Entre traditions et modernité. Voyage au Japon de Novembre 2015 à Avril 2016.

Créatures marines, mésaventure et Tajimi

Dernières visites sur Okinawa et retour sur Honshû pour m’établir à Tajimi.
7 février 2016
Aquarium Churaumi d’Okinawa, Ryukyu, Japon © Claire Blumenfeld
CARNET

Jeudi 28 Janvier je quitte Kiyuna Farm de bonne heure pour aller visiter l’Aquarium Churaumi d’Okinawa, situé sur la péninsule de Motobu au nord-ouest de la ville de Nago. Se trouvant au sein de l’Ocean Expo Park, l’aquarium abrite le plus grand bassin au monde de 7500m3, présentant les espèces (dont des requins-baleines et des raies mantas géantes) présentes dans les eaux d’Okinawa. Celles-ci sont particulièrement prolifiques dû aux bienfaits qu’apporte le “Kuroshio” (“courant noir”), second plus grand courant marin au monde après le Gulf Stream. C’est le Kuroshio, courant chaud, qui permet l’existence des récifs coralliens qui entourent les îles Ryûkyû.

Au départ je n’avais pas prévu d’aller le visiter mais Kristin (la jeune allemande que j’ai rencontré sur l’île d’Aka) m’a convaincu d’aller y faire un tour. Mieux vaut s’y rendre le matin pour éviter les hordes de touristes arrivant vers midi. Il est quand même 10h quand j’arrive, le temps que je fasse le trajet en bus Ôgimi-Aquarium et le parc est déjà rempli de touristes. Heureusement il est encore possible de se déplacer relativement facilement au sein de l’Aquarium. Je déambule au sein des différents bassins (mer de corail, mer des poissons tropicaux, le monde des coraux, voyage dans le récif de corail) les yeux éblouis par tant de couleur et d’étrangetés…

Le plus grand bassin de l’Aquarium : La mer du Kuroshio est un immense réservoir d’eau rempli de poissons, de raies de tailles différentes et de requins dont trois requins-baleines ! Parfaitement inoffensifs pour l’homme et se nourrissant de planton, ils peuvent atteindre 20 mètres de long. Je reste un long moment à observer le ballet des requins et poissons impressionnée et hypnotisée par la majestuosité des animaux. Mais un sentiment de tristesse m’emplit doucement en regardant la horde de touristes se prendre en photo devant les animaux majestueux indifférents à la condition des animaux qu’ils photographient. Ceux-ci tournent en rond indéfiniment prisonniers de leur cage de verre. Bien que j’apprécie énormément de pouvoir les observer, leur place n’est pas ici. 

Une fois sortie de l’Aquarium, je fais un tour du parc. J’assiste à deux spectacles de dauphins et d’orques intéressants mais qui m’attriste de nouveau (pauvres animaux au service de l’entertainment humain), passe voir les lamantins (sacrées bestioles, toutes mignonnes en train d’avaler des carottes) et finis ma balade sur la plage Emerald, superbe petite étendue de sable blanc. Quelques pêcheurs pêchent avec masque et tuba et un groupe de lycéennes s’amusent sur la plage. Je me sens un peu étrange, partagée entre l’émerveillement à la vue des animaux et triste quant à leur condition de vie en cage. 

La fin de la journée sera difficile puisqu’à court complet d’argent liquide (toutes les transactions se font en liquide au Japon, ils n’utilisent quasiment pas la carte bancaire pour payer), je passe plus de deux heures à Nago avec mes deux sacs sur le dos, cherchant la poste (seul endroit disposant d’un distributeur capable de gérer les cartes bancaires étrangères) sans la trouver. Je m’affole un peu, puisque sans argent je ne sais pas comment je vais prendre le bus pour rejoindre mon hôtel ce soir (encore à une heure de route de Nago), ni comment payer l’hôtel, ni comment manger les jours prochains… bref c’est la joie. Finalement je finis par tomber dessus, complètement trempée (le temps étant très chaud et humide) et fatiguée. Mais mes problèmes ne s’arrêtent pas là, puisque j’arrive à prendre le dernier bus partant dans la direction de mon auberge (celle-ci se trouvant au bord de la route reliant Nago à Naha), mais je m’endors dans le bus et rate mon arrêt. Quand le chauffeur s’aperçoit que je ne suis pas descendu à l’arrêt que je lui avais indiqué, on est déjà (selon les estimations du chauffeur) cinq arrêts de bus plus loin. Il est 20h40, il fait nuit noire et je commence de nouveau à m’inquiéter quant au check-in à l’auberge (généralement les horaires pour le check-in sont 15h-21h). Je repars donc à pied dans l’autre sens. Personne sur la route, quelques lampadaires à droite et à gauche… et je n’ai qu’un plan pas très détaillé. Quarante minutes plus tard, j’arrive à l’endroit où je pense que se situe mon auberge mais rien. Grosse panique, je m’aventure dans divers endroits mais aucun signe de mon hébergement. Un gros moment de dépression s’abat sur moi. Je vais être obliger de dormir dehors. Je repars dans l’autre sens priant de toutes mes forces pour tomber sur quelqu’un et miracle, un groupe de cinq okinawaens sont être train de discuter dans une petite baraque au bord de la route. Quelques difficultés de langage plus tard, ils me disent que oui, ils savent où se trouve mon auberge, ils vont m’y conduire en voiture ! La mère et le fils m’invitent à monter dans leur voiture. Un peu gênée de les importuner je m’excuse mais ils me rassurent tout sourire que cela ne les dérange pas. Il faut bien dix minutes de voiture pour rejoindre mon auberge ! Toute seule je n’aurais jamais trouvé. Le chauffeur de bus s’était planté dans ses estimations et je ne me situais pas du tout au bon endroit sur mon plan. Pendant le trajet je discute avec mes sauveurs, très sympathiques et intéressés par mon voyage. La gentillesse dont ils font preuve me remonte instantanément le moral et je les remercie chaleureusement lorsqu’ils me déposent devant mon auberge. La propriétaire m’accepte sans problème (malgré qu’il soit 22h passées) et c’est avec un immense soulagement que je m’écroule sur mon lit.

