mont Fuji. Décidément le temps joue avec moi. Au moins, je me console en me disant que Janis pourra en profiter, lui.

De retour à Wellington, je me rends à mon rendez-vous médical tant attendu. À peine quinze minutes de consultation et me voilà avec une prescription sensée régler mes problèmes. Et plus de deux cent dollars en moins. J’ai du mal à croire à l’efficacité du traitement. On verra bien. Me voila donc prête à rejoindre Bay of Plenty et attaquer enfin le travail. Mais je décide de faire un détour par le parc national du Tongariro afin d’aller y faire ma dernière grande randonnée en Nouvelle-Zélande. 

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