Le lendemain, mes kilomètres avec sacs sur le dos de la veille se font sentir et j’ai mal partout. Je passe une journée tranquille à me reposer à l’auberge et à faire un petit tour dans les environs. Pas grand chose à faire de toute façon, l’auberge étant cernée d’un coté par la grande route et de l’autre par la mer. Une jolie plage de sable blanc se trouve à quelques pas de l’auberge. J’y prends mon petit-déjeuner. Samedi 30 Janvier je quitte l’auberge de bonne heure pour attraper le bus qui me dépose à l’aéroport de Naha vers 13h. Mon voyage sur l’archipel Ryûkyû touche à sa fin, je prends l’avion à 15h30 pour retourner sur le sol japonais. Je dépose mon sac, passe les procédures de sécurité et patiente en attendant le départ.

Ma prochaine étape de mon voyage se situe dans la ville de Tajimi. Située au centre de Honshû (la plus grande île du japon), dans la région Chûbu et dans la préfecture de Gifu, la ville est renommée pour son argile. La préfecture de Gifu est d’ailleurs connue pour être le centre de la création de céramiques au Japon. De nombreuses entreprises artisanales ou industrielles se trouvent dans la région. Dont l’usine TYK située dans la ville de Tajimi où je vais travailler les deux prochains mois. Et oui, le voyage mime de rien ça coûte un peu d’argent et il me faut alimenter mon compte en banque pour continuer la suite de mon périple. TYK est une usine créant des réfractaires et des céramiques techniques. Les réfractaires sont des matériaux capables de résister à de très hautes chaleurs, notamment utilisés dans la sidérurgie. Je ne vous le cache pas, c’est mon papa qui travaille à Arcelor-Mittal (le plus grand producteur d’acier au monde), à l’usine de Fos-sur-Mer (Bouches du Rhône) qui ayant des contacts avec TYK qui m’a trouvé le job. Au final, c’est plus un “stage” que je fais qu’un véritable travail. Ce qui est logique étant donné que je n’ai aucune expérience dans le domaine.

Je fais un tour dans les boutiques de souvenirs et de spécialités de l’aéroport pour acheter un petit cadeau à offrir au gens de TYK. Mon choix se porte sur des petits beignets faits à base de Kokutou (un sirop fabriqué à partir de de canne à sucre). L’emballage est très joli.

Quelques heures de vol plus tard me voila arrivée à Nagoya, une des plus grosses villes du pays, située dans la région Chûbu. Là, je retrouve Mr. Susuki,  un de mes contacts à l’usine qui m’emmène en voiture à Tajimi. En chemin nous passons aux abords de la ville de Toyota abritant la fameuse usine d’automobiles. Une heure trente de route plus tard, nous voila arrivé. C’est le début de la région montagneuse du centre du japon, il fait un froid de canard. Le choc est rude comparé à la température agréable d’Okinawa, il y a à peine quelques heures plus tôt. Mr. Susuki m’emmène au dortoir de TYK où un petit studio a été préparé rien que pour moi. Alléluia, j’ai ma propre salle de bain. Rencontre avec le couple de petits vieux très sympathiques mais ne parlant pas un mot d’anglais qui gèrent le dortoir. Puis Mr. Susuki me propose d’aller manger ensemble, ce que j’accepte volontiers. Mr. Susuki est très gentil et particulièrement impressionné par mon voyage au Japon. Il m’apprend que je vais travailler dans le Centre de Recherche & Développement et que le fait que je n’ai aucune connaissances dans le secteur ne pose pas de problème.

Je passe un dimanche tranquille à me reposer avant d’attaquer le boulot. Me voila donc partie pour deux mois de travail en usine, au centre du Japon. J’espère pouvoir sympathiser avec des japonais/es et m’intégrer un peu plus dans la culture. Je vais également profiter de mes week-ends pour aller visiter la région.

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